Chapitre 2 : La drogue c'est mal, voyez !

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Accoudée au comptoir d'une taverne, Xena buvait comme un trou pour célébrer sa réussite, et oublier sa déception vis-à-vis du système judiciaire. Sauf que là, ça commença à faire beaucoup de bière, même pour une solide elfe ranger comme elle. Le gilet partiellement déboutonné, et le pantalon ouvert, comme si elle picolait chez elle sur une terrasse en pleine canicule, la ranger semblait à son aise dans les débits de boissons. Le tavernain se frottait déjà les mains, voyant son chiffre d'affaires prendre vie sous ses yeux à travers la présence de l'elfe.


Xena avait déjà commandé sa pinte suivante, lorsqu'elle fut interrompue par des cris et des gloussements. Puis, des bruits de chaises cassées à l'extérieur qui firent décoller la ranger du bar. Elle se reboutonna, parce qu'elle a beau être de repos, les apparences ça compte ! Surtout en dehors de la taverne car dedans, tout le monde s'en fout. Lorsqu'elle quitta l'établissement, elle constata du mobilier pété, mais aussi les coupables.


Cinq dryades se trouvaient face à la taverne, écroulées de rire devant une sixième étalée sur les débris. En voyant la ranger, toute personne censée aurait repris immédiatement son calme, même si Xena était de repos. Mais pas les cinq dryades qui raillèrent l'elfe, lui conseillant d'aller se faire boucher certains trous intimes. Or, s'il y a bien un moment pour ne jamais insulter la ranger, ce n'est pas quand elle est en service, c'est quand elle a bien picolé. Il fallait vraiment qu'elles soient complètement défoncées, car ne présentant pas les symptômes de l'alcool, ou qu'elles aient les fils qui se touchent.


Pour trancher la question, une seule solution. Xena décocha une de ses fameuses tartes dans la dryade la plus pénible, insultante et dépravée. La toxico finit étalée au sol, assommée. Malheureusement, cette démonstration de force qui aurait même calmé l'idiot du village, firent éclater de rire les autres dryades. Conclusion : elles étaient bien toutes sous stupéfiants. La ranger était peut-être de repos, elle ne comptait pas laisser passer.



  • Allez ! Toutes en ligne, les pouffes ! Et la première qui l'ouvre sans permission, elle aura droit à une fouille complète !


Le lecteur avisé et sage trouvera sans doute la menace et les propos sexistes, honteux et clairement déplacés. Et il aura bien raison. Mais Xena n'était pas du genre « sage » et « avisé ». Puis, en plus elle avait bu... Au moins, l'argument sembla enfin avoir calmé les dryades. Celles-ci s'exécutèrent en silence.



  • Très bien, maintenant vous allez me dire qui vous a fournis de la féetamine, et si vous en avez encore.

  • D'la féetamine ? On ne voit pas de quoi vous parlez. On a juste bu quelques verres dans une taverne.

  • Mais bien sûr ! Vous me prenez pour une fougère ? Yeux jaunes, hilarité incontrôlable, et perte violente d'équilibre, tous les signes de la féetamine ! Alors, maintenant, donnez-moi des noms ou ça va chauffer !

  • On l'a trouvé par hasard à la taverne de cubitus, le tavernain de la berge des nymphes. Mais y'avait pas grand-chose, on a tout consommé.

  • Vraiment ? Donc je peux vous fouiller, je vais rien trouver sur vous ?


Là, les genoux des dryades commencèrent à jouer des castagnettes. Plus rien sur elles ? Quel beau mensonge ! Mais elle n'eut pas le temps de vérifier sa théorie que les autres rangers débarquèrent, appelé par le tavernain Culsec. Il voulait déposer plainte contre les fauteuses de troubles mais ne pouvait pas quitter son établissement comme ça, et officiellement, Xena n'était pas de service. Et les dryades le savaient bien et elles saisirent l'occasion pour se venger de l'elfe.



  • À bas les violences elfelières ! À bas l'État elfelier !


