4 août - 22 heures

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Quelques lumières se reflétaient dans la mer. C'était magnifique.

Gabrielle se lovait dans sa fourrure de renard polaire en se tenant au bastingage. Là-bas, au loin on voyait le phare de Tallinn. Dans l'obscurité, on apercevait une ville étalée sur la côte.

C'était si calme.

Après la folie petersbourgeoise, ce silence était le bienvenu. Gabrielle savourait la brise marine et la nuit encore trop claire dans cette contrée.

Une main attentionnée déposa une nouvelle fourrure sur ses épaules, cela la fit sourire.

" Merci, mon prince, souffla-t-elle.

- Ce que tu vois, c'est la ville d'Helsinki, nous sommes toujours dans le golfe de Finlande.

- J'ai l'impression que le bateau dérive.

- Non, ma chère, se moqua gentiment Sernine. Nous allons accoster à Tallinn pour la nuit. Nous reprendrons la route demain.

- Je suis épuisée par cette journée interminable, Alexei."

Gabrielle se laissa tomber contre son compagnon, elle le sentit se raidir. Elle en fut désolée. Mais l'homme se détendit et la prit contre lui.

Le général Epantchine était loin.

" Je suis fier de toi, ma Gabrilenka.

- Parce que je ne vomis pas encore ?, sourit la femme.

- Non, parce que tu as été d'une rapidité extrême pour préparer tes bagages. L'équipage du Tsarevna n'en revenait pas.

- Tu te moques, Alexei. Mais le Tsarevna est un magnifique bateau. Il est à toi ?

- Oui, c'est un cadeau du Tsar. Un petit yacht à vapeur pour son cher cousin.

- Petit ? Combien de membres d'équipage compte-t-il ? Et combien de cabines ?

- Il n'y a qu'une vingtaine de cabines, moya zvezda."

Gabrielle fut tellement heureuse d'entendre ce doux surnom qu'elle se jeta dans les bras du prince pour l'embrasser. Il avait été blessé à Saint Petersbourg et elle n'y était pour rien.

" Une vingtaine de cabines, un salon impérial, une salle à manger, une bibliothèque, énuméra le prince.

- Un salon de musique, ajouta Gabrielle, amusée.

- Et des chaudières à vapeur haute pression, extrêmement efficaces, nous permettant de tenir une vitesse de 25 noeuds sur de longues distances. C'est cela le vrai luxe de ce yacht.

- Il a participé à des courses ?

- Pas vraiment, mais j'ai dépassé un jour le SS Kaiser Wilhelm der Grosse, le yacht de l'empereur d'Allemagne lors d'une promenade en Mer Baltique.

- L'empereur a dû enrager.

- Il n'a pas répondu à mon invitation à venir dîner à mon bord. Je ne suis qu'un petit aristocrate russe de toute façon, je le comprends."

Maintenant sa compagne par la main, le prince l'entraîna jusqu'à des chaises longues installées sur le pont. Elle s'y installa et le prince la rejoignit.

" Tu as déjà rencontré l'empereur d'Allemagne, Alexei ?

- Un jour, j'ai travaillé pour lui. J'ai aidé l'empereur à vérifier la sécurité de son château du Haut-Koenigsbourg.

- Vérifier la sécurité de son château ?

- L'empereur a peur des cambrioleurs et sa plus proche conseillère, Mina von Kraft, lui avait suggéré de faire appel à mes services. Cela lui a coûté la bagatelle d'un million. de marks.

- Tes services ne sont pas donnés, mon prince.

- Quand on veut le meilleur, on doit être prêt à y mettre le prix. L'empereur a été content de mes services et Mlle von Kraft également.

- Elle était jolie cette conseillère ?"

Plutôt que de répondre, le prince Sernine se mit à rire et se pencha pour embrasser sa compagne. Gabrielle était heureuse de le sentir à nouveau si content de lui-même, elle se laissa faire.

Le port de Tallinn n'était plus loin, on allait bientôt accoster et les moteurs pourraient s'éteindre. Demain, ils repartiraient très tôt, alors que tout le monde dormirait encore.

Le voyage devait durer quatre jours pour rejoindre Le Havre, on devrait atteindre Paris mardi au plus tard. Gabrielle ne préférait pas penser à ce qui l'attendait dans la capitale, elle ferma les yeux et savoura l'air marin.

" Les enfants se reposent enfin, murmura Gabrielle en se laissant endormir. Ils ont été impossibles aujourd'hui.

- Ne sois pas trop dure avec eux, moya zvezda. Ils n'étaient jamais montés sur un tel bateau.

- Moi non plus, en réalité.

- Mon yacht te plaît, Gabrilenka ?

- Il est magnifique...

- Si tu n'es pas trop fatiguée ce soir, moya zvezda, je t'emmène dîner dans la vieille ville de Tallinn. C'est magnifique. Elle est entourée de remparts et le passage Sainte Catherine est agréable à traverser."

Le prince se redressa, prêt à conquérir le monde. Gabrielle se sentait bien plus âgée que son compagnon. Elle l'imita et sourit, pleine de joie et de lassitude.

" Je réveille les enfants ?"

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