Acte 6 : Quand c'est l'heure du dududu... duel

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Le truc, c’est qu’en plus d’être laid, il est habillé comme l’as de pique, le fameux Arkel. Ça ne fait pas hyper sérieux pour un grand méchant, chef de desperados, tyran de Maranth.

Quel genre de personne porte une veste rose délavé aux manches bouffantes ? Le genre qui fait trôner sur son crâne un couvre-chef trop petit couleur écrevisse Mais le clou du spectacle, ça reste les poils du torse qui dépassent de sa chemise à dentelles blanche, laissée — hélas — apparente par la veste qu’il ose porter ouverte.

Sachant qu’il fait au bas mot une moyenne de trente degrés en journée sur Hel, il ne faut pas oublier qu’il porte ce pardessus UNIQUEMENT pour le style.

Je retire tout ce que j’ai pu dire sur ton style vestimentaire. Mazette, le ridicule ne tue plus, c’est bien dommage…

— Moi c’est Ren. Et toi t’as la tête d’un mec qui vaut un paquet de pognon.

Sur ces mots, le chasseur de prime extirpe un papier plié de sa poche et le dévoile à son vis-à-vis qui le lit à voix haute :

— Recherché, mort ou vif : Arkel, pour coups et blessures, meurtres avec préméditation, violence sur animaux, viole en réunion, viole sur animaux… blabla. Mh, ok. Mais c’est qui ce Arkel ?

Ren fronce les sourcils.

— Bah heu… c’est toi.

— Ha non. Moi c’est Josselin. Je connais pas ce Arkel.

Un étrange silence flotte sur le seuil de la mairie.

Ren retourne le papier et dévisage la photo qui orne le haut de celui-ci.

Mais… il est complètement con ?

— Tu sais que je t’ai appelé par ton nom, tu es sorti et tu m’as littéralement dit « je suis là, avorton ».

— Non.

— Bah si.

— Non. Tu ne peux pas le prouver.

Ren cligne plusieurs fois des yeux, désemparé. La situation est ubuesque, il n’a aucune idée de la marche à suivre depuis ce point précis du dialogue.

— C’est ta seule défense ? Tu vois bien que je vais te tuer là, non ? L’affiche elle dit « mort ou vif ». Donc tu vas t’avancer, on va se mettre au centre de la grande rue et on va se tirer dessus au douzième coup de midi.

— Ok. Mais il est, genre, quinze heure dix ou un truc du genre. Ça fait un paquet de temps à attendre.

— Oh et puis merde.

— Oh et puis merde.

Deux voix à l’unisson.

Pan !

Peng.

BLAM !!

Trois coups de feu. Enfin, deux et une explosion.

Le corps d’Arkel, libéré de son bras droit, s’écroule face contre terre.

De la nuque du colosse, s’écoule tranquillement un ruisseau carmin depuis un petit trou tout rond. Une sorte de trou de balle.

Alors, le bras, c’est notre ami le fossoyeur, ok. La flaque de sang sous son bide, c’est ton œuvre, ok. Mais ça sort d’où ce troisième impact ? Quel genre d’arme fait « peng » ?

Comme pour répondre aux questions de Tage, une nouvelle silhouette fait son apparition dans entrebâillement des portes de la mairie. Pas de grand gaillard cette fois, ni de colosse musclé, mais la forme toute en robe d’une jeune femme que Ren reconnaît immédiatement.

— Coucou ! dit-il niaiseux, un sourire con sur les lèvres. Tu te souviens de moi ?

— Inoubliable, j’espère que tu as apprécié mon cadeau…

Martel s’avance en se dévêtant péniblement de l’affreuse robe qu’elle abandonne sur le corps de son défunt compagnon.

Désormais seulement affublée d’un chainse, elle range son Deringer à pulsions dans le holster accroché à sa jarretière. Elle porte ensuite un regard fatigué sur Ren :

— Bon, on se tire ? Cet endroit est nul, ça pue, et le tailleur est naze. Puis la bouffe… berk !

Le chasseur de prime rengaine à son tour son arme, la bouche entrouverte.

Au moins on sait d’où vient le « peng ». Et on a trouvé Martel. Mission accomplie !

Il reprend un peu ses esprits, malgré les vagues d’hormones qui tentent de noyer son cortex.

— Heu… je… oui. Oui, on se tire. Enfin, faut que je récupère le corps d’Arkel pour ton père.

— Pas besoin, t’inquiètes, je lui dirais que tu l’as tué, il me croira. Je suis sa fille chéri-dorée après tout ! Allez, viens !

Ren et son érection se font gentiment guider hors de la scène principale que les badauds réinvestissent prudemment. Arrivés devant le bar, Martel se retourne :

— Bon t’es garé où ?

— Deux heures de marche au sud. Mais avant faut que je retrouve quelqu’un.

Soudain, une voix plus profonde que les abîmes les interpelle :

— Pas besoin de me chercher, mon garçon. Je suis là.

Le fossoyeur est adossé contre le mur criblé de balles du saloon. Il tient dans sa main droite la valise et dans la gauche, l’étui de guitare. Sa moustache frémit, il sourit.

— Partons. Nous n’avons plus rien à faire ici.

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