Bon, il devait encore rester pas mal de féetamines dans le sang des dryades, car elles venaient de se mettre à dos tous les elfes rangers présents. Xena fut même surprise de ne pas se faire engueuler pour son intervention « illicite ». L'elfyssert Lesgodasses avait plaidé l'urgence de la situation, et que sans elle, les dryades auraient pris la fuite. Les six délinquantes furent donc emmenées à l'Elfariat, où elles passèrent la nuit à être questionné et fouillées de façon légale. Et comme par hasard, il en restait, de la féetamine.


Malgré la trouvaille, et une nuit d'interrogatoire, les dryades n'avaient pas parlé, et s'en sortaient même avec une simple amande ainsi que des travaux d'intérêts généraux chez le tavernain. Concernant le bistro, Xena s'en alla voir du côté de celui de la berge des nymphes, où les dryades avaient soi-disant « trouvé » la féetamine. Sauf qu'aller là-bas signifiait devoir passer devant les elles, et à chaque fois, elle se faisait racoler. Bon, comme tout elfe, Xena n'était pas contre les frivolités voulues par la nature. Homme ou femme elle s'en foutait, mais pas question d'être complice, et donc de cautionner le trafique qui se faisait sur la berge.


Et cette fois ne fut pas différente. La ranger se fit siffler par des nymphes lui montrant leurs cuisses. Pas pour l'aguicher, car elles savaient déjà la réponse, mais par pure provocation. Et l'hilarité était au rendez-vous, histoire de bien faire comprendre le message à l'elfe. Sauf que Xena alla clairement au contact ce coup-ci, à la grande surprise des nymphes. Elle attrapa la plus moqueuse, rieuse et provocante, puis la plaqua au sol.


Les yeux de la ranger plongèrent dans ceux complètement jaunis de sa cible, puis sans hésitation, elle enfonça sa main dans son décolleté. L'avantage, avec ce genre de personne, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup à fouiller sur leurs corps. Xena en ressortit un sachet de poudre dorée, affichant un grand sourire de victoire. Y'en avait facilement pour une centaine de Glandors. Peut-être n'aurait-elle même pas besoin de contrôler la taverne. Dans le doute où les nymphes auraient voulu s'enfuir, l'elfe lança un fumigène rouge dans les airs, signalant sa position aux collègues. Puis, s'occupa de ses suspectes.



  • Bon, je te laisse une chance, une seule, de me dire la vérité ! D'où vient la poudre ?

  • Cadeau d'un client... promis. Je peux pas vous aider plus que ça...

  • Vraiment ? Donc tu vas pouvoir me donner son nom ?

  • J'le connais pas... Il ne me l'a pas dit, et j'ai pas cherché à le savoir... Vous savez, nos clients et clientes ne viennent pas pour faire la conversation. Si vous vous laissiez un peu aller parfois... Vous le sauriez...


Et splatch, une tarte dans la nymphe derrière Xena. Notez la dextérité de l'elfe, ainsi que sa précision alors qu'elle ne voyait même pas sa cible. Quant à la question du « pourquoi elle ? », bah elle allait pas assommé celle qu'elle voulait faire parler...



  • Donc, je repose ma question : tu as un nom à me donner ? Ou au moins une description de ton « client » ?

  • J'vous jure que je connais pas son nom... Et je pourrais pas vous le décrire, j'ai oublié, j'étais pas en état d'avoir de la mémoire avec la poudre...


Xena avait déjà une tarte à la main, mais elle se retint d'en faire usage, décidant de croire la nymphe. Puis, elle aurait eu des ennuis si elle avait agi car ses collègues venaient d'arriver sur place. La ranger laissa les suspectes à la brigade et s'en alla voir à l'intérieur de la taverne. Deux fois que ça circulait près de chez lui, bizarre que ça soit qu'une simple coïncidence.



  • Cubitus ! Amène-toi, j'ai quelques questions à te poser.

  • J'les connais déjà vos questions m'dame la ranger, ainsi que vos méthodes d'interrogatoire. Je sais rien de plus sur le sujet. Je ne contrôle que ce qu'on me doit, pas ce que les gens font ici, sauf s'ils cassent un truc.

