Impatient de pouvoir enfin me retrouver seul avec Agathe, inquiet à l’idée de tout gâcher, je me suis perdu dans une volonté de perfection. J’ai fait du romantise une obsession. Notre premier tête à tête se devait d’être inoubliable. Bouquet de roses, dîner aux chandelles sur ma terrasse avec en fond le soleil se couchant. Avant l’arrivée d’Agathe, j’ai jeté un dernier coup d’œil satisfait sur la décoration que Claire m’avait aidé à mettre en place. Des guirlandes lumineuses le long de la balustrade, quelques plantes artificielles pour égayer un peu l’espace.

Comment aurais-je pu prévoir qu’elle amènerait avec elle, le monstre à quatre pattes, offert à son fils par son père ? En à peine dix secondes, il a tout ravagé. Dès qu’elle lui a ôté sa laisse, l’animal s’est précipité sur la terrasse, dégommant au passage certaines des décorations. La table a ensuite attiré son attention. Par chance, je n’avais pas encore allumé les bougies ! Les verres ne lui ont pas résistés ! Pour une fois que je me servais du cadeau de ma mère ! Pour conclure, la chose n’a rien trouvé de mieux que de faire ses besoins !

J’ai dû improviser un plan b qui a commencé par contenir la bête sur la terrasse !

Une heure plus tard, installés dans le canapé, Agathe se blottit contre moi. Sa tête posée sur mon torse, ses bras m’encerclant.

Je l’embrasse sur le sommet de son crâne. Le parfum boisé de son champoing chatouille mes narines. Mes doigts caressent ses cheveux soyeux.

Agathe se serre davantage contre moi.

Nos cœurs résonnent à l’unisson comme si le sien avait calé son rythme sur le mien.

Nous n’échangeons pas un mot. Inutile.

Assis l’un contre l’autre, nous apprécions ce moment de paix, conscients qu’il ne se représentera peut-être pas avant un moment.

Ma main parcourt son dos.

Notre respiration est lente, notre souffle à peine audible.

J’aimerai que cet instant dure le plus longtemps possible. Je pourrais rester des heures dans cette position, Agathe dans mes bras. Je n’ai besoin de rien d’autre que du contact de son corps contre le mien.

Est-ce ça le bonheur ?