Ma cueillette
Lorsque s'en vient le soir je ferme à clef ma porte,
Je laisse dans un coin les tracas, les colères,
Et je m'en vais marcher là où mes pas me portent
Au long du chemin creux qui borde la rivière.
Je laisse errer mes yeux sur l'herbe et sur les eaux,
Et errer mes pensées au fil clair du courant ;
Je laisse errer mon cœur comme il veut, à vau-l'eau
En un rêve éveillé de mots au bois dormant.
Je saisis de mes doigts quelques miettes de phrase
Soufflées par le vent d'est, accrochées à la haie ;
Je saisis le reflet de l'aigrette qui passe,
Et j'en tisse mes vers, imitant l'araignée.
Je griffonne debout, sur des bouts de papier
Des tickets, des brouillons, des pages d'agenda.
J'écris comme ça vient au gré de mes pensées
Avec le crayon gris que j'ai toujours sur moi.
Le soleil qui se couche à l'horizon lointain
Dicte encore une image à ma main silencieuse ;
Et je rentre chez moi d'un pas moins incertain,
Rassasiée de mots, apaisée et heureuse.
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