Le Poudlard Express
Le quai 9¾ était invisible aux yeux des Moldus. Louise Potter le savait, sans même qu’on ait à le lui expliquer. Quand Harry paniqua à l’idée de rater le train, elle posa simplement une main sur son bras.
— Regarde cette famille, souffla-t-elle. La mère parle de Moldus, elle a sûrement des enfants sorciers. Suivons-les.
Et effectivement, la famille Weasley passa tranquillement à travers un pilier de brique.
Audric cligna des yeux. Louise, elle, avança d’un pas sûr et disparut dans la pierre sans se retourner.
De l’autre côté, le Poudlard Express attendait, crachant de la vapeur dans l’air matinal. Les hiboux hululaient dans leurs cages, les chats miaulaient, les valises roulaient dans tous les sens. Les élèves riaient, s’embrassaient, se disaient au revoir.
Louise resta un instant à observer tout cela. Elle n’avait jamais vu un tel chaos… et pourtant, elle s’y sentait parfaitement à sa place.
Après avoir dit au revoir à Hagrid, Louise monta seule dans le train. Elle laissa Harry avec Ron et Hermione, qu’il venait tout juste de rencontrer.
Elle n’était pas fâchée. Juste… différente. Elle ressentait le besoin d’être ailleurs.
Les compartiments étaient pour la plupart déjà occupés. Des têtes se retournaient sur son passage. Certaines la reconnaissaient. D’autres la fixaient à cause de sa longue cicatrice inversée, qui descendait de son sourcil droit jusqu’à sa joue.
Mais aucun regard n’était hostile. Seulement de l’admiration.
Enfin, elle aperçut un compartiment avec une seule personne à l’intérieur. Un garçon blond, au teint pâle, élégant dans ses vêtements noirs.
Il la regarda entrer avec des yeux gris très clairs, presque argentés.
Louise ouvrit doucement la porte coulissante.
— Est-ce qu’il y a de la place ici ? demanda-t-elle, d’un ton tranquille.
Il la fixa un court instant. Puis un sourire léger s’esquissa sur son visage.
— Bien sûr, dit-il. Pour toi, toujours.
Elle leva un sourcil. Il précisa, un peu plus doucement :
— Je veux dire… tu es Louise Potter, non ?
Elle hocha la tête.
— Et toi, tu es ?
— Drago Malefoy.
Elle prit place en face de lui. L’ambiance dans le compartiment changea instantanément. Pas de gêne. Pas de tension. Juste deux élèves qui se dévisageaient avec une étrange impression de familiarité.
— Je pensais que tu serais avec ton frère, dit Drago en la regardant poser sa cage avec sa chouette blanche.
— Il avait l’air bien entouré, répondit-elle simplement.
Drago sourit.
— Il est célèbre, mais… tu l’es encore plus.
Louise ne réagit pas à la flatterie. Elle observait le paysage défiler à travers la vitre, les arbres flous, les vallées vertes.
— Je n’ai rien fait pour l’être, dit-elle. Je me contente d’exister.
Un silence. Puis Drago reprit :
— Tu sais déjà dans quelle maison tu veux aller ?
— Pas encore. Et toi ?
— Serpentard, bien sûr. C’est là que vont les Malefoy depuis des générations. Ambitieux, intelligents, puissants.
— Et arrogants ? lança Louise sans méchanceté.
Drago eut un rire bref.
— Parfois. Mais moi, j’aime reconnaître ce qui est… remarquable.
Il la regardait intensément. Louise soutint son regard.
— Tu veux dire : ce qui est utile ?
— Non. Ce qui est rare.
Ils parlèrent longtemps. De Poudlard. Des matières qu’ils voulaient découvrir. De leurs baguettes.
Louise lui parla brièvement de Nyx, sa chouette.
Drago, de son balai dernière génération — un Nimbus 2001 que son père lui promettait dès qu’il aurait sa place en équipe.
Quand une vendeuse passa avec le chariot de friandises, Louise acheta un peu de tout. Elle partagea automatiquement avec lui.
— Tu n’aimes pas poser de questions, remarqua-t-il en croquant dans une Chocogrenouille.
— Non. Je préfère écouter.
— Et pourtant, dit-il, tu donnes envie de parler.
Le compliment était sincère, mais pas lourd. Et c’est ce qui le rendit d’autant plus marquant.
Louise, pour la première fois, se sentit un peu… déstabilisée.
Pas inquiète.
Juste... curieuse.
Le soir tombait quand le train ralentit.
Louise et Drago rangèrent leurs affaires. Ils s’étaient tus depuis quelques minutes, un silence confortable entre eux.
Quand ils descendirent du train, Drago se tourna vers elle.
— J’espère qu’on sera dans la même maison, dit-il doucement.
Louise inclina la tête.
— Moi aussi.
Puis elle s’éloigna, rejointe par Hagrid qui appelait les premières années. Drago la regarda monter dans la barque avec Harry, Ron et Hermione.
Ron lui jeta un regard noir. Harry, lui, semblait confus, mais pas hostile.
Louise s’installa calmement, le regard tourné vers le château illuminé au loin.
Elle ne le savait pas encore, mais quelque chose venait de commencer.
Quelque chose d’important.
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