Erèbe
J'avais écris ça il y a quelques temps. Je suis pas certaine qu'il répond entièrement au thème, peut être même pas du tout. Mais je risque rien à le partager malgré tout. À vous d'en juger ! (Je supprimerai si jamais cela ne réponds pas au défi, ou tout simplement si le fiat de participer avec un ancien texte n'est pas correct !)
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En tant que représentant du groupe Erèbe, j'annonce avec émotion, mais surtout avec une joie non dissimulée, que le gouvernement est renversé. Nous en prenons donc la tête. Dès à présent, vous êtes libres de faire tout ce que vous désirez. Le nouveau gouvernement que nous créons n'est pas un gouvernement châtieur, mais un gouvernement qui prône la totale liberté de son peuple.
Cela faisait plusieurs mois que les gens s'étaient révoltés contre le chef d'Etat. Il semblerait qu'aujourd'hui, le groupe révolutionnaire majeur a réussi. Des cris se faisaient déjà entendre dans les rues, mais je ne parvenais pas à savoir s'il s'agissait de cris de joie ou de protestation. Un frisson s'empara de moi, et une mine inquiète remplaça mon expression si joviale que j'ai habituellement. Rapidement, des bruits de verre qui éclatait résonnèrent dans les rues noires de monde. Le peuple était dans les rues, et au vu de la situation, j'avais l'immense conviction que ça n'annonçait rien de bon. Des coups brutaux sur la porte d'entrée me sortirent de mes rêveries concernant la situation.
Nous affirmons aujourd'hui, que les délits qui jusqu'à présent étaient répressibles ne le seront plus. Vous avez absolument tous les droits. Le gouvernement qui était en place voulais nous asservir, ça ne sera plus le cas désormais. Maintenant, vous êtes les seuls maitres de vos décisions. Plus rien ne vous sera jamais interdit.
Je jetais un coup d'œil à la télé. Le représentant d'Erèbe continuait sa tirade funeste. L'anarchie allait commencer. Les coups sur ma porte s'intensifièrent. J'entendais des hommes parler, crier, et forcer pour sortir la porte de ses gongs. J'étais coincée. Un craquement me fit sursauter. Cinq hommes entrèrent violement chez moi. Leurs pieds martelaient le parquet, leurs voix bourdonnaient dans mon crâne et résonnaient dans l'appartement. J'imaginais qu'ils étaient entrés par effraction dans tous les appartements de l'immeuble, et que je n'étais qu'une victime parmi tant d'autres. Enfin, par effraction, je n'étais pas sûre que ce mot signifiait encore quelque chose à l'heure actuelle, vu l'état des choses.
Je vous certifie que vous avez désormais le droit d'assouvir vos plus beaux et ambitieux fantasmes. Vous voulez entrer dans la banque au coin de votre rue et la dévaliser ? Allez y. Vous souhaitez passer à tabac la femme avec qui votre mari vous a trompé ? Rien ne vous en empêche. Peut être souhaitez vous faire de toutes ces femmes dépravées dans les rues, vos marionnettes ? Vous avez l'accord de l'Etat. Amusez vous, allez y gaiment, plus rien n'a d'importance car plus rien ne vous arrêtera.
Je me figeais. Ils me fixaient intensément. Ce n'était pas des hommes que j'avais face à moi, mais de véritables monstres qui n'avaient plus rien en tête que la destruction. Le bon sens n'existait plus, ils étaient devenus bête aussitôt qu'ils avaient eu le champ libre. Un hurlement glacial me fit froid dans le dos. La famille qui habitait face à chez moi se faisait massacrer. Du sang éclaboussa le mur opposé à leur porte. Paralysée, je regardais les hommes s'approcher de moi, un sourire carnassier sur le visage. Je tentais de bredouiller quelques mots, mais rien ne sortait de ma bouche qui restait entrouverte face au choc. Mon corps décida enfin de bouger quand un individu assez grand m'attrapa par le poignet. Son air était menaçant et ses yeux exorbités. Je tirais et me libérais de son emprise. Je courrais et me dirigeais vers la porte de mon appartement pour quitter les lieux. Deux hommes s'étaient enfoncés chez moi et fouillaient, certainement à la recherche d'objets de valeurs. Il restait dans le salon l'homme à qui je venais d'échapper et deux autres, dont l'un avec une batte de baseball à la main. C'est ce dernier qui me rattrapa avant que je ne puisse m'enfuir.
Faites éclater la haine, la colère que vous avez en vous.
Sa batte m'atteignit au crâne. Je rejoignis le sol, dans les vapes. Je vis les trois individus se mettre au dessus de moi. La dernière chose que je vis avant de fermer les yeux fut leurs visages déformés par le plaisir de me voir au sol. Du sang coulait sur mon front.
Vous avez soif de sang, je le sais, et je le comprends.
La pièce était repeinte de rouge. En son centre, un tronc humain. Un peu plus loin, posé délicatement sur le bar, une tête. Des bijoux étaient sur le sol, sans douté abandonné lors de la fuite des ravisseurs.
Bienvenu dans votre nouveau quotidien.
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