Crimes d'auteur

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« L'imaginaire c'est ce qui tend à être réel . » André Breton


- Ouvrons tout de suite ce journal sur un fait divers inquiétant qui s'est déroulé hier soir dans la petite ville de Maugoin. Le corps calciné d'une joggeuse a été découvert dans le jardin public. Une source policière nous a indiqué n'avoir aucun suspect pour le moment.


En entendant les mots que crachote sa vieille télé, John Roman se crispe. Cet événement lui rappelle quelque chose. Il ferme les yeux en serrant son verre de whisky, avant de rigoler nerveusement. Se parlant à lui-même :

- Nan, c'est pas possible. C'est tellement courant.


Pour se rassurer, il se force à se souvenir de ces crimes qui ont marqué notre époque. Il se remémore rapidement quelques affaires. Il expire bruyamment et se dirige vers le poste télévisé. L'écran retransmet les images de la forêt où cette femme à été tuée. Sur celles-ci, des policiers fourmillent et s'affairent, fouillant entre chaque brin d'herbe, soulevant chaque pierre. Le cœur de John se serre douloureusement. Et pour s'apaiser, il sait qu'il doit se parler :

- Ils ne pourront pas remonter la piste jusqu'à moi. Je ne suis même pas impliqué. Oui, c'est exactement ça, je n'ai rien fait.


Il se lève rapidement du tabouret sur lequel il était perché et éteint la télé. Se dirigeant vers sa chambre, d'un pas las. En passant devant sa bibliothèque, il ne peut résister à l'envie de trouver ce livre. Il sait exactement où il est placé mais prétend de ne pas le voir. Sûrement pour retarder l'instant où son cœur ratera un battement. Mais son regard dévie irrémédiablement sur ce maudit bouquin. Il hésite avant de le prendre entre ses mains moites. Il observe la couverture, qu'il caresse du bout des doigts. Ces derniers s'arrêtent sur le nom de l'auteur. Sa mâchoire se serre. Non, il ne peut pas l'ouvrir et lire les cinq milles mots que contient ce chapitre. Pourtant il les connaît déjà. Oui, ils résonnent si fort dans son esprit que l'on pourrait aussi les entendre. Il tapote le livre avant de le ranger à sa place. Et demain, il ira s'informer sur l'assassinat du jardin public.


Le matin vient enfin. Après une nuit de cauchemars, John se réveille, engourdi par le poids de chacune des lettres de ce thriller. Les maux de notre homme se résument à des mots. Il s'habille en vitesse, ne prenant même pas le temps de se doucher ni de déjeuner. Il s’engouffre dans la brume et marche d'un pas pressé vers le cybercafé le plus proche. Le néon surplombant la porte indique « 24h/24h », il clignote faiblement, sans réelle conviction. John pousse la porte. Il n'est pas seul, un groupe de jeunes squatte plusieurs ordinateurs. Sans un bonjour, il récupère un ticket d'accès et prend place devant un écran. Il tape le code, dans la précipitation, comme si il attendait les résultats d'un concours ou du loto. Mais ce qu'il veut savoir, c'est son degré de culpabilité. Lorsqu'il ouvre une première page internet, montrant la photo de la fille en question, la télé derrière lui le rappelle à l'ordre. Il se retourne en une seconde, avant que le présentateur ne se mette à déclamer son texte :

- Suite à la découverte d'un second corps près de la rivière de Maugouin dans la nuit, la mairie met en place un couvre-feu à 21h.


La respiration de John se coupe. Il est stupéfait. Le reportage commence déjà. Il mime les mots du journaliste, tel une poésie.

- Un homme a été retrouvé démembré à deux pas du chemin menant à la rivière. Son corps est à moitié calciné.


- Il lui manque l'annulaire gauche, tout comme la joggeuse. Souffle-t-il.

- Vous avez dit quoi ? demande un vieil homme d'une voix rauque.


John sursaute en s’apercevant qu'on l'écoute. Ce monsieur, a dû entrer au moment où le reportage a commencé.


- Je n'ai rien dit, répond John en baissant le regard.


- Si. Vous avez dit qu'ils avaient l'annulaire gauche coupé, dit-il en montrant ledit doigt sur sa main.


- Ma sœur travaille sur l'enquête. Vous … il bafouille …. vous n'avez pas à savoir ça, S'il vous plaît oubliez-le. Il joint ses mains, priant en ce qu'il n'a jamais cru.


