4 avril - 11 heures

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Les heures précédentes n'avaient été que brouillard et chaleur. La fièvre ne baissait pas et M. Lenormand délaissait ses policiers.

Il veillait une femme malade.

Gabrielle n'en fut réellement consciente que le moment où elle ouvrit les yeux pour le voir à son chevet.

" Je suis où ?

- Chez moi. Comment te sens-tu ?, demanda Arsène en s'asseyant tout près d'elle.

- Mal. Madame avait raison, j'ai le typhus !"

Lenormand se mit à rire, soulagé de revoir son amie mieux portante.

" Non. Une simple grippe. Mon médecin me l'a certifié.

- Ou alors, c'est le choléra ! J'ai été à Montmartre ! C'est un quartier insalubre !

- Oui. Ou alors c'est parce que tu as pris le vélo et tu as été trempée ! Jim m'a raconté !

- Non. C'est le choléra ! Rien à voir avec la pluie !"

Le chef de la Sûreté souriait. La femme s'entêtait et s'agitait. Il lui caressa le front, cherchant la fièvre et la douleur.

Gabrielle fronça les sourcils, surprise de lire tant d'inquiétude dans les yeux de son ami.

" Je n'ai pas mal ! Regarde ! Je vais mieux !"

Elle tendit les mains et fut fière de ne pas trembler. Lenormand lui embrassa les doigts.

" Hier, tu n'as pas mangé. Veux-tu du bouillon ? Etienne m'a apporté de la tisane de chaga, un champignon boréal.

- Mon Dieu ! Mais ça a quel goût ?

- Pas si mauvais qu'il m'a affirmé ! De toute façon , tu n'as pas le choix ! Je le lui ai promis !

- Zut !"

En effet, la tisane était réconfortante, avec un fort goût terreux et boisé. Gabrielle se redressa, toute pâle au-milieu de ses fourrures et de ses étoles. Elle regardait agir le chef de la Sûreté sans tout à fait le comprendre.

" Tu es venu me chercher au One-Two-Two ?

- Oui, ma toute belle.

- Malgré ton travail ?

- Oui.

- Et mon choléra ?

- Oui, se mit à rire Lenormand. Je n'ai pas peur d'attraper la peste."

Gabrielle porta ses mains à sa bouche et s'exclama :

" La peste ? Tu crois que j'ai la peste ?

- Non. Mais on ne sait jamais.

- Je préfère le choléra. Je n'aime pas les puces."

L'homme se frotta les yeux, fatigué par des heures de veille et d'inquiétude. Gabrielle lui attrapa la main et murmura :

" Je n'ai qu'un rhume, monsieur le chef de la Sûreté. Pas de quoi s'affoler autant. Tu n'es quand même pas venu me chercher avec une voiture de police ?

- Si. C'est Puchot qui a porté tes valises.

- Tu n'es pas raisonnable. Vous autres, flics, vous paniquez vite en fait !"

Lenormand se laissa traîner dans le lit et se serra contre la femme, maintenant pleinement réveillée.

" Je ne panique pas ! Je suis prévoyant !

- Mhmmm. Puchot a fait mes valises, avec mes dessous et mes robes. Je les imagine bien tes flics, tiens. Ils ont dû bien rire !

- Javert s'est occupé de la circulation pour le convoi.

- Dors. Vous en avez assez fait !"

Le chef de la Sûreté obéit à la cocotte... Seulement, il souffla :

" Un jour, tu me parleras de tes mômes ?"

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