31.4

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Hellooo ! Nous sommes dimanche, ça veut dire 2 épisodes !

(ça va, vous arrivez à suivre, ou je vous noie avec mes chapitres ? xD)

Je vous mets aussi deux illustrations que j'ai faites (en commentaire) :D

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– Tourbiers, Bûches, Taupes, vous tous, mes frères – car les Ours sont tous frères… Voulez-vous entrer à votre tour dans la Maison ?

– OUI ! mugit la foule.

– Voulez-vous connaître la douceur de la soie, le luxe de ces jardins qui nous sont interdits ?

– OUI !

Au fond de la grotte brûlaient les yeux de Sperar et ses trois fils, qui hochaient la tête à chacun de mes mots comme pour marquer le rythme d’un hymne imaginaire. L’admiration luisait dans le regard doux de Muto ; mais son frère Raffe s’était rapproché de Paz, qui avait posé une main paternelle sur son épaule. Je détestais l’influence que Paz avait sur ce garçon. Il le rendait aussi mauvais que lui.

– Voulez-vous prendre la place des Renardes ? grondai-je. Voulez-vous les chasser et prendre enfin votre destin en main ?

– On veut surtout les tringler, ces garces ! intervint une voix dans la foule. D’abord les sauter, ensuite les buter !

Une voix grave et enrouée, qui portait loin et ne laissait pas de doutes sur l’Ours qui venait de parler. Paz. Son cri porta la folie des autres à son paroxysme et une vague de vivats et de quolibets s’éleva sous le plafond de terre.

– Toutes des salopes !

– On va les fourrer jusqu’à l’os !

– Elles vont r’gretter leur baraque quand elles s’ront dehors !

Une image floue s'imposa devant mes yeux. Celle de Picta. Je la chassai aussitôt. Je ne devais pas. Je ne devais pas penser à elle.

– Mort aux Renardes ! Mort aux Renardes ! scanda Paz, dont les yeux brillaient intensément.

La voix de Roc rejoignit la sienne, puis celle de Raffe, puis des dizaines d’autres. Bientôt, les trois quarts de la salle déversaient leur bile. Je fusillai Raffe des yeux, mais le gosse m’ignora. Près de lui, Sperar et ses deux autres fils m’adressaient des gestes nerveux. « Relance ! » articula mon frère. « Continue ! Ils sont chauds ! »

Mais je ne pouvais pas passer là-dessus. À mes neveux, j’avais toujours appris à haïr la Maison, jamais à injurier les Dames. À nos alliés, j’avais toujours parlé de renverser la Maison, jamais de tuer les Dames.

La limite était ténue, bien sûr. Pour susciter les envies de révolte, j’avais trop joué dessus.

– Silence ! tonnai-je de toute mes forces.

Je coupai court aux protestations qui s’élevaient.

– Êtes-vous tous devenus fous ? martelai-je dans un grand geste. Ignorez-vous qui sont ces Renardes que vous insultez ?

Je devais faire attention. Il fallait que je sois assez fin pour rappeler aux furieux que les Dames étaient nos mères et nos sœurs, mais sans mettre la puce à l’oreille de tous les jeunes, que nous avions élevés dans l’idée du contraire.

Et sans faire retomber leur ardeur combative à tous.

– Les Ours ne peuvent pas vivre sans les Renardes ! rappelai-je d’un ton sévère en promenant mon regard sur la foule. Nos peuples sont liés. Ne pensez-vous pas que les Renardes se seraient déjà débarrassées de nous, si cela avait été possible ? Notre mort entraînerait la leur, l’inverse également !

Beaucoup de gars se calmèrent aussitôt. Raffe prit un air penaud ; près de lui, les yeux de Paz me promirent une longue et terrible agonie, mais je ne me laissai pas intimider – il connaissait ma morale, il connaissait mes idées. Jamais je ne le laisserais mener les nôtres au viol et au meurtre, il le savait.

– Notre cible, les haranguai-je, c’est la Maison ! Ça a toujours été la Maison, pas les Renardes ! Faites tomber la Maison et tout le système s’écroule. Entrez dans la Maison et vous ne serez plus jamais esclaves ! N’est-ce pas ce que vous désirez tous ? N'est-ce pas la liberté que vous souhaitez ?

L’enthousiasme revint dans les regards. Je ruisselais de sueur ; d’un geste, j’essuyai mon front poisseux.

– Voulez-vous connaître notre plan, mes frères ? Voulez-vous savoir comment renverser la Maison ?

Cette phrase fit aussitôt oublier la déconvenue précédente. Sous les hourras et les rugissements, je brandis haut ma lampe. Je tournai sur moi-même, toisant mes congénères, faisant danser des éclats jaunes dans leurs yeux, sur leurs pelages noirs.

Il était temps de les faire œuvrer ensemble. De détruire l’empire millénaire des Dames.

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