20 juin - 13 heures

2 minutes de lecture

Gabrielle du Plessis caressait le bel animal, dont la peau frissonnait sous ses doigts. Tout en force et en nervosité. Gamin, l'étalon de monsieur André Laroche, collectionneur d'usines et de femmes, se pavanait devant la cocotte.

" Il a bien grandi. Il est magnifique, souriait la femme.

- Pour cette course, j'aimerais que Gamin fasse bonne figure, asséna sèchement M. Laroche.

- Tu es dur, André. Il fera bonne figure. C'est un brave garçon que notre Gamin. N'est-ce pas Gamin ?"

Le cheval encensa. Son large museau vint fouiller dans la poche de la veste d'équitation de Gabrielle. Il savait y trouver des friandises pour lui.

La cocotte se mit à rire et lui tendit un morceau de carotte.

" Notre Gamin, approuva Laroche, doit mener sa carrière d'athlète. Monsieur s'est montré retors ce matin. Il a refusé de monter à l'obstacle. Et le sol est humide à l'hippodrome des Bruyères !

- Il est peut-être juste fatigué. Tu lui en demandes trop, André.

- Mhmmm. Je ne lui demande pas trop, je lui demande ce qu'il faut si nous voulons gagner le Grand Prix de Paris l'année prochaine.

- Le veut-il vraiment ?"

Gabrielle du Plessis souriait en regardant son amant.

André Laroche secoua la tête, amusé.

" Il ne le veut peut-être pas. C'est un fait. Je ne lui demanderai pas d'être un grand crack, mais juste de prouver sa valeur."

Une nouvelle carotte fut offerte au cheval par son propriétaire.

" Ensuite, il nous fera des poulains.

- Ah ! Tu lui as trouvé une jument, André ?

- J'ai des vues, ma Gabrielle. J'ai des vues..."

L'hippodrome des Bruyères était un ancien hippodrome né en 1861, à Sotteville-lès-Rouen. Il offrait une piste en herbe de 1 600 m pour le galop et une piste de sable de 1 500 m pour le trot.

Gamin devait exceller dans le galop.

La vie d'un riche industriel parisien et éleveur de chevaux normands était bien douce. Gabrielle assista à la course depuis les tribunes réservées aux éleveurs.

André Laroche lui tenait la main et lui expliquait le fonctionnement d'une course.

Puis, tout à coup, il lui demanda :

" Au fait, je t'ai acheté un appartement à Paris, ma Gabrielle. Tu y seras en sécurité avec tes gosses."

Le résultat de la course, les chevaux, les doigts d'André, son sourire... Tout tourbillonnait et faisait vaciller la cocotte.

Elle ne vit rien de tout cela.

" Mais pourquoi, André ?

- Pour te sortir du One-Two-Two et t'offrir une vie tranquille.

- Mais que veux-tu en échange, André ?"

Le sourire se fit plus séducteur et André Laroche murmura :

" Un haïku ?"

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