Chapitre 3: Dressage de familiers
Nat se réjouissait à l’idée d’entamer une nouvelle journée à l’académie de Mojanstad. Maintenant qu’il s’était fait des amis pour la première fois de sa vie, il avait hâte de les retrouver, mais avant cela, il devait faire tout le trajet depuis Héliðorv. Les habitants du Vårland n’utilisaient pas de véhicules. À la place, lorsqu’ils devaient parcourir de longues distances, ils faisaient appel à un mage rose, puisque ceux-ci maitrisaient la téléportation comme sort de soutien. Comme la veille, Nat donna un peu d’argent au mage rose qui habitait à l’entrée de sa ville et en échange, celui-ci le téléporta juste devant la porte de l’académie, où ses amis l’attendaient déjà.
Il allait commencer la journée par un cours d’anglais avec un certain monsieur Erikson. Il n’était pas extrêmement enthousiaste à l’idée d’avoir ce cours car il ne concernait en rien la magie, mais il se disait que ce n’était pas important tant qu’il pouvait être avec ses nouveaux amis. Une fois à l’intérieur, il s’installa à côté d’Aska.
Le professeur était de petite taille, avait de courts cheveux bruns et portait des lunettes rondes assez discrètes. Il avait également une veste marron. Il était aussi très mince.
-Bonjour, les jeunes, j’espère que vous allez bien. Normalement, je devrais donner tout le cours en anglais, mais pour être sûr que tout le monde comprenne bien mes explications, je vais exceptionnellement donner ce cours-ci en Våriska, car je vais parler de choses assez importantes. Je vais commencer par me présenter brièvement. Je m’appelle monsieur Erikson et je serai votre professeur d’anglais. Je suis ce qu’on appelle un Kraftanlosa, ce qui signifie que je ne maitrise pas la magie. Comme je n’ai aucun pouvoir, je ne peux rien vous enseigner en ce qui concerne la magie. Cependant, j’ai toujours voulu enseigner. C’est pourquoi je me suis dirigé vers une carrière de professeur d’anglais.
Les élèves furent très surpris. Pour certains c’était la première fois qu’ils voyaient un Kraftanlosa. La plupart des Vårlandais maitraisaient la magie, cependant un certain nombre de personnes étaient nées sans pouvoirs, car il existait un groupe de Kraftanlosan qui étaient très heureux de vivre sans magie et qui voulaient préserver la minorité à laquelle ils appartenaient, pour ne pas disparaitre. Il arrivait aussi que certains enfants de parents magiques n’héritent d’aucun type de magie, mais cela était extrêmement rare. Puisqu’ils ne maitrisaient pas de pouvoir, les Kraftanlosan étaient souvent vus comme des personnes vulnérables par les mages. Une minorité qu’il fallait absolument protéger. On frappa soudainement à la porte. Le professeur regarda sa montre avant d’inviter la personne qui avait frappé à entrer.
Alors que monsieur Erikson s’attendait à recevoir la visite d’élèves retardataires, il fut extrêmement surpris lorsqu’il vit une gigantesque anguille de couleur jaune se balader au sol. Celle-ci avait de l’électricité qui émanait de son corps.
-On dirait que quelqu’un a laissé trainer son familier ici, constata simplement l’enseignant.
-J’espère juste qu’il n’est pas dangereux, commenta un élève.
-Bonjour ! Vous êtes bien monsieur Erikson, le professeur d’anglais ? Demanda soudainement l’anguille, d’une voix grave.
Tout le monde regardait l’anguille bouche bée, ne comprenant pas ce qui se passait.
-E… Elle parle ? C’est la première fois que j’entends un familier parler, s’écria-t-il apeuré.
En effet, bien que les familiers maitrisaient également la magie, ils étaient dans l’incapacité d’utiliser le langage des humains. La scène à laquelle la classe était en train d’assister était donc surréaliste.´
-J’imagine qu’il faut de tout pour faire un monde. C’est une créature intéressante, commenta Bluma.