L'homme affiche un large sourire, laissant apparaître des dents jaunes et abîmées. John a l'impression de le connaître, de l'avoir déjà vu. L'homme lève un doigt crochu et dit d'un ton froid :


- Vous, vous cachez quelque chose.


Il part après avoir volé le ticket d'accès, sûrement pour avoir un nom. Immédiatement le visage de notre homme terni. De peur, car il redoute que l'homme aille voir la police. Sauf que John sait qu'il ne peut rien faire. Pour ne pas paraître suspect, il devine aussi qu'il ne doit rien faire. Il déglutit. Il le sait car William le sait. Il se met debout et quitte le cybercafé, sans payer. La guichetière le hèle et tente de le rattraper mais il court. Il galope pour échapper à son destin qu'il tente d'ignorer.


En sueur il arrive à son appartement, passant la porte, épuisé par l'effort. Il atteint avec difficulté la bibliothèque qui contient l'origine de son auto-accusation. Il attrape le livre en tremblant. La sueur perle sur son front. Ses sourcils se froncent quand il lit le nom de l'auteur : John Roman, ses yeux descendent sur le titre, écrit d'une teinte de rouge qui rappelle celle du sang : « Crimes d'auteur ». Il clos ses yeux pendant ce qui semble être une éternité et fait défiler les pages sous ses doigts. Ces derniers s'arrêtent sur une en particulier. Il ouvre les yeux et commence à lire à voix haute :


- Fait divers : un sans domicile fixe à été retrouvé égorgé cette nuit dans la ville de Hambourg. Derrière le journaliste, l'image de l'homme apparaît. Il est vieux et ses dents sont pourries, des cheveux longs et grisonnants tombent sur un visage qui a vu les années passer. Le journaliste poursuit : Cet homme était connu des services de police pour des violences ainsi que des vols à l'étalage. Il n'y a toujours aucun suspect dans cette enquête.


Il s'arrête. Presque heureux de ce qui va peut-être se passer. Il se lève et va se doucher, afin de nettoyer son corps couvert de culpabilité.


La journée passe et la nuit aussi. Au petit matin, après d'incessants monologues de sourd, il allume son poste de radio tout en préparant du café. Après dix minutes de blabla sans importance, l'animateur annonce un flash info. Et John reprend ce même rire nerveux qu'il y a deux jours. Il répète à quelques mots près ce qu'il avait écrit dix ans plus tôt. Mais après quelques secondes, il se stoppe net. Il réalise que ces crimes venant de son imagination se réalisent. Tous, un a un. Le dernier ressemblant parfaitement à ses écrits. Et il sait qu'il en reste un. Il sursaute en se souvenant. Sa mâchoire claque. Il bondit et se saisi de son œuvre. Il retourne le livre et affiche la quatrième de couverture : il lit ce qu'il sait déjà. Une joggeuse est retrouvé morte et incendiée en pleine forêt. L'annulaire coupé, plus tard ce sera trois autres hommes qui seront mystérieusement tués. Une histoire d'adultère dont on ne connaît pas vraiment le dénouement. Il n'a plus le temps de comprendre. C'est déjà trop tard.


Machinalement il pose son doigt sur la dernière page et lit la phrase de fin, quand derrière lui il perçoit les pas de quelqu'un. La morale de l'histoire était pourtant si simple. Seule elle importait vraiment dans le roman. Ce qu'il voulait lui, c'était dénoncer.

- L'homme de noir vêtu s'approche de sa prochaine victime, qui n'est autre que son créateur. L'assassin met fin à la machine infernale qui créée de nouveaux monstres déjà bien trop présents sur cette Terre.

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Je ne savais pas où écrire cette petite note du coup je la mets ici en attendant de trouver mieux.

-> Je voulais cette chute mais je trouve la fin maladroite, trop précipitée. Je n'étais pas bien inspirée pour écrire tout ce qu'il se passe avant la chute. Je reprendrai ce texte plus tard afin de l'améliorer. Pour l'instant je suis très peu satisfaite de ce texte, mais je dois me tenir le défi que l'on s'est lancé.

-> Je dépose le texte un peu tard, excusez-moi mais j'ai été bien occupée cette semaine ce qui m'a empêché d'écrire au fur et à mesure. En reprenant bien tout plusieurs fois.

-> Je pense avoir fait de nombreuses fautes d'orthographe, je m'en excuse, et vous remercie grandement de me les signaler, je n'ai fait que deux relectures pour le moment.






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