- Chance -

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Elle se réveilla doucement, sortant peu à peu de son rêve.

Avant d'ouvrir les yeux, elle savait déjà que tout ça n'avait pas eu lieu.

Une vague de mélancolie se mêlait aux derniers instants de plénitude que lui procurait ce rêve.

Elle laissa traîner encore ses pensées, avant qu'elles ne disparaissent dans les gouffres de l'oubli.

Quel était ce mécanisme qui se jetait sur les rêves, à peine nés, pour les voiler, les occulter ?

Il aurait été agréable de continuer, certes, mais l'illusion n'a jamais été satisfaisante.

Pourtant elle croyait fort en sa théorie des strates de réalité.

Il n'y en a pas qu'une, et la principale n'est pas le noyau inchangeable de notre quotidien.

S’arrêter à la vie terre-à-terre dictée par nos conditions de survie, c’est négliger tout le pan incorporel de notre existence.

Qui plus est, la réalité est subjective puisque les faits ne sont pas interprétés uniformément.

Mais là, les quelques bribes de personnes ou lieux connus ne suffisaient pas pour adhérer à la réalité.

C'était comme un matin de petit deuil. Reconnaître, comprendre et accepter que cette histoire n'était qu'un idéal transitoire.

Une idée avortée qui n'aurait jamais pu naître vivante.

Il restait toujours le piège de se complaire dans la tristesse, cette apaisante couverture qui anesthésie les maux.

Après le petit déjeuner, avec un peu de chance, tout rentrerait dans l'ordre.

De la chance, quel mot-passoire, quel mot fourre-tout. La réalité n'admet pas la chance.

La réalité est façonnée de nos propres mains, modulée par les attentes incisives de notre mental, là où la chance n'est qu'une relique illégitime de nos illusions idéales.

Je la vomis cette chance. Dernier barreau pour se raccrocher à un espoir vaporeux. L'espoir que les choses se fassent sans nous, en secret, et qu'au bout tout se règle miraculeusement.

La chance n'est que l'image incomprise que l'on donne à la logique inconsciente de notre psyché.

Non, ce qu'elle préfère, c'est le déni. Elle ne sait pas tant si cela relève de son propre choix, ou si ce n'est, une fois de plus, qu'une apparence de contrôle.

Une joute équestre pour déterminer qui de l'oubli ou de la mémoire sortira vainqueur.

Mais ainsi, à tout le moins, elle se fait vigile de ses pensées, alors que l'espoir encourage au laisser-aller et accorde au destin un pouvoir démesuré.

Une persévérance aveugle, uniquement basée sur le principe de toujours avancer, a toujours eu plus de sens pour elle.

Avancer, c’est offrir la possibilité au temps de recouvrir le passé de nouveaux éléments.

L’Homme n’a rien de constant, il n’existe pas à l’arrêt.

Elle allait prendre son petit-déjeuner, remplir son ventre, pour laisser sa tête se vider.

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