Aska, qui était comme d’habitude, assis tout au fond de la classe à côté de Waga, réveilla son camarade aux cheveux bleus en lui faisant une tape sur l’épaule.
-Eh mec ! Réveille-toi, tu vas rater un truc trop cool ! S’écria-t-il.
-Hein quoi ? Répondit simplement le mage aquatique, en ouvrant les yeux.
-Votre heure a sonné, monsieur Erikson ! S’exclama l’anguille, d’une voix grave en se tortillant.
Le professeur semblait terrorisé et regardait l’anguille en tremblant.
-Non ! Pitié, ne me faites pas de mal. Je suis trop jeune pour mourir et je n’ai pas de pouvoirs. Ayez pitié de moi, supplia-t-il, d’une petite voix.
-N’ayez crainte ! Lorsque je dis que votre heure a sonné, je veux simplement dire qu’il est temps pour vous de maitriser la magie.
Aussitôt, monsieur Erikson regarda la créature avec les yeux qui pétillaient ?
-Quoi ? Vous êtes en train de dire que je vais maitriser la magie ? Répéta-t-il, d’un ton calme, totalement incrédule.
-Tout à fait !
-Mais c’est génial ! Enfin, je vais pouvoir trouver un sens à mon existence. Enfin, je vais pouvoir devenir un mage d’exception et me faire reconnaitre. Je vais enfin pouvoir quitter ce job pourri de professeur d’anglais au salaire médiocre et faire quelque chose d’utile de ma vie. À plus tout le monde, BWAHAHA, dit-il, en s’emballant soudainement.
Les élèves le regardaient tous d’un air perplexe.
-Tout ce que vous avez à faire c’est vous approcher de moi pour que je puisse vous transmettre mon électricité. Ne soyez pas timide et venez donc, enjoignit l’anguille.
D’un pas hésitant, l’homme s’approcha doucement du familier parlant. L’anguille ouvrit aussitôt une large gueule, mais au lieu d’envoyer de l’électricité, elle cracha simplement des confettis de toutes les couleurs à la figure de l’enseignant.
Cela fit rire toute la classe.
-Quoi ? Répondit simplement l’homme, qui ne comprenait vraiment pas ce qui lui arrivait.
Aussitôt, l’anguille se volatilisa, laissant place à deux adolescents qui se ressemblaient énormément.
Il y avait un garçon et une fille. Ils étaient tous les deux de petite taille et avaient les cheveux blonds. Le garçon avait les cheveux coiffés en pic et la fille avait une queue de cheval.
-Nous sommes Funka et Watt, les jumeaux électriques et avec nos blagues du tonnerre, nous vous avons bien eus ! S’exclamèrent-ils en chœur.
Le professeur bouillonnait de rage.
-Ce n’est pas drôle du tout ! Deux heures de retenue, pour tous les deux ! Maintenant, vous avez tout intérêt à m’expliquer comment vous avez fait ça ou je double votre punition ! Menaça-t-il, en hurlant.
-Oh on a juste demandé à notre pote Jést le mage rose qu’il nous lance un de ses sorts personnels d’illusion dont il a le secret pour qu’on apparaisse comme une anguille électrique géante aux yeux de tout le monde, expliqua Watt.
-Je n’apprécie pas du tout cette plaisanterie de mauvais goût. Allez vous asseoir tout de suite !
Les deux jumeaux s’exécutèrent aussitôt. Le professeur toussa avant de reprendre son cours :
-Bien, donc. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer quelle est l’utilité d’apprendre l’anglais ? Pourquoi s’agit-il d’une langue importante à apprendre, pour nous les Vårlandais, demanda-t-il.´
-Pour pouvoir voyager à l’étranger ? J’ai toujours rêvé de voir ce qu’il y avait de l’autre côté du Vårland. Ca me fascinerait de voir la nature des autres pays, se risqua Bluma.
L’enseignant hocha la tête.
