Foutue pluie

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Foutue pluie.

Damien pénétra dans la cour du manoir sous un crachin qui avait fini par traverser sa cape et se faufiler entre les mailles de sa côte pour venir détremper sa tunique. Il était tard, les torches avaient été allumées. Il était gelé, humide, courbaturé et fatigué. Sans compter le fait que sa mission était un échec. Il sauta à bas de sa monture pour atterrir dans une flaque de boue.

Et merde…

Il tendit les rennes à un palefrenier qui voulut le saluer mais qui s’abstint en voyant son visage furibond. Sans un mot, il traversa la cour d’un pas décidé et poussa les grandes portes de bois pour pénétrer la demeure. Il se secoua rapidement sur le perron et jeta négligemment sa cape à une domestique qui passait par là.

« Le Maître est ici ?

_ Oui… Oui Sir. Il est à l’étage, dans son bureau… »

Il monta les marches du grand escalier central quatre à quatre et tourna à droite. Au bout d’un couloir, il stoppa un instant devant une porte de bois ouvragée et afficha une mine affectée avant de frapper trois coups. De l’intérieur, une voix étouffée lui intima d’entrer.

« Damien… Je commençais à croire que vous vous étiez perdu… Et… Diantre ! Qu’est-ce que c’est que cette tenue ? Vous auriez pu vous changer avant de venir vous présenter à moi ! Vous dégoulinez littéralement sur mes tapis kerabians ! Vous savez qu’ils valent une fortune ?

_ J’ai… j’ai pensé que les nouvelles ne pouvaient pas attendre, Seigneur Maulbec…

_ Vous pensez, vous ? Effectivement, c’est une nouvelle qui ne pouvait pas attendre… »

Damien crispa légèrement la mâchoire.

Connard

« Le fugitif… S’est échappé…

_ C’est effectivement ce qui est arrivé. Il y a trois jours. Alors qu’il était sous votre surveillance, dans les geôles du manoir. Maintenant, ce que je veux savoir c’est : l’avez-vous rattrapé ?

_ Oui… Enfin… Non, il s’est échappé à nouveau. C’est ça que…

_ Donc vous, et vos hommes, revenez au domaine, bredouilles.

_ En fait, je suis le seul à être revenu.

_ Parce que vos hommes sont toujours sur sa trace ?

_ Parce qu’ils sont tous morts…

_ Evidemment… Des incompétents, dirigés par un incapable… À quoi pouvais-je bien m’attendre ?

_ Nous sommes tombés dans une embuscade. Des gobelins du clan de la Griffe Rouge.

_ Ici ? Au Gwened ? Vous vous fichez de moi ?

_ Ils… Ils étaient de mèche avec notre fuyard. Leur plan semblait bien préparé. Nous n’avons rien pu faire.

_ Non. Forcément. Bon sang, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?... Sortez d’ici. Allez vous décrotter. J’ai besoin de réfléchir à la situation… Et à ce que je vais bien pouvoir faire de vous… »

J’aimerais bien voir comment tu te débrouilles en dehors de ton manoir… Loin de ton confort… Imbécile arrogant.

Damien se retint de ne pas claquer la porte en sortant du bureau et traversa le couloir à grands pas, les poings serrés, le visage fermé. Il sortit su couloir et traversa à nouveau la cour détrempée pour rejoindre la bâtisse servant de caserne. Il pénétra dans la pièce principale et jeta un regard mauvais sur les soldats qui étaient attablés là. Il se redressèrent brusquement pour le saluer mais il leur avait déjà tourné le dos et pris la direction de ses appartements. Un bain, son lit et il n’allait pas tarder à rejoindre le monde réel…

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Foutue pluie.

Jean-Paul sortit de l’immeuble sous un crachin tombant sans discontinuer depuis le matin. Il avait fini par traverser son par-dessus pour venir détremper son costume et sa chemise. Il prit le premier taxi qui se présenta. Il était tard, les lampadaires étaient allumés. Il était gelé, humide et fatigué. Sans compter que sa mission était un échec. Arrivé à bon port, il descendit du taxi pour atterrir dans un flaque d’eau.

Et merde…

Il traversa la rue et franchit les portes de l’immeuble. Il franchit le hall d’accueil où une standardiste voulut le saluer mais s’abstint en voyant son visage furibond. Sans un mot, il prit l’ascenseur et appuya sur le bouton. Arrivé à son étage, il franchit les portes métalliques et se secoua rapidement sur le perron. Il jeta négligemment son manteau sur une patère et se retourna vers la secrétaire.

« Le patron est là ?

_ Oui… Oui monsieur. Il est dans son bureau… »

Il franchit l’open-space quatre à quatre et tourna à droite. Au bout d’un couloir, il stoppa un instant devant une porte en verre dépoli et afficha une mine affectée avant de frapper trois coups. De l’intérieur, une voix étouffée lui intima d’entrer.

« Mr Maulbec… Je commençais à croire que vous vous étiez perdu… Et… Mon dieu ! Qu’est-ce que c’est que cette tenue ? Vous auriez pu vous changer avant de venir me voir ! Vous dégoulinez littéralement sur mes tapis persans ! Vous savez qu’ils valent une fortune ?

_ J’ai… j’ai pensé que les nouvelles ne pouvaient pas attendre, Monsieur…

_ Vous pensez, vous ? Effectivement, c’est une nouvelle qui ne pouvait pas attendre… »

Jean-Paul crispa légèrement la mâchoire.

Connard

« Le contrat… Nous a échappé…

_ C’est effectivement ce qui est arrivé. Il y a trois jours. Alors que vous étiez en charge de faire aboutir les négociations. Maintenant, ce que je veux savoir c’est : Avez-vous rattrapé cette erreur ?

_ Oui… Enfin… Non, il nous a échappé à nouveau. C’est ça que…

_ Donc vous, et votre équipe, revenez au bureau, bredouilles.

_ En fait, je suis le seul à être revenu.

_ Parce que vos hommes sont toujours à négocier ?

_ Parce qu’ils sont allés se coucher…

_ Evidemment… Des incompétents, dirigés par un incapable… À quoi pouvais-je bien m’attendre ?

_ Nous sommes tombés sur des concurrents redoutables. Une entreprise clermontoise.

_ Ici ? À Paris ? Vous vous fichez de moi ?

_ Ils… Ils avaient déjà fait affaire avec notre client. Le contrat était déjà quasiment signé. Nous n’avons rien pu faire.

_ Non. Forcément. Bon sang, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?... Sortez d’ici. Allez vous prendre une douche, dormir. J’ai besoin de réfléchir à la situation… Et à ce que je vais bien pouvoir faire de vous… »

J’aimerais bien voir comment tu te débrouilles en dehors de ton bureau… Loin de ton confort… Imbécile arrogant.

Jean-Paul se retint de ne pas claquer la porte en sortant du bureau et traversa le couloir à grands pas, les poings serrés, le visage fermé. Il quitta l’immeuble sans un regard pour ses collègues et reprit le chemin de son petit appartement. Une douche, son lit et il n’allait pas tarder à pouvoir rejoindre Argartha… Il avait dépensé assez d’argent dans le jeu pour acquérir un statut social élevé. Il était baron du Gwened. Là-bas, au moins, il pourrait jouir librement de son pouvoir…

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