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Comme pour l'écrivain qui puise dans ses souvenirs à l'exercice d'écrire son récit de vie, tout un chacun amène au quotidien son point de vue, ses ressentis et parfois ses déductions au regard de son vécu. Il prend lors de l'écriture une sorte de distance, qui vient très souvent après une longue réflexion.

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En effet, le temps en s'écoulant fait son œuvre. Le souvenir s'effiloche, se détricote, se déshabille du superflu. Ainsi, on se sent moins pris, saisi, envahi, bouleversé par l'émotion éprouvée lors de ce moment qui remonte à la surface.

En laissant décanter, infuser, en prenant de l'expérience, nous prenons le temps de faire la part des choses. Et parfois, une réunion de famille permet de confronter les témoignages et le résultat peut s'avérer surprenant. Des lettres, des objets personnels, des documents peuvent aussi apporter différents éclairages.

En effet, la vérité peut revêtir plusieurs réalités pour décrire le même évènement. Le souvenir certes nous appartient et traduit notre perception de la vérité. Et bien que chacun ait la sienne en propre, l'évocation par le récit présente un visage nuancé, différencié, façon puzzle. Et sans doute est-ce une chance de pouvoir contribuer au souvenir de l'autre, avec de l'écoute, de la bienveillance et de l'altérité.

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Finalement, des interrogations et des réflexions se posent, car certains détails pourraient nous avoir échappé.

Nous n'aurions pas tout vu, perçu ou entendu, au moment des faits ?

Notre cerveau aurait-il éludé des paroles, des passages, des bribes ?

Curieusement, en écoutant une version de notre récit dans la bouche d'un autre et plus encore dans celle d'un proche, certains aspects nous reviennent alors en mémoire et viennent contrarier notre perception initiale.

Notre cerveau recèlerait bien des méandres induisant quelques caprices !

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Tel un saumon qui remonterait à la source, on redécouvre les rives de notre rivière et la perception nous apparaît quelque peu différente. On s'invite à refaire le chemin, avec indulgence et lucidité et le résultat peut s'avérer très surprenant.

S'autoriser à un tel voyage, s'il revêt en lui-même des vertus thérapeutiques non négligeables, possède pour autant des ressorts extraordinaires. Ceux de pouvoir se pardonner et surtout de se réconcilier d'une part avec son passé et d'autre part avec sa propre perception de soi, son image parfois abîmée voire altérée.

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Écrire son récit de vie s'avère une véritable aventure, une gageure.

Nous voilà enquêteur, voyageur, archéologue, sociologue, ethnologue.

Mais le jeu en vaut la chandelle.

Alors, essayez !

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#JMP 04/2025

À découvrir en video

Boris Cyrulnik - " Le récit de soi "

https://mediaserver.univ-nantes.fr/videos/boris-cyrulnik-le-recit-de-soi/