Folie quand tu nous tiens
Les événements d’il y a quinze ans m’ont tellement anéanti.
Submergée. Je me souviens comme si c’était hier.
Je me revois le sortir du grill, délicatement, en prenant garde de ne pas me brûler, puis déposer ce mets délicat sur la table. Attablée avec mon époux, je nous revois manger cet excellent rôti, quel régal ! Accompagné de ces pommes noisette dorées au four avec cette petite sauce au poivre coulante sur le bœuf.
Je me souviens de cette odeur agréable, cette chaleur régnante dans la maison. Mais, surtout, la vision apaisante de son sourire au visage, cette agréable vie à deux que nous passions dans notre loft, étroit certes, mais si harmonieux. Nous étions si beaux.
Mais il est parti, il est parti à l’aventure retrouver son premier amour disparu depuis des lustres. Quelle histoire ! Une vidéo lui est parvenue par mail, c’était elle, appelant à l’aide.
Des conneries moi je vous dis ! Cette tarée n’a rien trouvé de mieux que de simuler une prise d’otage. N’importe qui aurait mis cette merde à la corbeille. Pas lui, il a passé la nuit dessus, installé à son bureau à retracer le passé de sa petite amie.
Mais putain j’étais sa copine ! Etions-nous mariés ? Non pas à mon souvenir. Toutefois, il est parti. Précédé d’adieux émouvants, me soutenant qu’il reviendrait au plus vite, qu’une fois qu’il saurait, il me reviendrait. Ce salaud n’est jamais revenu.
Je l’ai attendu trois ans, trois ans. J’ai passé mes journées à me morfondre, je suis restée deux mois cloitrés entre quatre murs, pensant que je n’étais qu’une misérable vermine qui s’était bien fait prendre pour une conne. Bien fait.
Il ne m’avait même pas fait d’adieux de toute façon, une lettre. Oui, il m’a laissé une simple lettre d’adieu. « Je vais chercher ma meuf. Bisous. » Connard.
Je n’ai plus jamais entendu parler de lui. Je n’ai jamais pu refaire ma vie. Je n’ai jamais pu me remettre en couple. Retourner vivre chez ses parents à des avantages financiers, mais bordel il faut les supporter ces vieux grincheux.
Tu vas prendre une douche à 23h, ta mère elle hurle au scandale, n’importe quoi. Pardon ? Vous dîtes ? Mon mari ? Je n’ai pas de mari, je vous l’ai dit je vis toujours chez mes parents, je n’ai pas encore quitté le foyer. Quel jour sommes-nous ? Le 15 mai 2021.
C’est quoi cette question à la con ? Vous dîtes ? Quinze années se sont écoulées ! Mais vous êtes complètement taré vous ! Ecoutez je n’ai pas que ça à faire, j’ai cours dans cinq minutes et des putains de partiels à réviser juste après.
Oui ? Comment ça j’ai tué mon mari ?
Faudrait que je trouve l’amour avant de poignarder qui que ce soit ! Eh mais lâchez-moi ! Laissez-moi ! Aïe ! Ça fait putain de mal.
Je me sens faible.
Mais… Mais qu’est-ce que tu fais ici ?
Je te croyais parti.
Tu es revenu.
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