8 avril - 15 heures

Une minute de lecture

Gabrielle se tenait, nue et intimidée devant le peintre, Pablo Picasso. Ce qui était assez amusant quand on y pensait, vu qu'elle avait l'habitude de se déshabiller devant des inconnus.

Mais là, c'était différent. Il s'agissait d'art et non de sexe.

Le peintre l'examinait avec attention, il avait déjà rectifié deux fois sa posture.

" Le bras plus haut, le visage plus droit, le regard plus déterminé."

Gabrielle obéissait et levait le bras, se tenait plus droite et essayait de comprendre comment rendre plus déterminé son regard.

Elle fronça les sourcils.

Le peintre secoua la tête, agacé.

" Non, non. Déterminé !

- Comme ça ?"

Gabrielle fit des efforts pour paraître déterminée. Elle redressa ses épaules et fit ressortir sa poitrine.

Picasso sembla satisfait, il approuva.

" Maintenant, l'oiseau !"

Gabrielle se vit assise, les seins nus et le regard déterminé. Un de ses bras était levé. Posé sur son épaule, un petit oiseau de plâtre la contemplait de ses yeux morts.

" Ne bouge plus !"

La voix autoritaire figea la cocotte et la séance de pose proprement dite commença.

Cela dura un temps infini.

Gabrielle avait froid, elle avait faim et elle en avait assez lorsque le peintre posa ses crayons.

" La même chose dans une semaine."

Gabrielle sourit, se jurant de ne plus jamais revenir.

Seulement, dans le couloir menant à l'appartement de l'artiste, la cocotte entendit une voix de femme hurler des imprécations.

Picasso sourit, amusé, et expliqua :

" C'est Sarah ! Elle ne doit pas arriver à ses fins.

- Sarah ?

- Sarah Bernhardt, elle sculpte le marbre dans l'appartement d'en face."

Gabrielle n'eut pas le temps de répondre, la porte de l'appartement s'ouvrit et une femme en sortit, vêtue d'une blouse et d'un pantalon de toile.

Elle s'arrêta face à la cocotte et la contempla longuement.

" Vous ! Vous serez ma nouvelle égérie !

- Moi, madame ?, s'étonna Gabrielle du Plessis.

- Après moi !, asséna sèchement Picasso.

- Vous voilà égérie de deux artistes, lança la divine Sarah. Que voulez-vous ? Vous avez le don de faire naître l'émotion !

- Moi ? Je l'ignorais, madame.

- C'est à cela qu'on reconnaît les muses. Croyez-moi ! J'en suis une moi-même !"

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