30 janvier - 18 heures

2 minutes de lecture

La Sûreté était si glaciale que Gabrielle remonta son étole sur ses épaules. Le cachemire réchauffait sa peau et le froid la faisait frissonner.

Elle sourit en songeant à ce qui allait la faire frissonner bientôt.

Le policier de garde, jeune homme studieux et assermenté, l'arrêta devant la porte de M. Lenormand.

Gabrielle le regarda, amusée et dépitée.

" Vous n'avez toujours pas compris, monsieur ? M. Lenormand m'attend.

- Non, madame."

Avant qu'elle ne puisse lui caresser la moustache, le jeune policier s'exclama :

" Monsieur Lenormand a laissé ceci pour vous, madame.

- Un message ? Arsène est coquin aujourd'hui."

" Je t'attends dans une loge aux Variétés. Viens me rejoindre."

" Mon cher Arsène a le don de la surprise. Je vais lui en faire une de taille. Vous ne croyez pas ?"

Impassible, le jeune policier hocha la tête...Impassible, si on négligeait le rouge de ses joues et l'étincelle qui faisait briller ses yeux.

Gabrielle du Plessis cacha de nouveau ses ravissantes épaules et disparut de la Sûreté, ne laissant dans son sillage que son parfum...

" Cette place est libre, monsieur ?, fit une femme masquée en apparaissant dans la loge du fameux chef de la Sûreté.

- Mhmmm. Non. Mais je vais peut-être faire une exception.

- Vous attendez quelqu'un ?

- J'attendais. Mais elle est en retard. Un souci de toilette, sûrement. Ou de haïku.

- Ce sont des soucis de femme. Voulez-vous que je vous tienne compagnie en l'attendant ?"

Arsène Lenormand contempla la femme et accepta le jeu.

" Ce serait inespéré.

- Vous êtes charmant, merci."

L'inconnue s'assit au côté de l'homme et se tourna vers la scène.

" La Vie Parisienne". J'ai déjà vu. Raoul de Gardefeu et la baronne de Gondremarck. Où en sommes-nous ?

- Gabrielle va chanter "Je suis veuve d'un colonel".

- Mhmmm. Alors si Gabrielle chante, il faut l'écouter. N'est-ce pas ?

- On écoute toujours Gabrielle."

L'inconnue rit.

Puis elle se leva et lentement, releva ses jupes.

Juste ce qu'il fallait pour dévoiler ses jambes, interminables, et plus encore.

M. Lenormand tendit la main et la força à s'avancer vers lui.

" Tu vas chanter pour moi ?"

Gabrielle retroussa sa robe, juste assez pour s'asseoir à califourchon sur Arsène.

" Voyons si tu peux tenir le rythme. C'est un opéra-bouffe tout de même...

- Mhmmmm. Gabrielle..."

Il tint le rythme et ce ne furent que des soupirs qui dérangèrent les autres spectateurs.

Gabrielle ne chanta pas.

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