On m’avait dit que je serais libérée, que je pourrais enfin quitter cet enfer. Mais à quoi bon ? Trois nuits par mois, la transformation me saisirait à nouveau, me transformant en cette bête sanguinaire, incapable de discernement, de contrôle. Je serais un danger pour tous ceux que j’aime, pour ceux qui pourraient m’approcher. L’image de Rian, son visage meurtri, sa main froide, hantait mes pensées. Je le ressentais toujours près de moi, dans mon cœur, un poids lourd, mais aussi un espoir faible et fragile.
Après de longues heures passées à contempler ce ring de mort, j’ai pris une décision. La liberté promise était une illusion, une cage dorée. Je ne pouvais pas continuer à vivre ainsi, à être un danger pour les autres, à trahir ma propre humanité. La fuite était ma seule option.
Je suis partie, me dirigeant vers les montagnes, vers un isolement qui me permettrait peut-être de trouver une paix, une forme d'expiation. À chaque pas, je sentais le poids de mes actes, le souvenir de toutes ces vies que j'avais prises, ces visages défigurés, ces corps déchirés. Le chemin était long et difficile. La peur me tenaillait, la peur de la transformation, la peur de croiser un autre être humain, la peur d’être rattrapée.
Mais derrière moi, je pouvais presque les sentir, les propriétaires de l’auberge, leurs regards glaçants me brûlant la peau, leurs sourires moqueurs et dégoûtés, gravés dans mon esprit. Leur triomphe silencieux résonnait plus fort que tous mes pas dans cette montagne solitaire. Leur victoire était douce et amère. Ils m'avaient brisée, mais je m'enfuis de leurs griffes, et en cela, peut-être, réside ma seule et faible victoire. L'écho de leurs rires se mêlait au vent glacial, un chant sinistre qui accompagnerait ma solitude pour le reste de mes jours.

FIN