Il est cuit le petit valet de ferme

4 minutes de lecture

Auguste-César, brun ténébreux, bon danseur, drôle et intelligent, plaisait aux dames. Pas une ne se réveillait moite d’amour au petit matin après l’avoir croisé à la tombée du jour. Il n’y avait qu’à voir les yeux qu’elles avaient, les soirs d’été, quand il les attirait dans le maquis parfumé.

Il se rappelait, hélas, cette journée, cette maudite après-midi de mai, il y avait une semaine déjà.

Il travaillait au château pour compléter son activité de paysan, il se louait comme journalier. Le maitre n’était pas là, il ne l’était pas souvent.

Le baron, industriel puissant, possédait des industries, dans la région aixoise.Pendant que sa femme jouait à la châtelaine, lui s’amusait à crocheter les petites serrures de ses ouvrières. Il aimait les très jeunes filles, celles qui étaient encore presque des enfants. La femme, la trentaine encore belle se sentait abandonnée dans cette énorme bâtisse, si froide et si austère. Marie-Amélie détestait ces longs couloirs peints à la chaux, ces chambres immenses où elle s’ennuyait, seule la plupart du temps. Elle haïssait, désormais le gandin qui l’avait séduite, qu’elle avait aimé et qui la délaissait trop souvent. Jolie fleur oubliée dans un vase de porcelaine, elle dépérissait.

Son jouet, Auguste, se dérobait. Il allait bientôt convoler en juste noce avec une voisine, une petite oie blanche qui devait en être heureuse. Déprimée, frustrée convaincue qu’une longue chevauchée solitaire allait éteindre ses désirs inassouvis, elle avait enfourché son bel alezan noir.

Auguste n’était pas fier de ce qui s’était passé ensuite.

Une fourche dans sa main, il nettoyait le box de Sultan, le cheval favori de madame. Tout adsorbé à sa tâche, il n’avait pas entendu sa patronne revenir de sa promenade quotidienne. Elle le regardait travailler. Pour être plus à son aise, l’homme avait ôté sa chemise. Elle admirait, gourmande, le torse musculeux, du jeune valet. Il plantait avec des gestes vifs et précis son trident dans le fumier. Les bras vigoureux allaient et venaient régulièrement tels les pistons d’une puissante machine. Il était en sueur le beau mâle. Les yeux mi-clos, elle se prit à rêver qu’elle le bouchonnait, comme son cheval Sultan. Elle ne put réfréner son désir plus longtemps. Une poignée de paille dans son gant la jeune femme effleura le dos musculeux tant convoité.

Surpris, Auguste sursauta, fit tomber l’outil qu’il avait en main et se retourna. Feignant le courroux il tonitrua d’une voix de baryton.

— Que faites-vous là ! Vous n’allez tout de même pas me frotter comme un vulgaire animal !

— Si ! répondit la gourgandine. Je vais te bouchonner comme un étalon !

Ils roulèrent alors dans le foin frais qui tapissait l’allée centrale de l’écurie. La cavalière tacha sa jolie robe, déchira ses riches tissus, écorcha sa peau douce et satinée. Elle en avait cure. l'homme la retournat sur le ventre, s'occrochant à ses fesses à ses épaules, elle ondulait des hanches gémissait lentement, alors que lui bourrin la martelait en poussant des grands soupirs de bucheron. lorsqu'elle sentit qu'un orgasme fort comme un raz de marée allait tout balayer sur son passage elle se dégagea bruquement et l'enfourchat, c'est elle qui donnait le tempo désormais, elle calma le jeu pour faire durer un peu le plaisir , ondulait des hanches juste ce qu'il fallait pour maintenir la pression et n'y tenant plus , plaqua brutalement les épaules de son camarade de jeu sur la terre battue du box et partit au grand galop en poussant de grands cris de jument en rût ! un dernier cahot, elle se braqua et s'écroula sur la vaste poitrine du valet de ferme !

Elle avait eu ce qu’elle voulait. Radieuse, elle menait la danse, elle le tenait par le bout de son nez, le petit paysan beau comme un dieu grec. Elle pensait en être amoureuse. Cela ne la conduira nulle part, elle en était convaincue, mais tant pis. il baisait tellement mieux que son pourceau de mari.

Jeune capricieuse, elle rêvait d’une fuite avec lui. Elle avait toujours obtenu ce qu’elle voulait. Rien ni personne ne lui résistait jamais très longtemps. Surtout, elle avait une botte dans son jeu. Elle s’apprêtait à l’abattre sur le tapis.

Auguste en avait eu envie lui aussi. La délicate mousseline qu’il avait froissée et déchirée, la peau douce soyeuse et laiteuse qu’il venait de rudoyer, il ne regrettait rien. Naïvement, il pensait contrôler, la situation. Il allait se lever, et partir. Bientôt il se mariera, elle appartenait déjà au passé la jolie poupée en porcelaine.

D’une voix fluette, elle dit, alors simplement.

— J’attends un enfant, de toi.

Un coup de massue n’aurait pas eu plus d’effet

Auguste essaya de se défendre un peu, même si au fond de lui il savait déjà qu’il avait perdu la partie.

Elle lui déclara, en pleurs, bien sûr qu’il était de lui. Qu’elle n’avait aucun doute ! Son mari ne l’avait plus touché depuis longtemps et que oui elle en était sure un enfant poussait dans son ventre. Alors, elle abattit sa dernière carte. Câline, elle minauda.

— Et si, on s’enfuyait. L’Amérique, un Nouveau Monde, tout y est permis.

Il ne pouvait plus réfléchir, le cerveau bouillait.

Il fit ce qu’il savait le mieux faire, il tenta de fuir, de fuir, de mentir de bonimenter et de s’esquiver en catimini.

Mais il savait qu’il lui faudrait affronter la réalité, choisir, agir, être responsable.

Deux enfants, il lui fallait choisir Aurélie, Marie Amélie

Elle ne lui laissa pas le choix,

Elle l’enroula dans ses bras, l’attira sur son opulente poitrine et telle une mante religieuse s’apprêtant à dévorer son mâle lui susurrât des mots d’amour des mots salaces grivois des promesses de luxures et des menaces également.

— Tu es à moi maintenant Auguste-César, soit tu assumes cet enfant et nous fuyons aux antipodes ensemble soit…

Elle ne finissait pas sa phrase, mais il ne fallait pas être sorcier pour comprendre les menaces contenues dans ce dernier mot.

Lorsqu’elle enroulât ses jambes et ses bras à son corps nu, il était cuit !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Etienne Ycart ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0