21 mars - 17 heures

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La journée s'achevait, il pleuvait fort sur la capitale. Paris était noyé de pluie.

Gabrielle attendait la fin de l'interminable jour sur le canapé dans le salon du One-Two-Two. Les filles languissaient et s'épuisaient dans des discussions mondaines.

Les clients étaient si intéressants, il fallait s'extasier devant leurs prouesses oratoires...et éjaculatoires...

Mentir était affaire de cocotte.

Gabrielle remonta le pan de son peignoir, elle avait froid au coeur et à l'âme.

Mais les comptes n'exagèraient pas, eux. Passer ses journées en visite chez ses amis et amants n'arrangeaient en rien ses affaires.

Gabrielle soupira. Peut-être ce soir allait lui permettre de respirer un peu.

" Te voilà dans tes pensées, ma toute belle ?

- Hooo Arsène !"

Voir sourire Gabrielle était comme voir le soleil apparaître après la pluie. Cela redonnait du baume au coeur et rendait les choses plus colorées.

En tout cas, le chef de la Sûreté aimait contempler les yeux brillants de plaisir de la cocotte. Surtout lorsqu'elle le regardait, lui.

Terrible perturbation dans sa vie ! Envie de la voir à chaque heure du jour ! Complètement irresponsable !

Lenormand s'assit près de la cocotte et lui embrassa la main. Il tendit le bouquet dont il était chargé.

" Des jonquilles ? Tu es adorable, Arsène.

- Adorable ? Je m'efforce, je m'efforce.

- Adorable, merveilleux, déraisonnable. Que sais-je encore ?

- Dis-moi !

- Charmant.

- Tu te fais rare à la Sûreté ! Tu me manques, sais-tu ?

- Vraiment ? Je disais donc : adorable, merveilleux, déraisonnable, charmant et flatteur ! Mais encore ?"

Le salon du One-Two-Two avait disparu tout autour des deux êtres qui se rapprochaient.

" Amoureux ?," murmura Suzy en passant près de Madame.

Madame Germaine foudroya le couple des yeux et claqua :

" Gabrielle doit se méfier ! Elle a des obligations et des dettes à payer !

- M. Lenormand est riche, non ? S'il ne veut plus de Gaby, je le lui pique."

Madame secoua la tête, dépitée.

" Non, cela ne marchera pas. Il est amoureux, ce pauvre homme.

- Magnifique ! Je vais le dire à Gaby !"

Mais madame saisit durement le bras de la jeune femme.

" NON ! Gabrielle peut avoir la folie des grandeurs ! C'est une cocotte et lui un cogne ! Que veux-tu qu'ils fassent ensemble ?

- Ben... Être heureux ?

- Tu es bien cruche, ma pauvre Suzy ! Bien cruche ! Quant à ce chef de la Sûreté, j'en fais mon affaire !"

Suzy se tut, atterrée. Madame Germaine s'en alla, le pas martial et le chignon de travers.

Quant à Gabrielle, elle caressait la joue de M. Lenormand et l'écoutait parler avec un air d'adoration qui ne semblait pas un jeu d'actrice.

Amoureux, vraiment ?

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