-C’est partiellement, ça, mais c’est surtout pour pouvoir voyager à l’étranger totalement incognito. En effet , Il y a certaines règles lorsque l’on voyage. Premièrement, interdiction d’utiliser la magie en public. Deuxièmement, interdiction de parler Våriska et troisièmement, interdiction formelle de mentionner le Vårland. Comme vous le savez, notre pays est protégé par la Țůn, une barrière magique qui la rend invisible aux Kraftanlosan qui n’y habitent pas. L’existence de notre pays doit rester un secret. Il n’apparait sur aucune carte et c’est très bien comme ça! Cette barrière magique a été érigée par les premiers mages roses pour éviter de potentielles invasions. Après tout, notre magie était tant convoitée à l’époque où nous n’étions pas cachés et ça nous a valu quelques guerres, entre autre avec les Romains et les Finlandais.
Watt leva la main.
-Et que se passerait-il si un mage venait à quand même utiliser la magie à l’étranger?
-Eh bien, il serait sévérement puni à son retour au pays, car il pourrait mettre notre sécurité en danger. Par contre, comme certains mages roses ont un sort personnel d’amnésie, nous ferons appel à eux pour qu’ils effacent totalement tout souvenir de magie de la mémoire des Kraftanlosan étrangers. Nous avons déjà eu plusieurs fois le cas, mais la magie s’adapte assez facilement et finit toujours par trouver des solutions, poursuivit monsieur Erikson.
Líva, qui était assise au milieu de la classe, poussa un long soupir.
-Que se passe-t-il, mademoiselle Bréndottar? L’interrogea l’enseignant.
-Rien, c’est juste que... Je vois que tous les mages rose autour de moi ont des sorts personnels incroyables comme effacer la mémoire, créer des illusions ou dresser des barrières mentales, pendant que moi, mon sort personnel, c’est juste de rendre les gens amoureux, se plaignit la mage rose.
-Pas besoin de pouvoirs incroyables lorsque tu as un charme incroyable! Franchement, si ton pouvoir, c’est d’envoûter les gens, je peux t’assurer que ça marche sur moi. Je donnerais tout pour un petit rendez-vous avec toi. Tu es dispo ce soir pour un petit barbecue? La complimenta Aska d’un ton mielleux, en lui faisant un clin d’oeil.
-Aska, tu es un peu lourd, là, lui reprocha Bluma.
La jeune fille leva les yeux au ciel.
-Vous voyez? C’est exactement ce dont je parlais! Encore un gros lourd. Si au moins je pouvais contrôler les gens que je rends amoureux. Qu’est-ce que j’en ai à faire de ce timbré accro aux barbecues qui a certainement une héþa polsa minuscule.
-Hé, c’était pas sympa, ça! S’indigna le mage rouge.
-Touché! Le nargua Bluma.
-S’il t’intéresse pas, je suis disponible aussi hein, lança Watt, mais Líva l’ignora totalement.
-Bah vois le bon côté des choses, au moins, toi tu sais déjà utiliser ton sort personnel, contrairement à beaucoup d’élèves de la classe, intervint Waga.
Le professeur tapa dans ses mains pour interrompre le bavardage.
-Bon, maintenant, ça suffit! Il est temps de se mettre au travail. Je propose qu’on commence par quelques, mots de bases. „Oui” se dit „yes” et „Non” se dit „no”. „Bonjour” se dit „hello”, „Au revoir” se dit „goodbye”...
***
Le prochain cours de la journée était celui de dressage de familiers. Il se déroulait dans un local de classe situé tout en haut du château de l’académie. C’était la classe la plus spacieuse du bâtiment. Un tel espace était nécessaire puisse que les familiers puissent se déplacer librement en classe et avoir assez de place pour utiliser leurs techniques. L’enseignante était une femme aux cheveux verts en bataille coiffés en un chignon. Elle avait également un pull beige, des lunettes ainsi qu’une longue écharpe assortie à ses cheveux. Elle s’appelait madame Himmaldottar et lorsque les élèves arrivèrent en classe, elle était en train de caresser un petit lapin blanc qui semblait être son familier
-Bonjour les enfants, bienvenue à ce premier cours de dressage de familier je suis madame Himmaldottar et voici Snuv, mon familier, dit-elle, d’une voix très lente et apaisante.
