6 avril - 15 heures

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Le ménage avait été fait de fond en comble. Les literies avaient été changées et chaque pièce aérée pendant des heures.

Tout était propre et resplendissait.

Le salon du One-Two-Two était prêt à accueillir les clients.

Les filles se regardaient, désabusées. Certaines toussaient encore, mais le pire était passé.

Mathilde soupirait, prête à ranger ses affaires dans sa chambre.

Margot pleurait toujours.

Louison était encore pâle et Suzy jouait les évanescentes.

Jérôme et Antonin n'étaient pas encore rentrés de leur périple convalescent.

Quant à Gabrielle, son rhume avait disparu, mais elle avait mal au coeur.

Madame Germaine attendait tout son monde, assise telle une impératrice sur son fauteuil au-milieu du salon, Poulette, la chatte, était couchée sur ses genoux.

Chaque pensionnaire fut foudroyée du regard par une Cléopâtre en chignon.

" Vous revoilà enfin ! Mauvaises filles ! Je me suis retrouvée seule à assurer la garde ! Pour un simple rhume !"

Mathilde haussa les épaules, Margot se moucha bruyamment. Louison éclata en sanglots et Suzy porta ses mains à son front.

Gabrielle croisa ses bras devant elle et attendit patiemment la fin de l'orage.

" Le médecin passera demain pour vérifier si on peut rouvrir le One-Two-Two. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre davantage ! Nos clients nous réclament !"

On acquiesça.

Puis, devant la porte du salon, on attendit la fin de ce discours de bienvenue.

" Quant à vos frais, nous en parlerons plus tard. Vos chambres sont prêtes à vous accueillir ! Allez !"

Ce fut alors que Gabrielle plissa ses lèvres pour faire le bruit d'un bisou.

Aussitôt, Poulette se leva et disparut à la suite de sa maîtresse.

Dans la chambre de la cocotte l'attendaient plusieurs choses. Toutes lui firent plaisir et la rassérénèrent. Ce n'était que profusion de bouquets de fleurs, de feuilles couvertes de haïkus, de boîtes de chocolat. Il y avait même du parfum et des bijoux. Chaque cadeau était accompagné d'un petit mot d'affection à son intention.

" Tu n'es plus chez moi et je suis triste de vivre sans toi. Ne m'oublie pas !"

" Prends soin de toi, ma Gabrielle. Je te veux en forme pour valser !"

" Get well soon, baby girl !"

" Ma chérie, je pense fort à toi, tu me manques trop."

" Je m'inquiète pour toi, moya zvezda. Donne-moi de tes nouvelles !"

" J'espère que tu as pris de mon chaga, Gabrielle. Je ne supporte pas de te savoir malade."

" J'ai appris ta maladie, Gabriella, mi dulce. Dis-moi comment tu vas !"

" Gabrielle chérie, je t'envoie un petit mot plein de baisers pour te dire que je pense à toi."

Gabrielle regardait chaque message et s'amusait de trouver leur propriétaire. Arsène, Florian, Jim, André, Alexei, Etienne, Luis. Même Liane de Pougy pensait à elle.

Puis, un dernier carton attira son attention. Il était massif et imposant.

Gabrielle l'ouvrit et sourit en découvrant son contenu, qu'elle reconnut aussitôt.

C'était un lourd manteau de cocher, fait de laine épaisse et dont la couleur grise était passée de plusieurs hivers.

Un mot l'accompagnait :

" La prochaine fois que tu fais du vélo, ma joliette, mets-ça ou tu auras de mes nouvelles !"

De tous les présents qu'elle avait reçus, peut-être était-ce la vieille pélerine de son ami l'inspecteur Javert qui lui plut le plus. Car elle savait à quel point le vieux cogne était frileux et à quel point il tenait à elle.

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