Lettre à un curé

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                                                                                                     Le 3 Avril 2020

Monsieur le curé,

Je vous écris cette lettre tant qu’il m’est encore donné d’expirer.

Etant actuellement en confinement pour une durée indéterminée, j’espère cependant qu’elle ne durera pas une éternité. Je dois vous avouer quand même que c’est avec un plaisir non dissimulé que je me vois dans l’obligation d’annuler nos rendez-vous dominicaux quotidiens, m’évitant ainsi cette cérémonie faux cul qui consiste à serrer les mains pleines de COVID-19, de vos ouailles et autres grenouilles de bénitier, en leur souhaitant la paix du Christ.

Je tiens d’ailleurs à vous signaler que l’épidémie est partie en France d’une de vos petites surprises party organisée à l’initiative du très haut Saint père… Cela dit, il faudra qu’il m’explique un jour ce que nous avons raté lors de la messe d’épiphanie cette année. En effet, il semblerait que nous ayons vraiment conjointement chié dans la colle. Enfin, je veux dire qu’il paraitrait que quelque chose ait vraiment merdé, ne se soit pas déroulé comme prévu si vous préférez !

Je vous prie de bien vouloir excuser mon impudence mais n’auriez-vous pas, mon père, un peu trop "chargé" sur le sang du christ cette année ? Il se pourrait bien que la vinasse que vous picolez à chaque office ait rendu vos prières totalement incompréhensibles par le christ, notre seigneur !

Pour être totalement franche avec vous, le fait de ne pas être allée à confesse depuis belle lurette m’a effleuré l’esprit un instant mais ce que j’avais à expier n’étant pas très "catholique", je ne me serais résolue à être responsable de l’arrêt cardiaque du dernier curé de la paroisse.

En tout état de cause le courroux du très haut s’est manifesté d’une bien étrange manière en nous imposant la distanciation sociale et j’y vois là une intrigante synchronicité.

Avec le recul et dans le doute, je le déplore un peu. J’aurais préféré avoir la mort d’un curé sur la conscience que celles de ces ouailles aussi pieuses soient-elles ou pas.

Je viens donc par cette lettre vous confier ce pêcher que je ne pouvais vous exprimer dans le confessionnal. Voilà, il s’agit d’images que je ne cesse de chasser de mon esprit concernant un de mes plus grands fantasmes. En effet, il m’est déjà arriver de rêver commettre l’acte charnel hors union dans ce lieu sacré qu’est votre maison.

Pourriez-vous s’il vous plait intercéder auprès du très haut Saint père afin qu’il fasse preuve de clémence à mon égard ? Pourriez-vous lui rappeler que même son fils n’a pas toujours été exempt d’une moralité irréprochable ? Marie-Madeleine pourrait témoigner des mœurs discutables de son amant et les nombreuses hallucinations de ce dernier (multiplication de poissons, randonnée sur la mer rouge etc...) prouvent bien qu’il ne se contentait pas de boire son sang avec ses condisciples. A mon sens, il devait bien faire usage également du calumet de la paix ! Bref ! Je ne suis pas venue vous "balancer" ces méfaits ici, juste vous prier de bien vouloir faire acte de compassion à nos égards.

Dans ce voeu pieux, veuillez agréer, mon père, l’expression de ma plus haute dévotion.

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