-Oh, il est trop mignon votre lapin, on peut le caresser? Demanda Bluma, attendrie.
-Oh bien sûr, il adore ça. Ne vous gênez pas, répondit l’enseignante en souriant.
Lorsque la fille aux cheveux verts le caressa, le lapin clapit.
Tout le monde imita ensuite la mage verte avant d’aller s’installer.
-Bon, maintenant que vous avez tous pris place, je vais vous enseigner comment invoquer votre familier. Pour ce faire, Il vous suffit de poser une main sur n’importe quelle surface, par exemple la table et de crier „Åvruv”. Qui veut commencer?
-Moi! Moi! Mes parents ne voulaient pas que j’invoque de familier l’an passé parce qu’ils avaient trop peur que je ne sache pas m’en occuper, mais maintenant, je pense que je suis enfin prêt. J’ai hâte de voir quel familier partagera ma vie, se porta volontaire Aska, plein d’enthousiasme.
-Bien, je te laisse commencer, Aska.
Aussitôt, le mage rouge posa sa main sur son banc et prononça la formule d’invocation. L’animal qui apparut était un gigantesque dragon rouge avec un petit sourire en coin et un ventre assez rond. L’animal poussa un puissant rugissement. Aska était bouche bée face à la créature qui se dressait devant lui. Ses camarades et même l’enseignante étaient tout autant subjugués que lui.
-Waw.... Dit-il simplement.
-Tu as invoqué un dragon. Pour vous donner un peu de contexte, il existe un nombre limité de familiers possibles pour chaque type de magie. Pour exemple, les mages rouges peuvent être accompagnés de renards ou de chameaux, mais les dragons son de loin les familiers les plus rares. Mes félicitations! Comment tu veux l’appeler? Lui demanda madame Himmaldottar.
-Euh...
Le dragon prit aussitôt le cartable rouge qui était déposé à côté du siège de son maitre et l’ouvrit délicatement.
-Bah qu’est-ce que tu fous dans mon sac, enfin? S’indigna le mage rouge.
-Le dragon renifla à l’intérieur du sac, en sortit une Héþa Polsa et la dévora en une seule bouchée.
-Hé, c’était mon dîner, ça!
Le dragon regarda son maitre en souriant et en lui faisant les yeux doux, comme s’il en voulait encore.
-Ah non, désolé mon grand, mais c’était la dernière qu’il me restait. Tu vas devoir attendre que j’en refasse.
Le familier regarda alors le mage rouge l’air déçu.
-N’empêche, enfin quelqu’un qui aime ma cuisine. C’est pas trop tôt. C’est trop de la balle, ce familier!
-Franchement, ton dragon n’a aucun gout! Le taquina Bluma.
-Hé, c’est pas très sympa! En tout cas, je crois que je vais t’appeler Fréþar. Ca veut dire „gourmand”. Ca te va à merveille!
Le dragon hocha la tête en signe d’approbation.
L’enseignante applaudit.
-Bien, vous voyez? Votre familier peut vous aider à utiliser la magie, mais c’est bien plus qu’un soutien. Un familier est un ami pour la vie. Il est donc normal que vous lui donniez un nom, que vous l’éleviez et le nourrissiez, comme si c’était votre enfant. Traitez votre familier avec amour et il vous le rendra bien. Mieux vous traitez un familier, plus ses sorts seront puissants. C’est compris?
Tout le monde hocha la tête.
-Bien, maintenant qui d’autre veut invoquer son familier?
Waga leva la main.
-En soi, j’ai déjà le mien depuis l’an passé, mais je veux bien lui faire prendre un peu l’air, expliqua-t-il de sa voix grave.
-Bonne idée! Ainsi tu permettras aux autres de voir ce qu’est un mage qui a déjà une bonne relation avec son familier, approuva madame Himmaldottar.
- „Åvruv”, s’exclama Waga!
Aussitôt, une petite grenouille bleue apparut. Elle se mit à croasser et à sauter dans toute la pièce. Quand Fréþar l’aperçut, il se lécha les babines et s’apprêta à se jeter sur le pauvre amphibien pour n’en faire qu’une bouchée.
