La voie qui mène aux entrailles de la terre
De ses doigtés lisses, elle chercha mes yeux, les scella, opaques.
Ma frayeur dans tout ce noir était gigantesque.
Elle me boucha les oreilles de ses doigts amènes et me voila entouré de vacuité.
J'étais hors du temps, dans le sempiternel, je partageais l'œil des gréés.
Une musicalité dans ma tête, non des mots, ni de voix, mais des notes d'octaves infinies, aux gammes resplendissantes, aux hauteurs tenues éloignées de la perception humaines.
Mes sens entremêlés s'unissaient au-delà d'un nouveau plus puissant, n'émanant pas de moi, mais s'exerçant de lui-même à travers toutes les existences qui soient, qui fussent et à venir.
J'entendais la musique des sphères, la musique qu'incarnait le monde, la création.
Schopenhauer avait peut-être raison, nos sens ont des limites, nos sens sons les limites, ils sont le voile d'Isis.
Et je m'en souvins :
« Je suis tout ce qui a été, est et sera et aucun mortel n'a jamais soulevé mon manteau »
Pour entendre les dieux, il faut s'abstenir des sens.
Était-elle toujours à mes côtés, anxieux, je m'interrogeais.
Sa mélodie me parvenu et j'entendis :
"Je suis toujours là, je suis ici et je serai à jamais avec toi".
"Tu entends maintenant Gaômku, l'océan primordial, l'ambroisie, l'essence même des vies", mes yeux s'ouvrirent, mes sens s'épaissirent, mon cœur vrombit et j'étais ivre à la Rûmî.
Tout attirait mon œillade, plein d'êtres aussi fluorescents, opalescents, colossaux, sibyllins, plus abscons les uns que les autres.
Mon cœur battait sans arrêt, trop fort.
Comme si elle l'avait pressenti, je sentis ses doigts se glisser entre les miens, formant une sorte d'alliance m'unissant à ce nouveau monde.
Le bord de l'eau ne se faisait plus voir.
Mais le haut était tamisé d'un nouveau ciel ou la lumière Joconde était vague qui tanguait, dansotait, proche de l'ivresse.
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