14 février - 9 heures

2 minutes de lecture

Une carte arriva au nom de Gabrielle du Plessis, chez Madame Magloire.

Ce n'était pas inhabituel de recevoir du courrier, mais le contenu provoqua un esclandre. Une carte avec un petit angelot qui tirait une flèche en sa direction. Il était écrit une phrase : " My Valentine, be ready at 11 AM..."

La cocotte débarqua dans le salon du One-Two-Two, échevelée et agacée.

" Qui est Valentine ? Je n'apprécie pas qu'on me donne le courrier d'une autre.

- Valentine ? Il n'y a pas de Valentine ici," répondit une voix.

Gabrielle frappa le sol de son talon et s'exclama :

" C'est encore pire ! Quelle est la sagouine qui me donne un faux message ? Que je lui en colle une bien sentie."

Un ange passa et personne ne répondit.

Gabrielle remonta dans sa chambre en grommelant.

La réponse à cette énigme se présenta plusieurs heures plus tard.

M. Lenormand entra dans la chambre de la cocotte. Plus élégant qu'à l'accoutumée, il portait un large bouquet de roses rouges.

Son sourire disparut lorsqu'il vit la femme encore vêtue de son kimono de soie, des babouches persanes aux pieds.

" Mais Gabrielle ? Tu n'es pas habillée ?"

La joie qu'éprouva la cocotte en voyant son bel amant se transforma en incompréhension.

" Tu ne m'aimes pas ainsi ? Tu me préfères en dessous ? Ou en tenue d'Eve ? Attends !"

Lentement, Gabrielle défit son kimono, seulement au lieu d'attiser la passion, cela attira M. Lenormand près d'elle.

Il la retint en souriant.

" Tu ne peux pas déjeuner en tenue d'Eve, ma toute belle. Même si personnellement, cela me plairait assez.

- Tu m'emmènes déjeuner ?

- Tu n'as pas reçu ma carte ?

- Une carte ? Quelle carte ? Non, rien n'est venu de ta part... Ou alors..."

La cocotte se jeta sur sa poubelle et en sortit un carton déchiré.

" Je ne m'appelle pas Valentine ! Tu t'es trompé de cocotte !"

C'était trop pour un seul homme. Arsène Lenormand se mit à rire.

" Mais non. C'est la Saint- Valentin !

- Et alors ? Je ne m'appelle pas non plus Valentin ! Que me fais-tu encore ?

- C'est une tradition américaine. Barnett m'a expliqué. Ecoute..."

Gabrielle écouta et comprit.

Elle revêtit sa plus belle robe et essaya de sauver sa première carte de Saint-Valentin.

Après toutes ces péripéties, l'heureux couple n'eut que deux heures de retard au restaurant, on les avait attendus malgré tout. Le prestige du chef de la Sûreté y joua pour beaucoup.

Et Gabrielle pardonna tout à son Arsène...

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