-Rejan, non! S’affola Waga.
-Non, on ne mange pas les familiers des autres. Ce n’est pas bien, Fréþar! Le réprimanda son maitre.
Mais Rejan la petite grenouille avait plus d’un tour dans son sac. D’un de ses doigts, elle expulsa un puissant jet d’eau qui atterrit à la figure du dragon et le fit valser. Celui-ci ne manqua pas de casser un pot contenant une plante que la maitresse gardait près de son bureau. Bien que le jet d’eau n’était pas très puissant, le dragon encore jeune et faible était complètement étourdi. La petite grenouille lui tira aussitôt la langue, se tourna vers les élèves de la classe et fit une révérence, avant de sauter sur l’épaule de son maitre. Le jeune mage bleu sourit.
-Impressionnant. Ta grenouille sait attaquer toute seule sans que tu lui donnes d’ordre. C’est très bien Waga. On voit très bien la complicité entre vous. Par contre, tu m’excuseras, mais il faudra que tu me rembourses cette plante, commenta l’enseignante.
-Veuillez m’excuser madame Himmaldottar. Je vous la rembourserai sans faute.
La dresseuse de familier rit.
-Mais enfin, je suis une mage verte! Tu te doutes que je peux réparer les pots et soigner les plantes avec un petit sort de soutien. Je plaisante juste. Évidemment que tu ne dois rien me rembourser.
-Ah que des créatures fascinantes! Il me tarde de découvrir celle qui va m’accompagner, se réjouit Bluma, avant d’elle aussi lancer un sort d’invocation, laissant apparaitre un majesteux cerf vert à l’air noble qui se frotta à son visage.
-Oh, tu es trop chou! Je crois que je vais t’appeler Sarvi, se réjouit Bluma.
Le cerf brama en signe d’approbation.
-Poussez-vous et laissez-moi voir qui sera mon compagnon. Je suis sûr que ce sera une créature aussi charismatique que moi, se vanta Daj en passant la main dans ses cheveux.
La créature qu’il invoqua était en effet un majestueux cygne au pelage d’un blanc éclatant et aux grandes ailes.
-Waw trop stylé! S’exclamèrent tous les élèves.
Le cygne lança à son maitre un regard rempli de dédain avant de lui cracher au visage. Cela fit rire Nat, qui était bien content qu’on ait rendu à la personne qui s’était moquée de lui sans raison peu de temps avant la monnaie de sa pièce.
-On dirait qu’il ne t’aime pas beaucoup, commenta le mage noir.
-Toi, on t’a pas sonné, le minable! Avant de te moquer, essaye seulement d’invoquer un familier aussi cool que le mien. Je parie que tu vas invoquer un truc complètement naze, comme toi! Ce cygne, il déchire et je suis sûr qu’il s’attachera à moi, si je le dresse correctement. Après tout, tout le monde m’aime non? Bref, je crois que je vais l’appeler Winga, se vanta le mange blanc.
Nat fit de son mieux pour garder son calme et se contenter de prononcer la formule d’invocation. Aussitôt, un corbeau assez enveloppé à l’air distrait et aux ailes disgracieuses apparut. Il poussa un cri, mais sa voix était extrêmement stridente.
À l’exception de Bluma, Aska et Waga, tout le monde dans la classe éclata de rire.
-Franchement, je te le disais. Ce truc est presque aussi naze que toi et je ne savais même pas que c’était possible. Franchement, ça craint ! Le nargua Daj.
-J’avoue, il te va à ravir. Moche comme toi ! Renchérit Líva.
-Je me fiche que mon familier soit beau ou moche ou fort ou faible. Moi, je vois juste un être vivant qui m’a choisi comme maitre, qui a probablement beaucoup d’amour à donner et qui attend qu’on lui rende la pareille. Je ferai tout pour qu’il soit heureux, se défendit Nat d’un ton sec, vexé par l’attitude de ses camarades.
