Epilogue - Reflet

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Dernière partie ! On se retrouve dans la partie juste après pour le bilan !

LAZARE

Épilogue - Reflet

Debout devant le miroir, Lazare observait son reflet métamorphosé. Trois mois s’étaient écoulés depuis ses dernières aventures et pourtant, il lui paraissait que tout s’était produit la veille.


Son oeil avait cicatrisé étrangement : de grandes plaques rouges apparaissent encore autour et dépassaient du bandeau pourpre qu’il avait pris l’habitude de porter. Il craignait qu’elles soient permanentes, malgré les retours encourageant du médecin. Ses hématomes se dissipaient lentement et seuls quelques uns oposaient encore de la résistance. Il souleva doucement sa chemise de soie pour regarder la gigantesque cicatrice qui barrait son ventre, cadeau de la première manticore. Cette marque-là resterait, comme une part de son âme ou un rappel que sa vie ne tenait parfois qu’à un battement de cil.


Il se retourna dans un bruit métallique auquel il n’arrivait pas encore à se faire. Il baissa les yeux vers son pantalon et le souleva légèrement pour apercevoir le petit bijou technologique qui avait remplacé sa jambe coupée. Autonome, fonctionnelle, la technologie naine lui permettait de marcher et courir presque normalement. Il boitait encore un peu, on ne s’adapte pas à une tige de métal en quelques semaines, mais il progressait très rapidement. La prothèse s’adaptait en même temps que lui, grâce à des pierres précieuses qui se métamorphosait au contact de la peau humaine. Le seul point noir à ce nouveau rêve, c’étaient les nombreux fils et plaques métalliques qu’il avait fallu planter dans son moignon et qui le faisaient encore souffrir. La douleur était temporaire, mais il espérait qu’elle passe rapidement pour profiter pleinement de son autonomie.


Il se redressa et ajusta les boutons de sa veste de voyage, plus riche et travaillée que la précédente. Deux écussons militaires, aux couleurs de Lothariel, ornaient fièrement son torse. Le premier officialisait son entrée chez les Ambassadeurs, le deuxième, plus important à ses yeux, lui avait été offert pour son courage face aux manticores et représentait par ailleurs la terrible créature. Lui-même avait été surpris de cette attention. Le titre restait honorifique, mais le rassurait : on le reconaissait comme un héros, désormais, et il avait même gagné un surnom auprès du peuple “le voyageur à l’aiguille venimeuse”. Lazare le trouvait assez drôle et ne s’en offusquait pas.


Dommage que tout s’achevait aujourd’hui.


La porte de sa chambre s’ouvrit. Aristice et Fridia se placèrent à ses côtés, silencieuses. Dans leurs yeux remplis d’inquiétude, Lazare put voir passer une once de fierté. Il s’assit sur son lit et les laissa venir l’étreindre.


Ki pi wiyz qet ryi vy qesvit, Qeqe, pleurnicha la cadette. Sitvi.

(Je ne veux pas que tu partes, Papa, pleurnicha la cadette. Reste.)


L’elfe lui sourit tristement. Fridia pleurait aussi, silencieusement. Tous trois prenaient conscience qu’ils ne se reverraient pas avant plusieurs mois. Dans le meilleur des cas. Lazare n’osait même pas penser à ce qu’il se passerait s’il rendait les armes dans la bataille. Il poussa un soupir et releva le visage de son aînée.


Itteai fi pi qet vsuq v’opsyoivis quys nuo. Tyswiommi Aristice iv qsipft coip tuop f’immi, iv fi vuo. K’eo dupgoepdi ip vuo, vy qiyz vi ficsuyommis vuyvi tiymi. Pi me meotti qet vuncis.

(Essaye de ne pas trop t’inquiéter pour moi. Surveille Aristice et prends bien soin d’elle, et de toi. J’ai confiance en toi, tu peux te débrouiller toute seule. Ne la laisse pas tomber.)

— D’itv qsunot, murmura t-elle d’une voix faible. Iv vuo, siwoipt wowepv.”

(C’est promis, murmura t-elle d’une voix faible. Et toi, reviens vivant.)


Il les embrassa sur le front et se redressa. Faire durer les adieux ne l’aiderait pas. Il descendit les escaliers du manoir et avança d’un pas décidé vers la porte. Jaggadevi, retenue fermement par l’écuyer qu’on leur avait assigné, tourna la tête vers lui. Lazare ne put s’empêcher de sourire. Il avait insisté pour garder la jument pour le voyage, malgré sa fiabilité incertaine. Il s’était attaché et il se voyait mal repartir à l’aventure sans elle. Lentement, il posa une main sur son encolure et la caressa lentement.


L’écuyer l’aide à monter en selle. Il se tourna une dernière fois vers la porte du manoir, où ses deux filles, mortes d’inquiétude, le saluait. Il leur sourit, donna un petit coup dans la cuisse de l’animal et s’élança sur la route.


Alors qu’il s’éloignait de la cité, il leva les yeux au ciel et remercia Mère Nature. Même si cela avait été de courte durée, il était rentré et avait revu ses filles. C’était tout ce qu’il lui fallait. L’esprit apaisé, mais le coeur lourd, il s’engagea sur les chemins s’éloignant de la capitale, sa longue capuche noir vissée sur la tête.


Il sortit un papier blanc d’une des sacoches de sa tenue : sa prochaine destination. Aranwë Balrarion avait quitté Isendorn deux semaines plus tôt et se dirigeait vers Mornepierre. L’elfe l’attendrait là bas. Il rangea soigneusement le parchemin et releva la tête vers l’immensité verte qui s’offrait à lui. Il pria pour ne pas tomber sur de nouveaux prédateurs, sans y croire lui-même, et se lança au galop. 

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