Fatiguée

3 minutes de lecture

Je suis fatiguée.

Fatiguée moralement et physiquement.

Physiquement par ce travail qui m'épuise, par ces horaires décalés, parfois je suis levée à quatre heures du matin, parfois débauchée à minuit. J'ai l'impression d'être partout et nulle part à la fois, je dois être ici et là, en même temps et faire cela avec l'exigence que l'on m'impose.

Fatiguée physiquement aussi par cette maladie qui me ronge de l'intérieur. Tantôt, mon organisme décide de se ralentir et donc les tâches au travail deviennent de réels supplices. Tantôt, il décide d'accélérer la cadence, et là, c'est mon irritabilité qui prend le dessus.

C’est ce qui fait partie de mon épuisement moral également. Je suis fatiguée et comme tout être humain fatigué, je deviens désagréable, car peu de sommeil, car submergée par le travail.

Ce n'est jamais assez bien fait pour ceux qui me jugent, ceux-là même qui ne décolle pas leurs fessiers de leur chaise. Je suis épuisée de leurs remontrances. De ces listes de choses mal réalisées la veille, et de ces collègues qui vous demandent de l'aide à chaque instant sans jamais vous proposer la leur.

Je suis fatiguée de l'hypocrisie dont ces gens font preuve. Ces faux sourires, ces critiques. Ils se critiquent tous entre eux, mais disent être dans une équipe solidaire.

Solidaire.

Ont-ils déjà lu la définition de ce mot...

Je suis épuisée moralement de cette ambiance malsaine. Plus qu'avec une tenue de travail, je devrais arriver au travail en étant une autre personne, afficher un sourire quoi qu'il se dise et se passe. Je devrai critiquer avec haine ma collègue parce qu'elle a mal fait ça ou ceci, et puis une heure après me retrouver avec elle en pause et rire aux éclats quand elle me raconte son week-end.

Je ne suis pas comme ça. Je ne peux être que moi.

Une jeune femme qui veut apprendre, comprendre, qui combat une maladie que personne, ni même elle, ne comprends totalement. Cette maladie qui impose un rythme de vie sain, des régimes stricts et un environnement calme et serein. Comme pour tout autre être humain, me direz-vous et vous auriez raison bien sûr.

Mais est-ce que chacun de ces êtres humains à ces douleurs continuelles dans le ventre, les jambes et dans la tête ? Ces jambes frêles, qui vous donnent sans cesse l'impression qu'elles vont lâcher et vous faire tomber, ce qu'elles font parfois quand vous n'écoutez pas leurs alertes. Ce ventre qui vous impose des régimes stricts, que vous ne respectez pas, car votre moral en pâtit si vous vous privez de choses que vous aimez. Cette tête qui vous bloque, ces absences, ces stops qu'elle vous force à faire.

Bien malgré vous, vous allez trop vite, vous voulez tout faire bien, vous vous mettez trop de pression et pour chaque chose du quotidien.

Parfois et comme aujourd’hui, je n’arrive plus à supporter.

Je suis fatiguée. Souvent, j'ai envie de tout lâcher. Je voudrais juste un instant être apaisée.

Ne plus penser aux critiques que j’aurai le lendemain au travail. Ne plus m'imposer ces médicaments en priant que mon corps ne me lâche pas.

Dormir.

Je voudrais juste dormir. Pas juste fermer les yeux, les rouvrir après chaque cauchemar, refermer les yeux, me réveillant en sueur et en pleurant, puis refermer les yeux et entendre mon réveil.

Dormir.

Et sourire. Un vrai sourire, honnête et sincère.

Vous savez, à côtoyer des gens hypocrites, j'ai peur de le devenir.

Ce n'est pas ce que je suis, je le sais.

Combien de temps vais-je encore subir ?

Partez, me direz-vous.

Des boulots, ce n'est pas ce qui manque voyons. Évidemment.

Mais partir pour trouver pire n'est pas le mieux à mon sens.

Ne dit-on pas que l'on sait ce que l'on perd et non ce que l'on gagne ?

Alors j'attends, pas que ça passe non, ça ne passera pas.

J'attends que la vie fasse son chemin. Que le destin rentre en jeu.

Ou peut-être que je suis destinée à vivre cela. Peut-être que cette expérience me servira...

J'ai dû faire du mal à quelqu'un dans ma vie pour mériter ça... Je ne sais pas.

Veuillez me pardonner, je pars dans tous les sens, car je suis fatiguée.

Fatiguée de vivre, mais jamais d'écrire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Proses & Maux ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0