-En effet et comme je l’ai dit, si tu le traites avec amour, il deviendra plus fort et vous pourrez accomplir de grandes choses. Enfin quelqu’un qui écoute la leçon, intervint madame Himmaldottar.
-Bah, perso, je trouve qu’il est super mignon ton corbeau. En plus, il a l’air trop gentil, commenta Bluma.
Le corbeau se déplaça soudainement vers Winga, le cygne de Daj et lui sourit tout en posant son aile gauche sur sa tête. Les deux oiseaux se regardèrent et rougirent.
-Oh, ça craint ! Ne me dis pas que ma Winga va tomber amoureuse de ton corbeau tout pourri ! Elle est aveugle ou quoi ? Se plaignit le mage blanc.
Le cygne toisa son maitre du regard.
-Toi, ma petite, faudra que je t’apprenne certaines choses après le cours…
-Je crois que je vais l’appeler Hóva, songea Nat.
-Bon, allez, c’est à mon tour de me lancer maintenant : „Åvruv”, s’exclama Líva, avant d’invoquer deux oiseaux de taille minuscule. L’un était rouge et l’autre était rose.
La petite taille des oiseaux contrastait avec celle des autres familiers présents dans la salle, en particulier Sarvi, le cerf et Fréþar, le dragon. À vrai dire, ils étaient même plus petits que Rejan, la grenouille de Waga.
La fille aux cheveux rose avait l’air extrêmement déçue par ses familiers.
-Q… Quoi ? Deux petits oiseaux ? Mais ils ont l’air super faibles. Pourquoi je ne peux pas maitriser un truc bien dans ma vie ? D’abord un sort personnel complètement nul et maintenant ça ? Pourquoi je pouvais pas avoir un éléphant comme ma mère ? Râla-t-elle.
-Allons, allons, Líva, relativise ! C’est vraiment rare d’avoir deux familiers pour le prix d’un. En fait, ce n’est possible que chez les mages roses. Tu viens d’invoquer des inséparables. Le rouge est un mâle et le rose est une femelle. C’est vrai qu’un seul de ces oiseaux est presque inoffensif, mais lorsqu’ils sont ensemble, crois-moi, leur puissance est décuplée. D’ailleurs, ils peuvent très difficilement vivre l’un sans l’autre, alors fais attention à ce qu’ils ne soient jamais séparés, expliqua madame Himmaldottar.
-Je vois. Vous avez peut-être raison, madame. Je crois que je vais appeler le mâle Arðberi et la femelle Vadalma, décida Líva.
-Ce sont de jolis noms !
Et jusqu’à la fin du cours, les étudiants jouèrent avec leurs familiers et apprirent à les connaitre.
***
Nat, Aska, Bluma et Waga se baladaient ensemble dans l’immense couloir de l’Académie de Mojanstad. Ils avaient chacun renvoyé leur familier chez eux, à l’exception d’Aska. Le grand dragon suivait donc le petit groupe le sourire aux lèvres, en faisant plein de bruit en marchant. Tous les élèves qui passaient dans le couloir regardaient la créature, intrigués.
-Euh… Tu sais Aska, même si je comprends que tu sois tout content parce que tu viens de faire connaissance avec ton familier, je me demande s’il ne vaudrait pas mieux le renvoyer chez lui avant qu’il casse quelque chose dans l’Académie, parce qu’il est quand même vachement grand, suggéra Waga.
-N’importe quoi ! Tu dis juste ça parce que tu es jaloux que j’aie un superbe dragon, pendant que toi t’as juste une grenouille.
-Hé, parle autrement de Rejan. Je te rappelle qu’il l’a défoncé ton dragon tout à l’heure, alors un peu de respect !
Sur le chemin, la petite bande croisa un jeune garçon aux cheveux rouges qui ressemblait à s’y méprendre à Aska. Il avait simplement les cheveux un peu plus longs et portait des lunettes. Il était également vêtu d’un costume rouge assorti à ses cheveux.
-Grand-frère ? Qu’est-ce que tu fais là ? S’étonna Aska.
