30 mars - 17 heures

2 minutes de lecture

La journée était terminée. Le soleil avait joué à cache-cache avec la pluie. Chaque promenade s'était soldée par une averse.

Les filles étaient rentrées chacune à leur tour trempées comme des soupes.

Madame Germaine avait même accepté de fermer plus tôt le One-Two-Two. Un feu d'enfer brûlaît dans l'âtre de la cheminée du salon. Des grogs réchauffaient les pensionnaires.

Madame secouait la tête et son chignon tressautait dangereusement.

" Quelle idée ! Aller vous balader en pleines giboulées ! Vous voilà bien transies, mes filles."

Suzy ressemblait à un caniche mouillé. Louison se mouchait sans cesse.

Gabrielle essayait de se reprendre en se couchant sur le canapé, ensevelie sous plusieurs plaids et autres fourrures. La chatte, Poulette, s'était lovée contre elle et ronronnait doucement.

Evidemment, madame vit le renard blanc et elle apprécia la qualité de la chose. Elle vint la caresser du bout des doigts, dérangeant la chatte qui lui tourna ostensiblement le dos.

" Une belle étole que vous avez là, Gabrielle.

- Un cadeau, madame.

- C'est bien. Vous irez loin ! Une de mes amies, Valtesse de La Bigne vous en féliciterait.

- Ca, madame. On fait ce qu'on peut.

- Continuez ainsi. Et soyez un bon modèle pour les autres."

Madame déposa sur les genoux de la cocotte une petite enveloppe.

C'était Janine qui donnait de ses nouvelles avec moins de fautes d'orthographes et beaucoup de joie et de tendresse.

" Madame Gabrielle,

Je suis au bord de la mère. Je ne sais pas si vous avez déjà vu la mère, madame, mais c'est beau. C'est grand et c'est froid. Et ça fait un barouf ! Il y a des galais, c'est dur de s'asseoir sur la plage et l'eau est froide ! Il y a des falêses et c'est drôlement beau, madame. Vous les vériez, vous les aimeriez. Moi, je les aime beaucoup. Je me promène beaucoup sous les falèses tous les jours. On va ramassez des moules, je n'aime pas trop ça, ça glisse entre les doigts, mais c'est bon cuis.

Un monsieur très gentil m'a amené ici et je sers de dame de compagnie pour une vieille dame. Elle est très gentille avec moi, elle m'apprend à coudre et à cuisiner. Elle s'appele Madame Victoire. Au début, j'ai cru qu'elle était comme madame, mais non. Cette dame est vraiment gentille, elle ne veut pas m'apprendre à faire plaisir aux vieux monsieurs.

Elle me dit que je vais avoir un jour mon ménage à tenir et que je dois apprendre à en tenir un. Elle me fait beaucoup travailler l'écriture, avec beaucoup de dictés. C'est dur mais je fais des effors. Je dois lire aussi. Des histoires bien emmerdan...ennuyeuses sur un voleur de pain qui est envoyé au bagne et qui est poursuivi par un méchant policier avec une sale g..., qui fait peur et j'ai toujour pas fini de lire le livre, il est trop gros. Madame Victoire dit que c'est importan de lire, c'est comme ça qu'on devient instruite !!!

Sinon, elle m'apprend aussi à jouer du piano, elle dit que je suis très douée car j'arrive à jouer sans m'arrêter pendant des heures et des heures. Il faut juste que je comprene ce que ça veut dire les petits dessins noirs sur les lignes. Madame Victoire appele ça des notes, je n'y comprend goutte.

Je vous fais mille baisers, vous me manquez fort,

Janine


PS : je vous écris un petit poème pour vous, c'est un aïlycou. J'espère qu'il vous plaira."

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