14 mars - 11 h 30

2 minutes de lecture

La Sûreté était en effervescence ! La crue de la Seine reprenait de plus belle et des quartiers de Paris se retrouvaient inondés. On se déplaçait en barque, les quais devenaient des terres sous marines.

Gabrielle du Plessis regardait les rues depuis les fenêtres du bureau du chef de la Sûreté. Elle avait froid dans cet immeuble mal chauffé.

Voyant la femme frissonner, un homme vint la serrer dans ses bras, l'attirant au plus près de lui.

" Comment as-tu fait pour venir aujourd'hui ?

- Une barque m'a transportée ce matin."

Arsène Lenormand regarda la cocotte et sourit, tendrement amusé. Gabrielle était venue avec ses rubans, ses dentelles, son ombrelle... La voilà couverte de boue et les chaussures détrempées.

" Que tu es déraisonnable ! Comment vas-tu rentrer maintenant ?

- Une autre barque, je suppose. Sinon, je nagerai !"

Lenormand rit dans les boucles de sa compagne, s'enivrant de son parfum.

" Certainement pas. Je te ramènerai !

- En barque ?

- Non. S'il le faut, je te garderai. Te voilà coincée avec moi !

- Chez toi ?"

Gabrielle se tourna vers Lenormand et lui fit un large sourire. Qui disparut aussitôt lorsque l'homme lui répondit, penaud :

" Non. Ici. Je dois rester à la Sûreté. A cause des crues.

- Pourquoi ? Tu dois écoper si jamais la Sûreté prend l'eau ?

- Gabrielle, Gabrielle, Gabrielle..."

Lenormand soupira, désolé.

Il tenait dans ses bras une femme merveilleuse, dont il avait merveilleusement envie et il avait une Sûreté à diriger. Les Brigades du Tigre, qui obéissaient au préfet de police, Célestin Hennion, lui prenaient beaucoup de temps.

Valentin, Pujol et Terrasson étaient brillants, mais difficiles à gérer.

Aux affaires en cours s'ajoutaient des scandales politiques, des enquêtes judiciaires, des réformes indispensables à mettre en place dans les services policiers.

Ne serait-ce que les expertises médico-légales... Les fiches anthropomorphiques, les empreintes digitales, les ateliers de photographie qu'il fallait généraliser et organiser.

" Tu n'as pas de temps pour moi, si je saisis bien, fit la cocotte d'une belle voix neutre à souhait.

- Je travaille, Gabrielle. Et tu le sais.

- Bien. Je suis venue te remercier pour Janine et te demander de déjeuner avec moi. Je reviendrai."

La cocotte se détacha peu à peu de l'étreinte.

L'homme la retint.

" Reste ! Il y a un lit d'appoint dans mon antichambre. On peut organiser un pique-nique. Sandwichs et bières. Avec un Paris-Brest ?

- Tu es sûr d'avoir du temps pour moi ?"

La modernisation des services ?

Les scandales ?

Les enquêtes en cours ?

" Je le trouverai."

Gabrielle embrassa Arsène et caressa ses joues. Les cernes étaient marquées, noircissant son regard.

" Que vais-je bien pouvoir faire de vous, monsieur Lenormand ?

- Un homme heureux ?

- Très bien ! Dînette et câlins ! Ensuite, je resterai à vous attendre dans votre lit d'appoint.

- Mhmmm. J'ai des réunions, ma toute belle... Cela risque de durer...

- J'ai une patience d'ange.

- Je le sais. Merci, ma douce.

- Et un appétit de succube, ajouta perfidemment la cocotte.

- Gabrielle, Gabrielle, Gabrielle..."

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