-Je devrais te retourner la question… Enfin, soit, n’oublions pas les bonnes manières. Je devrais me présenter à tes camarades que je ne connais pas. Je m’appelle Rók Ródríkson, étudiant de dernière année et sans vouloir me vanter, je suis, depuis mon arrivée ici, je suis parmi les meilleurs élèves de l’établissement. Je vois que tu as un dragon comme familier et je dois avouer que je suis assez impressionné, Aska.
-Ouais t’as vu ça ? Il en jette mon familier, pas vrai ? Se vanta le cadet.
Le dragon émit un son proche du ronronnement d’un chat pour exprimer sa joie.
-Ca m’étonne surtout que les Dieux aient décidé d’accorder un animal aussi dangereux qu’un dragon à un irresponsable dans ton genre. Mais bon, si telle est leur volonté, qui serais-je pour m’y opposer ? J’espère juste que tu ne vas pas devenir un danger ambulant, songea l’ainé.
-Oh ne t’en fais pas pour ça. Je suis sûr que lui et moi on fera une équipe du tonnerre !
-Mouais, j’ai quelques doutes, mais bon, on verra bien. Par contre, je suis extrêmement déçu de voir le genre de personnes avec qui tu traines. Pourquoi restes-tu en permanence collé à ce fainéant de Waga ? Je t’ai déjà mille fois qu’il était une mauvaise influence sur toi. Tu veux qu’il te fasse redoubler à nouveau ?
-Hé ! Waga est un de mes meilleurs potes et je t’interdis de parler mal de lui. Je peux très bien avoir de bons résultats même si j’ai des amis pas très studieux. Je sais ce que je fais et ne t’inquiète pas que je suis bien prêt à me rattraper cette année.
-Ouais, je connais ce garçon depuis qu’on est tout bébés et je peux t’assurer que c’est une crème. Je ne laisserai personne mal parler de lui. Et puis, c’est loin d’être un flemmard, le défendit Bluma.
-Les amis, c’est très sympa de me défendre, mais perso, cette discussion me fatigue déjà, intervint l’intéressé en bâillant.
-Et toi, jeune fille, tu es ? Demanda Rók à l’attention de la mage verte.
-Je m’appelle Bluma. Je suis une mage verte et je suis dans la classe de ton frère.
-Je vois. Espérons que tu sois studieuse et que tu relèves un peu le niveau de ces deux zigotos. Je compte sur toi pour t’assurer qu’il travaille bien. Personnellement, je ne fais que l’avertir, mais père serait furax si Aska venait encore à ramener un bulletin médiocre.
-Je suis sûr qu’il sera fier de moi.
-Passons. Je peux encore accepter que tu traines avec le cancre de la classe, mais je vois que tu t’es aussi lié d’amitié avec un mage noir. On t’a pourtant mis en garde contre ces gens à de nombreuses reprises. Ce sont nos ennemis ! Ils attirent les malédictions partout où ils vont et attisent la colère des Dieux !
Nat serra le poing.
-Le mage noir a un prénom, je te signale ! S’indigna-t-il.
-CA SUFFIT ! JE NE TE LAISSERAI PAS INSULTER MES AMIS PLUS LONGTEMPS, hurla Aska, avant de préparer une boule de feu, prêt à en découdre.
Rók ricana doucement.
-N’oublie pas que je maitrise mon sort de niveau 3 à la perfection et que j’ai un familier bien entraîné. Si j’étais toi, je ne m’aventurerais pas sur ce terrain, là !
-Je crois qu’il a raison, approuva Waga.
Le frère cadet hocha la tête et fit disparaitre la boule de feu.
-Il me semblait bien. Bon, sur ce, je retourne étudier et je vous laisse. Il faut que je travaille d’arrache-pied, si je veux être premier du classement, dit le jeune homme à lunettes avant de prendre congé de la bande.
-Eh ben, ton frère n’est vraiment pas sympa ! S’étonna Bluma.
-Ca va, il ne t’a pas trop blessé, vieux ? Demanda Waga, à l’adresse de Nat.
-Oh, t’inquiète, j’ai l’habitude, répondit le mage noir.
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