Épilogue

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L’assassin n’a pas été retrouvé. Toute la citadelle est en émoi. Le duc est en pleurs. Son fils unique n’est plus. Il l’a découvert sur le sol de son bureau, poignardé par un lâche !

Des têtes vont tomber ! Et si parmi elles ne se trouve pas celle du meurtrier, alors plus de têtes tomberont encore !

Dans sa cuisine, une autre personne est en larme. La vieille Alba. Elle ne comprend pas. Comment le pourrait-elle ? Le monde de ses maîtres a toujours été trop étrange pour sa compréhension de petites gens.

Cependant une tâche l’attend, qu’elle décide d’accomplir malgré la promesse faite seize ans plus tôt. Car, désormais, plus rien ne la force à garder seule la charge de ces mots intimes, de ces mots dévastateurs qu’elle lui avait partagés après la naissance. Le besoin de les emporter dans sa propre tombe s’est envolé avec la mort prématurée du jeune maître.

D’un pas lent, fatiguée de tout, elle traîne sa carcasse usée dans les couloirs de la citadelle jusqu’aux appartements du Duc. Là, elle demande audience. Elle est reçue par un père atterré, abattu comme peuvent l’être les parents injustement esseulés. Faisant l’effort de s’agenouiller auprès de lui, elle ose déposer sur la jambe du malheureux le maigre réconfort de son antique main calleuse.

Puis elle lui parle. De sa bouche s’élèvent des mots doux qui, timidement, semblent trouver leur chemin vers le cœur du pauvre homme. Ensuite, avec difficulté, elle se redresse et approche ses lèvres rabougries de son oreille. À son creux, abritée du monde extérieur, elle souffle un secret, confié du vivant de la regrettée Duchesse. Un secret qui, jusque-là, avait eu vocation à faire vaciller la noble famille. Un secret qu’elle désire partager maintenant, portée par le sot et candide espoir qu’il relativisera la douleur de celui qu’elle ne sait pas être un imposteur. Ce dernier, inconscient du mal qui va lui être infligé, attache sa conscience faussement vacillante aux mots qui le pénètrent et, la vérité dévoilée, relève brusquement sur sa servante bienveillante un regard livide. Une brume non simulée le recouvre désormais, qu’il ponctue d’un unique râle de souffrance véritable :

— Non…

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