8 juin - 10 heures

3 minutes de lecture

Les nouvelles étaient terribles.

Gabrielle en était terriblement angoissée.

Plusieurs policiers avaient été blessés et un inspecteur était mort lors d'un échange houleux avec des Apaches.

Des pistolets avaient été sortis.

Gabrielle tremblait en s'enveloppant dans sa capeline. Suzy l'aidait, inquiète de la voir si paniquée.

" C'est la concierge qui m'a prévenue, expliqua la jeune cocotte à son aînée. On en parle dans Paris.

- Dieu, si c'était Javert ?

- Ton cogne a la peau dure ! Il ne se ferait pas tirer comme un lapin.

- Et si c'était..."

Mais là, Gabrielle se tut. Incapable de prononcer le prénom de monsieur Lenormand.

Suzy avait fait venir un taxi et Madame Germaine était désolée pour sa pensionnaire.

" Dites-nous vite ce qu'il en est, Gabrielle. C'est mauvais pour les affaires. Les flics ne sont pas qu'une nuisance."

Gabrielle hocha la tête et disparut du One-Two-Two.

A la Sûreté, on laissa entrer la cocotte en faisant mine de ne pas la voir. Surtout en raison de l'homme qui l'accompagnait.

L'inspecteur Javert n'avait pas été surpris de la retrouver toute petite sur le seuil du bureau des inspecteurs.

" Ce n'est pas le daron, lui dit-il aussitôt.

- Ce n'est pas toi non plus, soupira la femme rassurée.

- Ni Puchot. Après, je ne sais pas si tu as d'autres préférés dans la Rousse.

- T'es con."

La cocotte essuya ses yeux et sourit de son mieux.

" Que s'est-il passé ? Je suis venue dès que j'ai su, lança-t-elle.

- Une arrestation qui a raté. Les gonzes avaient du répondant.

- Je...je vais vous laisser travailler dans ce cas."

Javert leva les yeux au Ciel et saisit le bras de son amie.

" Viens avec moi et tu verras. Le daron a voulu faire du zèle, c'était bath, mais on a été pris de court."

L'inspecteur s'arrêta devant le bureau de monsieur Lenormand. Partout, des uniformes couraient, on parlait fort et on s'énervait.

La porte du chef de la Sûreté était ouverte, on entendait la voix profonde de ce dernier hurler sa rage. Le plus étonnant était qu'il le fasse en anglais.

"This is Paris! This is my territory, motherfuckers. You're not in Chicago!"

Précautionneusement, Gabrielle se pencha pour regarder l'intérieur du bureau de Lenormand, elle se cachait à moitié derrière Javert.

Jamais, Arsène Lenormand n'avait été aussi imposant ! Gabrielle en eut le souffle coupé.

L'homme respirait la force et l'autorité. Il était debout, les mains posées bien à plat sur le bureau devant lui. Sa cravate était défaite et une barbe ombrait déjà son menton. A ses côtés, deux inspecteurs de police se tenaient droit, les mains posées sur les hanches. Gabrielle aperçut Puchot et ne le reconnut pas. Le policier était effrayant.

Assis, menottés, les visages fermés, les deux amis d'Al Capone se taisaient. Gabrielle se souvint de Jim Barnett et des menaces des mafiosi.

Lenormand tempêtait et menaçait.

"I missed that little bastard Capone, but the message is clear. Don't let him come back to Paris, or I'll definitely give him the urge to do so. I'll make him marry the Widow ! Capito ?

- The Widow ?," murmura entre ses dents l'un des malfrats.

Puchot grogna :

" La guillotine. T'as besoin d'un dessin ? "

Lenormand se tourna vers son inspecteur et mielleux, il ajouta :

" Ce ne sera pas la peine, mon cher Puchot. J'ose espérer que ces criminels des bas-fonds américains connaissent autre chose que la chaise électrique. Electric chair !"

Les deux hommes continuaient à se taire en regardant leurs mains.

Lenormand leva les yeux et hocha la tête en direction de Javert.

" Des nouvelles ?

- Le troisième gonze a réussi à échapper à la souricière, monsieur. On cherche toujours.

- Eh bien, cherchez mieux ! Je ne veux pas que ce Capone prenne le Lusitania !

- Ce sera fait, monsieur."

Gabrielle frémit en se sentant repérée par le daron de la raille, Javert l'entraîna vers la sortie de la Sûreté.

" Tu n'es pas à ta place, la joliette, même si je comprends l'inquiétude.

- Ce n'est pas contre les Apaches que vous vous êtes battus !, claqua la cocotte, affolée. C'est contre les Américains ! La mano nera ?

- Parfois, Gabrielle, tu laisses traîner ton joli nez dans des affaires qui ne sont pas de ton âge. File avant que je ne t'emmène à l'interrogatoire !

- La mano nera ! Jim m'a parlé d'un Cosmino !

- Monsieur Barnett ferait bien de s'occuper de ses affaires ! Le daron est fâché aujourd'hui, il ne fait pas bon être un Américain à Paris aujourd'hui."

Avec une galanterie inusitée, Javert ramena à son domicile Gabrielle...dans un fourgon cellulaire...

Le message était passé et la cocotte s'enferma dans sa chambre.

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