3

4 minutes de lecture

Caresses sur ses jambes, près de son intimité, remontant, frôlant sa toison. Son corps réagissait, appréciait. Le poids d’un autre corps chaud sur elle. Ses jambes furent écartées, le désir éveillé, agréable, tentateur.

Mon amour, tu es là. Viens, tu me manques tant !

En elle, cela titillait, cherchait. Cela revint, enfla, durcit, bougea. Son désir embrasa son ventre, s’enflamma au gré des mouvements en elle, se répandit dans le reste de son corps, provocant des gémissements de plaisir. Elle voulut y répondre plus activement, y participer.

Mais.

Impossible de faire le moindre geste. Ses bras, ses jambes, ses membres, gourds, paraissaient comme enchaînés, pris dans des rets invisibles. Elle ne se contrôlait plus, ne s’appartenait plus. Et ses vibrations résonnaient à travers ses muscles et ses os, jusque dans son cerveau.

Elle voulut associer un visage à ce corps la fourrageant. Seule une photo dans un cadre se présenta dans sa mémoire.

Mais… Mon aimé, tu es mort ! Qui alors ? Qu’est-ce qui se passe ?

La panique la dévora.

Un corps chaud, soyeux, pesant le poids d’un homme, de la taille d’un homme. De la fourrure à la place de la peau. Et pas des mains qui la maintenaient. Plus petit, plus moelleux. Des pattes !

Tu m’appartiens !

Glacée d’effroi, elle ouvrit les yeux, découvrit ces étranges pupilles dorées dans le noir. Plus grande ? Par quel maléfice !

Elle voulut hurler de terreur autant que d’horreur. Elle voulut se débattre pour s’éloigner, s’extraire de cette chose, cet être. Mais des pattes jaillirent des griffes qui percèrent profondément sa peau. De sous les pupilles apparurent des dents en un rictus ricanant. Puis il ne cessa de répéter ces mots. Ces mêmes mots qu’elle entendait clairement cette fois-ci. Des mots qui émanaient de cette gueule de bête à l’haleine de bête, d’une voix trop gutturale pour être humaine.

— Tu m’appartiens. Tu m’appartiens. Tu m’appartiens. Tu m’appartiens.

Non !

Elle eut honte du désir qui l’enflammait toujours, malgré sa peur. Elle voulut le refuser.

— Tu ne peux pas ! lui dit la bête, euphorique. C’est bien toi ! Tu m’appartiens !

Tout à coup, ce fut comme si cet organe entré en elle, violant sa chair, s’agrippait. Malgré la paralysie, son bassin sursauta en un réflexe douloureux. Elle cria son mal, mais il n’en avait pas fini. Une autre sensation s’ajouta, comme si un appendice sortait à l’extrémité de ce… ce sexe, réalisa-t-elle enfin, envahie par la nausée. Il pénétra plus profondément, poignard glaçant, blessant, ignominie qui provoqua une implosion mêlant jouissance et douleur, alors qu’un grognement de plaisir remplaça les mots inlassablement énoncés.

Lorsqu’il se dégagea, elle accompagna d’une longue plainte rauque les déchirures sanglantes induites par son passage.

La tête rejetée en arrière, peinant à retrouver son souffle entre la panique et la douleur, toujours déconnectée des contrôles de son corps, elle ferma les yeux, souhaitant la fin de ce cauchemar. Quelque chose de râpeux lécha ses larmes.

— Je te l’avais dit, tu m’appartiens !

Elle parvint à sombrer, se libérant de cette torture cauchemardesque.

Un poids de fourrure invariablement présent, mais uniquement sur son ventre. Il était toujours là, cet être inconnu, créature surnaturelle, démon ou quoi que ce soit d’autre.

— Non, laissez-moi…

Voix faible, mais il n’apprécia pas. Des griffes se plantèrent entre ses côtes et sur un de ses seins.

— Chut ! Je dois être sûr.

Il tiqua, gronda doucement un coup, mais de déplaisir.

— Par sécurité…

De nouveau ce corps la recouvrit, et il recommença ses assauts cruels, une chorale de dizaines de ronronnements se démultipliant en écho, paraissant des centaines, entêtants, hypnotiques, autant que ses yeux.

— Pourquoi moi ? Je ne suis que…

Que qui ? Hein ? Mon nom ! Qui suis-je !

Impossible de réfléchir.

— Sois honorée. Tu es la seule qui puisse m’aider à concevoir ma descendance, et tu es à point. Tu auras le plaisir de la porter. Et tu verras, quelle descendance ! Oh oui, tu m’appartiens !

Il l’utilisa donc, inlassablement, interminablement, jusqu’à être sûr d’avoir accompli son objectif. Il ne la lâcha pas, pesant sur elle, insistant, enragé, décidé, implacable. Le son d’une tempête au-dehors accompagnait le calvaire qu’il lui faisait subir, les ravages imposés dans son ventre. Un éclair, et le bruit du tonnerre couvrit le cri final sorti de sa gorge, libéré par la jouissance empoisonnée envahissant, noyant, souillant ses entrailles lors d’un ultime coup de poignard au plus profond de son être, qui trembla sous l’onde de choc. Ou était-ce la terre ? Et sa chair sembla la trahir une nouvelle fois, se retrouva tétanisée, paralysée, piégée entre souffrance et extase. Une bien étrange réaction qu’elle n’eut pas le temps d’analyser.

Elle ne se rappelait toujours pas de son nom.

— Entends comme la nature encourage et réclame sa venue, l’entendit-elle s’exclamer alors que l’orage à l’extérieur se déchaînait, assenant rafales de vent, flashs étincelants et coups de foudre assourdissants, déchirant l’air.

Son corps étiré par le supplice, son esprit ravagé, anéanti, souhaitant s’arracher à cette chair, tout un ensemble qui éveillait une rage, rage d’en finir, rage d’un vœu inespéré, que ce cauchemar cesse, que tout s’arrête.

Les félins encadrant cette ignominie agirent comme s’ils avaient entendu son souhait. Les vibrations redoublèrent brusquement d’intensité, engourdirent sa volonté. Et l’épuisement aidant, elle plongea dans le néant de l’inconscience.

Annotations

Vous aimez lire Bea Praiss ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0