Entre les ombres et les coeurs

4 minutes de lecture

La lumière était douce, dorée, filtrée par les vitraux de l’infirmerie. Le silence, complet. Louise Potter ouvrit lentement les yeux, clignant des paupières contre l’éclat.
Tout son corps était lourd. Sa cicatrice lui pulsait encore doucement, comme une brûlure sourde.

Et face à elle… se tenait le professeur Rogue.

Il était assis dans un fauteuil, les bras croisés, immobile.

— Ah. Enfin réveillée, murmura-t-il.

Louise tenta de se redresser, mais un vertige la cloua contre l’oreiller.

— Ne bougez pas, ajouta-t-il immédiatement. Vous avez perdu connaissance en plein couloir. C’est un miracle que vous n’ayez pas ouvert la tête. Malefoy vous a rattrapée. Rapidement.

Elle baissa les yeux, gênée.

— Ma… ma cicatrice… Je…

— Je sais. Elle a réagi violemment. Et ce n’est pas la première fois.

Elle se figea.

— Vous saviez que ça allait arriver ?

Rogue la fixa, longuement.

— Je me doutais que quelque chose ne tournait pas rond. Vous avez les yeux cernés depuis des jours. Vous fixez vos parchemins sans les lire. Et j’ai enseigné assez longtemps pour reconnaître les signes d’un esprit en souffrance.

Louise serra le drap entre ses doigts.

— Ce ne sont pas des cauchemars… Ce sont des… souvenirs. Ou des choses que je n’ai jamais vécues. Et je ressens des émotions qui ne m’appartiennent pas. Des peurs. De la colère. Une magie noire, puissante. Comme si quelqu’un… se servait de moi comme d’une antenne.

Rogue resta silencieux.

Puis, à voix basse :

— Vous ressentez des choses que vous ne comprenez pas encore. Et cela ne signifie pas que vous devez les affronter seule. Si vous ne parlez à personne, vous finirez par vous briser.

Il se leva, ramassa une fiole sur la table.

— Je ne peux pas effacer ce lien. Pas encore. Mais je peux vous aider à le supporter.

Il posa la fiole dans sa main.

— Une gorgée, chaque soir. Pas plus. Et dormez. Dormez vraiment.

Il quitta la pièce, sa cape flottant derrière lui.

Et quelques minutes plus tard, les visites commencèrent.

Harry

Harry entra timidement, les mains dans les poches, la cape froissée, les cheveux plus en bataille que d’habitude. Il s’assit près du lit, silencieux.

— Tu vas mieux ? demanda-t-il.

— Je crois, dit-elle doucement. J’ai l’impression qu’on m’a arraché le cerveau, mais… oui.

Harry baissa la tête.

— Je me suis tellement inquiété. Je… J’ai eu peur de te perdre. Encore.

Louise le regarda, émue. Il ne montrait pas souvent ses émotions, mais quand il le faisait, ça lui allait droit au cœur.

— Tu ne me perdras pas, Harry. Pas toi.

Ils se sourirent, un sourire fatigué mais sincère.

Il lui parla ensuite du dernier entraînement de Quidditch, de Fred et George qui avaient piégé le sac de Rogue avec des œufs de Doxys, et ils rirent ensemble.

Mais quand il se leva pour partir, il s’arrêta à mi-chemin.

— Tu m’en parleras, un jour ? De ce que tu ressens vraiment ?

Louise le fixa un instant.

— Un jour. Promis.

Hermione

Hermione arriva les bras chargés de livres. Naturellement.

— Tu as failli t’évanouir à cause d’une surcharge magique. Tu te rends compte ? Tu aurais dû me le dire, Louise !

— Je ne savais pas comment.

— Tu es brillante, puissante, et tu ressens la magie différemment de nous. C’est évident. Mais même les meilleurs sorciers ont besoin de soutien.

Elle passa une bonne heure à lui parler d’un ancien cas similaire, lu dans un vieux registre sur les anomalies magiques héréditaires. Louise écoutait en silence, touchée par son inquiétude.

Avant de partir, Hermione lui serra brièvement la main.

— Tu n’es pas seule, Louise. Ne l’oublie pas.

Ron

Ron entra les bras croisés, visiblement mal à l’aise.

— Salut. T’as l’air moins… morte.

Louise éclata de rire malgré elle.

— Merci pour la délicatesse.

Il rougit.

— J’ai eu peur, tu sais. J’ai cru que… que c’était comme… Voldemort.

Il le prononça très bas, en baissant les yeux.

— Peut-être que c’est lié, murmura-t-elle.

Il leva la tête.

— Quoi ?

— Rien. C’est flou. Mais je ressens des choses étranges. Je t’expliquerai.

Ron soupira.

— T’as pas le droit de faire ça encore. De tomber sans prévenir.

— Je vais essayer de prévenir la prochaine fois.

Un silence. Puis Ron sortit un paquet de dragées surprises de Bertie Crochue et le posa sur sa table.

— J’ai trié, y’a pas de goût crotte de nez. J’crois.

Louise sourit.
— C’est adorable… d’une certaine façon.

Drago

Le soir tomba. L’infirmerie était vide. La plupart des malades dormaient ou avaient été renvoyés.

Quand Drago entra, il ferma la porte derrière lui.

Il resta un moment sans parler.

Puis s’approcha lentement.

— Tu as eu peur ? demanda-t-il.

— J’ai eu mal, répondit-elle.

Il hocha la tête, s’assit au bord du lit, mais ne la regarda pas directement.

— Je t’ai rattrapée, tu sais. T’as failli t’écraser sur le sol, comme un hibou endormi.

Elle sourit doucement.

— Merci.

Un silence. Plus long. Plus lourd.

— C’est pas censé t’arriver à toi, dit-il enfin. Pas à une fille comme toi.

— Comme moi ?

— Puissante. Fière. Insolente. Têtue. Trop intelligente pour ce château, trop tordue pour Gryffondor, trop brillante pour Serpentard.

Elle le regarda en coin, intriguée.

— Tu veux dire que je suis juste… moi ?

— Exactement.

Il se leva, comme s’il fuyait ce qu’il venait de dire.

— Repose-toi. Je ne veux plus te ramasser dans les couloirs.

Il alla vers la porte. Puis se retourna, un sourire en coin :

— Mais si jamais tu recommences, t’as pas intérêt à tomber dans les bras d’un autre.

Et il disparut.

Louise resta figée, son cœur battant un peu plus fort.

Annotations

Vous aimez lire Destiny ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0