7

2 minutes de lecture

Elle se retrouva marchant nue, se traînant plutôt, encore ensanglantée et perclus des douleurs de l’enfantement. Autour d’elle, des silhouettes informes. Des ombres ou des humains ?

Oui, c’était bien du bitume sous ses pieds. Et c’était bien des humains autour d’elle, passant leur chemin. Elle pensait se trouver sur un parking. Ce devait être celui du supermarché, sans être sûre de reconnaître les lieux, ses idées encore embrumées, confuses. En même temps, ils n’auraient pas pu passer par le bosquet, les troncs entassés pêle-mêle bloquaient désormais le passage.

Elle ne s’était pas assez reposée. Pour couronner le tout, le violent mal de tête brusquement surgit après la délivrance ne s’était pas vraiment calmé. Elle n’en pouvait plus, se prenant le contre-coup de plein fouet. Elle se laissa tomber à genou, appela à l’aide.

— Au secours, s’il vous plaît, aidez-moi...

Elle tendit ses mains vers les passants, personne ne réagit. Elle tenta de les agripper, rien n’y fit, elle n’y parvenait pas. Ils allaient trop vite ou ils la fuyaient.

Elle s'écroula, se coucha à même le sol, anéantie, appela plus fort, cria presque.

— Aidez-moi !

Ils l’ignorèrent, passèrent leur chemin, défilant imperturbablement en tout sens, comme si elle n’était pas là.

La rage à nouveau. Elle hurla d’une voix rauque, les dents serrées.

— Ces humains, je les hais !

Au même moment, elle perçut une onde de choc traverser le sol, puis la terre trembler, vibrer dangereusement. Cela ne calma pas sa rage face à son impuissance.

En fait, ils étaient là, tous les deux, la créature démoniaque et son laquais, à se gausser d'elle.

— Ils ne viendront pas t’aider, que crois-tu ? Ils ont autre chose à faire ! Lève-toi, il faut rentrer.

Elle les regarda, explosa, leur cracha sa haine, mais elle restait clouée sur le sol instable, littéralement anéantie de fatigue. Elle entendait des pleurs, tous petits, bien faibles, des vagissements plutôt.

— Il a faim, je crois. Apaise-le.

Il posa le petit corps nu qui gigota contre sa poitrine. Elle ne bougea pas d’un cil, exténuée, haletante, refusa toujours, ne le regarda pas, niant son existence. La créature aida l’enfant à trouver un téton. Et cela recommença. Sa petite bouche, puis cette pulsation qui tonna en elle en réaction, se répandit à travers elle. Une violente secousse les ébranla.

Un autre contact. Une petite main se posa sur sa peau, entre ses seins, chaude, des doigts délicats. Elle ne les voyait pas, mais étrangement, un bien-être émergea de ce simple touché, sa respiration et son cœur ralentirent, formant un rythme en harmonie avec la tétée. Magie ou maléfice, cela apaisa sa fureur. Et ce petit corps, elle le connaissait, non ? N’était-ce pas lui cette sphère de chaleur douce dans son ventre tout ce temps, seul pilier contre lequel elle avait pu se réfugier ?

L’enfant téta un peu, puis s’endormit tranquillement sur elle avant d’avoir fini. Elle sombrait elle aussi, sentit vaguement qu’on la soulevait. Le démon avait fini par se décider et à porter dans ses bras la mère portant l’enfant. Pas d’autre choix. Elle réalisa que l’enfant n’avait pas de poils comme son père, mais bien la même peau douce d’un humain.

Annotations

Vous aimez lire Bea Praiss ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0