4 mars - 14 heures 30

3 minutes de lecture

L'Agence Barnett et Cie était située dans la rue de Laborde, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Le quartier était luxueux et les hôtels particuliers se mêlaient aux grands magasins.

L'Agence prouvait assez les efforts désespérés du patron de donner à ce modeste établissement un style américain.

La porte d'entrée était vitrée et une plaque de cuivre affichait :

" Agence Barnett et Cie

Renseignements gratuits".

Les renseignements étaient gratuits en effet et l'efficacité du maître n'était plus à prouver. Il suffisait d'être une jolie femme et d'avoir de gros ennuis pour obtenir toute l'attention de Jim Barnett.

Son adjoint s'appelait Théodore Béchoux, il était dandy et inspecteur de police. Ce qui allait difficilement ensemble. On saluait donc les tentatives du policier.

Gabrielle du Plessis s'inquiétait pour son ami, l'Américain. Elle ne l'avait pas revu depuis le match de boxe. Elle avait été occupée et Jim n'était pas un homme à chercher la compagnie.

On allait le voir si on le désirait. Pas l'inverse.

Donc, un peu penaude, la cocotte frappa à la porte vitrée et attendit patiemment que quelqu'un vienne se charger d'elle.

A sa profonde surprise, une femme magnifique lui ouvrit la porte.

" Madame ?

- Je...je cherche M. Barnett...

- Il est là. Vous êtes ?

- Mme Gabrielle du Plessis.

- Un instant, madame."

La porte fut claquée irrévérencieusement au nez de Gabrielle qui en conçut un profond agacement.

Plusieurs minutes se passèrent et l'agacement s'était mué en colère.

La porte s'ouvrit pour la laisser entrer.

Dans la pièce d'accueil de l'Agence Barnett et Cie se tenaient trois personnes. Deux hommes et une femme.

Tous les trois la contemplaient sans aménité.

" Le patron a du travail. Il recherche une lettre d'amour," annonça l'un.

Très bien habillé, il se tenait nonchalamment appuyé contre un bureau couvert de dossiers en équilibre instable.

" Entre autre, fit l'autre. Le patron cherche aussi un collier de perles.

- Tais-toi Charolais !, grogna la femme. Tu parles trop.

- Sonia Krichnoff, mon chou. Tu me les brises, tu sais ?

- Avec plaisir. C'est tout bénef.

- Tsss ! Si le patron vous entendait...," ricana le dandy.

Une porte s'était ouverte et une voix bien connue répondit :

" I heard you wasting MY time talking ! Charolais, do something useful and go fetch me a coffee ! Black and hot ! Not lukewarm ! HOT !"

L'interpellé ne se le fit pas répéter et disparut avant même que Jim ait terminé sa tirade. Le dandy sourit, amusé, mais l'Américain le foudroya du regard.

" And what about you ? What are you smiling at ? Do you have some intel about the gold-toothed thief ?

- Ben. Je...je me suis dit que... On irait ensemble parler à l'abbé Dessole et...

- You need me to hold your hand, Béchoux ?"

Le flic se tut. Sonia gloussa.

" And you ? Anything new about the tiara ?

- Non !, rétorqua fermement la femme.

- What are you still doing here then ?

- Je me le demande aussi ! Au revoir, monsieur Barnett !"

Sonia Krichnoff partit, la tête haute et la colère marquée.

Gabrielle regarda l'Américain et le trouva beau. Il lui avait manqué et elle regrettait leurs promenades dans les lieux interlopes de la capitale.

Dès que tout le monde se fut enfui de l'Agence, elle ne perdit pas de temps. Elle se jeta dans les bras de Jim Barnett.

L'homme resta de marbre tandis qu'elle l'embrassait amoureusement.

" Why are you here, Gabrielle ? I have work to do !

- Work ? You are just barking at people and bossing them around.

- So ?"

Elle lui caressa tendrement la joue et souffla :

" So... c'est attirant.

- Hmph !

- Tu m'as manqué ! Cela te surprend ?

- I don't think so. You went back rue Jacob.

- Oui. Et alors ? Tu crois que je t'ai oublié ?

- I don't know. You're never here.

- Mhmmm. Je t'ai manqué alors."

Gabrielle rit et murmura :

" Ce n'est pas grave, tu sais. Tu m'as manqué terriblement.

- Please !"

La cocotte mit tout son charme à faire tomber son privé américain.

" Tu es un homme merveilleux. Quand as-tu fini ton travail ? J'ai envie d'un verre en ta compagnie.

- No time for that !

- Envie d'aller danser.

- No time for that either !

- Envie de toi.

- Mhmmmm. Still no..."

Là, la cocotte posa son index sur les lèvres du détective et asséna :

" Attention, Jim. Il y a des mots qu'il ne faut pas dire. Viens avec moi et laisse-moi faire amende honorable. Je suis allée chez les Amazones, oui, et sais-tu ce que j'ai vu ?

- What ?

- Je n'ai vu que ton absence. Toi, toi, toi... Partout et nulle part."

Jim Barnett réfléchit et grogna :

" Thirty minutes and I'm done. Sit and be quiet ! Charolais'll fetch a coffee for you as well !

- Merci, Jim. J'ai hâte !"

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