22 mars -14 heures

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La cocotte n'en menait pas large, elle s'efforçait de sourire, mais le coeur n'y était pas. Pour une fois, elle aurait aimé que la pluie tombe sans s'arrêter.

Mais la pluie ne tombait plus et le soleil brillait largement. Les flaques d'eau émaillaient le sol de myriades d'éclats de lumière.

La cocotte essayait vainement de les éviter.

Un rire résonna et une main vint saisir sa taille.

" Prête, ma Gabrielle ?

- Non, grommela la femme.

- Mais si ! Il ne pleut plus !"

Gabrielle ne fit même pas l'effort de sourire, elle caressait du bout de ses doigts gantés la selle en cuir de sa toute nouvelle bicyclette.

" Je n'ai pas besoin de ça, André.

- Si ! Lorsque tu sauras faire du vélo, tu pourras te déplacer partout dans Paris, sans recourir aux taxis. Tu verras !"

L'homme, habillé en sportif et le visage déterminé, tenait le guidon d'un vélocipède. La femme le foudroyait du regard.

" Tu me fais confiance, ma Gabrielle ?"

La cocotte songea au recueil dont le célèbre M. Laroche avait eu l'idée et elle sourit sans tendresse.

" Non.

- Allez ma cocotte ! Monte la dessus et pédale !

- Je vous préviens, monsieur Laroche ! Cela vous coûtera très cher !

- Oui, oui, je sais. Trois haïkus et ça ira !

- Une semaine de haïkus pour le fichu recueil !

- Tope-là ma chérie !"

Laroche souriait, vainqueur et amusé. Gabrielle s'approcha de la machine, frissonnant sous son long manteau brodé de roses rouges.

" Il va falloir te déloquer ! On a besoin de ses jambes pour la première fois."

Laroche perdit son sourire, il contempla Gabrielle, médusé. La cocotte avait retiré son manteau et dévoilé sa tenue de cycliste.

Elle portait un pantalon qui moulait ses jambes, ses mollets et faisait ressortir la finesse de sa taille. Gabrielle souriait à son tour, elle vint saisir le guidon, ses doigts frôlant ceux de l'industriel.

" On a toujours besoin de ses jambes. Première fois ou non.

- Dieu, Gabrielle ! Cette tenue est...elle est...

- Pratique ! C'est ta soeur qui m'en a parlé. Elle m'a parlé de ton cadeau et m'a offert cette tenue, elle vient de Londres. C'est Tessie Reynolds qui l'a inventée. La première femme à faire du vélo, tu te rends compte ?

- Certainement. Je remercierai ma soeur, fit Laroche, un peu tendu.

- Oui. Elle a été charmante."

L'homme aida la femme à monter sur la selle, il l'empêcha de tomber. Une de ses mains resta sur le guidon et l'autre saisit la selle.

" Prête, ma chérie ?

- Non."

Gabrielle cria tandis que Laroche faisait avancer le vélo. Elle eut peur de tomber, mais le vélo tint bon. Elle ne tomba pas.

Elle avança.

Elle comprit au bout de plusieurs minutes le fonctionnement des pédales.

Le frein fut plus difficile à manier.

Mais les bras du bel André Laroche furent un merveilleux abri pour la cocotte en déroute.

" Prochaine étape ! Le changement de vitesse !

- Mon Dieu, souffla la femme. Il va me falloir plus que des haïkus, tesoro.

- Un chocolat chaud et une meringue ?

- Bon. Si tu me prends par les sentiments...

- Ma courageuse Gabrielle ! Je te reconnais bien là !"

L'après-midi se déroula en apprentissage et embrassade, vitesse et tendresse...

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