APÉRO TIME !

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Apéro ? Dans un pays musulman ? Nan… y’a erreur là !

Absolument pas ! Replaçons les choses dans leur contexte. L’Islam impose de s’éloigner de l’alcool et de toute substance contenant des éléments provoquant l’ivresse. Dans certains pays, la fabrication et la commercialisation de l’alcool sont également interdites. Dans certains pays… mais pas au Maroc ! On trouve d’ailleurs des bières et des vins de qualité plus qu’honorable. Et voilà pourquoi dix pour cent (déclarés) de la population ne se prive pas pour s’en jeter un petit de temps en temps (voire plus souvent).

Et puis, imaginez que vous emmenez un enfant dans une boutique Glup’s (je ne sais pas si ça existe toujours) en lui disant « tu n’as pas le droit aux bonbons ». Dès que vous aurez le dos tourné, il va engloutir tout ce que son petit estomac peut supporter. Vous avez l’image ? Alors maintenant, mettez un Marocain dans un Drink Store (oui on les appelle comme ça) et dites-lui « c’est haram »… Il va remplir sa bedaine, ses poches et son sac opaque ! Le tout c’est de bien planquer les objets du délit, de picoler dare-dare, d’être complètement pété à vingt-et-une heures et de rentrer pour bâfrer le tajine parce qu’après tout ça, il faut éponger !

Quand la gawria (comprenez l’Occidentale, l’infidèle) que je suis, déboule un vendredi soir à 19h dans le fameux Drink Store pour sa petite bouteille du weekend (blanc ou rosé, j’suis pas difficile), aucune autre femme n'est dans la place. Dans le magasin, il n’y a que des djellabas-babouches qui me jettent des regards envieux (eh oui pour moi, c'est tout à fait naturel d'être là... c'est carrément culturel... et, en plus, je suis franc-comtoise). Eux, sont aux aguets, habités par la crainte d'être reconnus. Mais tout le monde connaît tout le monde ici, messieurs :

- Ah salut Hassan ! Ça roule ? Bikhayr ?

- Salam Emma ! Ki dayra ?

- Tranquille… on prépare le weekend ? (œillade vers son sac en plastique opaque)

- Chouïa ! (chouïa, chouïa… ton sac est blindé quand même).

Pour les plus aisés, direction les nombreux bars, hôtels et boîtes de nuit de la ville. On y biberonne jusqu’à pas d’heure et on en ressort avec les mocassins transformés en babouches, une charmante (ou pas) demoiselle peinturlurée, haut-perchée et court-vêtue au bras.

Et la police, me direz-vous, que fait-elle ? Pas grand-chose… les éthylotests ne sont pas utiles puisqu’on n’est pas censé boire ! Faut juste éviter de faire une boulette devant les flics, ils ont un nez d’enfer !

Cela dit, régulièrement, des cures de désintoxication collectives sont organisées. Les boutiques tentatrices sont fermées lors des fêtes religieuses (qui durent entre deux et quatre jours) et, bien entendu, pendant tout le mois de Ramadan.

Dernier soir de privation, minuit… le marché noir accueille un déferlement de clients. Le lendemain, à dix heures pétantes, le Drink Store ouvre ses portes… ambiance premier jour de soldes rue de Rivoli à Paris !

Alors, quelqu’un veut un apéro…?

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