SALOPE
Si je devais choisir la douleur la plus terrible que j'ai ressentie dans ma vie, du moins celle qui m'a le plus marquée ces derniers temps, je choisirais celle que je me suis infligée un jour de décembre.
Ce jour-là les messages fusaient. C'était mon ex-copain.
Tais-toi ! t'ais-toi ! T'AIS-TOI !
J'ai répété ces mots en boucle mais rien n'y faisait. Le téléphone continuait de vibrer. J'ai balancé le pot de crayons par terre et ça a fait un sale bruit. Un bruit fort et lourd. Plein de tristesse et de colère.
J'ai continué à ignorer les appels. Je ne peux pas répondre. C'est au-delà de mes forces. J'ai trop souffert et je suis épuisée.
Soudain, plus rien.
Et puis le téléphone s'allume, un message vocal apparaît.
"je te demande juste de faire preuve d'un peu d'humanité".
Je vois floue, mon cerveau se met à vriller, je balance tout ce que j'ai à balancer sous la main. Avec toujours ce même bruit, aussi sale et douloureux.
Mais ce n'est pas assez.
Rien ne me calme. Il faut autre chose. De plus fort, de plus insupportable.
Je regarde mon bureau, et puis les ciseaux brillent à la lumière du jour. Je les attrape, et regarde mon poignet. Ma peau est lisse et toute belle, comme celle d'un nourrisson.
Comment ai-je fait pour en arriver là ?
Je ne sais pas, je ne sais plus et je ne me pose même plus la question.
Je pleure. Je pleure parce que j'ai peur. Ce n'est pas la première fois que je le fais. Je sais que je vais souffrir et le regretter plus tard. Mais je dois le faire. C'est plus fort que moi.
Je grave alors les lettres, une à une. J'ai mal, terriblement mal. Mais je ne penses plus à rien d'autre qu'à cette douleur lancinante. Les pensées s'échappent et le cerveau se calme.
Je regarde mon poignet. Dessus, il est inscrit :
SALOPE !
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