19 mai - 18 heures

2 minutes de lecture

" Ma Gabriella,

J'ai apprécié ton rapport. Mais il est succinct. Je t'engage à aller voir une de mes anciennes amies, la danseuse Cléo de Mérode. On raconte qu'elle a eu une relation plus qu'amicale avec l'ancien roi des Belges, Léopold II. Elle participe au Salon des Amazones et connaît très bien Mata-Hari.

A toi de faire au mieux.

Je t'attends avec mille baisers, mi paloma.

Ton Luis"

Gabrielle du Plessis serrait dans ses mains le simple feuillet de l'ordre de mission de son capitaine de la Légion.

Don Luis Perenna, grand d'Espagne et soldat d'honneur, exigeait d'elle l'habileté et l'information.

La cocotte se montrerait à la hauteur.

La France le méritait bien et les beaux yeux de l'Espagnol également.

La femme s'était habillée avec recherche, d'une de ses plus jolies robes agrémentée de ses plus beaux bijoux. Une bouffée de parfum, L'Heure bleue de Guerlain, faisait tourner les têtes sur son passage.

Au Salon de l'Amazone, Gabrielle retrouva ses amies, dont Liane de Pougy qui l'aimait beaucoup, et Colette qui ne l'aimait pas moins.

Seulement, ce n'était pas les gentillesses et les tendresses de ses amies féminines que recherchait la cocotte.

C'était les yeux noirs de Cléo de Mérode, danseuse à la réputation sulfureuse et imméritée, que voulait croiser Gabrielle du Plessis.

La célèbre danseuse, baptisée "la belle des belles" se tenait sagement assise, entourée par plusieurs artistes, peintres et scuplteurs.

Gabrielle s'ajouta au cercle des amateurs et Cléo de Mérode lui sourit.

Là, Gabrielle réfléchit à la manière d'aborder sa mission et une seule façon lui apparut comme la solution :

" Vous pourriez m'apprendre à danser les danses cambodgiennes, madame ?"

La danseuse fut surprise par une telle demande et répondit :

" Pourquoi pas ? Savez-vous seulement danser, madame...?

- Gabrielle du Plessis, je sais danser, mais pas assez bien pour hypnotiser les foules. Comme vous le faites !

- Mhmmmm. Nous pourrions commencer par mieux nous connaître, madame. Puis nous verrons bien. Je peux vous appeler Gabrielle ?

- Avec plaisir !

- Appelez-moi Cléo, mon vrai nom est Cléopâtre-Diane de Mérode. C'est un peu lourd à porter.

- Cléo de Mérode... C'est joli.

- Les danses cambodgiennes... C'est vieux tout ça. Pourquoi cet engouement ?"

Là, Gabrielle tenta le tout pour le tout et annonça :

" Car j'ai vu votre spectacle et celui de Mata-Hari. Je rêve de danser comme vous."

Cléo de Mérode sourit et pencha joliment la tête sur le côté.

" Venez me voir en mon hôtel demain au 15, rue de Téhéran et nous verrons bien.

- Merci, madame."

Colette contempla son amie avec étonnement. Quelque chose d'inhabituel venait de se passer, mais l'écrivaine ne saisissait pas quoi.

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