  • Donc, t'admets qu'il peut se passer des trucs louches ?

  • M'dame, je vous signale qu'ici les nymphes y font leurs petites affaires. Rien que ça, c'est des trucs louches. Je ferme les yeux parce que ça permet d'vendre d'la bière. Alors ne vous étonnez pas du reste.

  • Très bien, vous pourriez me dire qui était avec la nymphe qui s'envoie de la poudre ?

  • Pas vraiment, il y a tellement de gens qui passent, que je pourrais pas vous en décrire un, ou une, en particulier. Après, vous pouvez rester ici à boire des bières pour surveiller. Sûr que moi je s'rais pas contre. Sinon, y'a toujours l'option d'aller sur la côte. Paraitrait qu'la patrouille douanière s'rais stationné là bas.


Le tavernain en savait bien plus qu'il ne voulait bien le dire. Xena en aurait mis ses cheveux à couper. Mais celui-là, pas moyen de l'interroger avec ses méthodes à elle. Il était, comme tous les autres, protégé par la nabot'corp. Le premier, le seul, et le plus gros employeur de nain. Brasserie, tavernes, mines, et constructions en tout genre, voilà leurs secteurs d'activités, et il valait mieux ne pas trop chatouiller ce géant financier.


La ranger pouvait au moins lui accorder un bon point, voire deux. Il lui avait quand même donné une information importante : les douaniers. Ils ne quittaient jamais la haute mer sans une bonne raison. Et la présence de féetamine, qui n'avait pas circulé depuis des décennies grâce à eux, ne pouvait être une coïncidence. Le capitaine James Hook, et le lieutenant Mouche livraient une guerre sans merci à la drogue.


Avec une telle situation, il était sûr qu'ils seraient encore là le lendemain, et la ranger avait aussi envie de suivre l'autre suggestion du tavernain : surveiller l'établissement au moins une soirée, tenter de voir les visages des habitués. Elle resta presque toute la nuit, enchaînant les pintes, mais rien, le calme plat. C'était pourtant prévisible, car entre les nymphes embarquées à l'Elfariat, et la présence de la ranger, il y avait peu de chance que les trafiquants viennent inutilement se jeter dans la gueule du loup. Le seul événement de la soirée fut donc une elfe bourrée, rotant et chantant des chansons dont nous tairons le contenu par souci de la bienséance.


Le lendemain, Xena trimbala sa carcasse, et sa gueule de bois, jusqu'à un navire à la proue en dent de scie, et aux voiles et pavillons rouges à tête de mort. Bizarre pour des douaniers, mais cela faisait partie de la couverture du capitaine Hook. Le gentleman à la moustache bien taillé, et son chapeau à plumes, se tenait sur le ponton. Il avait anticipé la venue de la ranger, et l'attendait, une chope de rhum à la main.



  • Milady ! Bienvenue à bord ! J'imagine que vous avez constaté le retour de la féetamine dans la forêt ?

  • Je vois que tu as bien fait tes devoirs, James ! Sauf un ! T'étais pas censé faire en sorte que ça n'arrive pas ?

  • Ha ! Tu parles, on s'est fait enfler ! La poudre qui fait planer, on sait très bien tous les deux d'où elle vient. Les enfants perdus font de bons cobayes, et de la main-d'œuvre facile pour les fées.

  • C'était pas ton boulot de les sortir de là ? Que s'est-il passé ?

  • On m'accuse de piraterie, et ça n'a rien à voir avec ma couverture. J'ai dû quitter ma surveillance, et le pire, c'est qu'un de ces sales gosses m'a privé d'une main.

  • Un mioche qui coupe la main d'un des meilleurs escrimeurs ? Comment c'est possible ?

  • À cause des ordres ! On m'a dit de surveiller en faisant semblant d'être pirate, et donc faire semblant de me battre et ne pas blesses les enfants perdus. Et je me retrouve assigné à la surveillance des côtes, ce qui veut dire que les fées de l'île qu'on appelle « pays imaginaire » ont désormais le champ libre, car hors de la juridiction des rangers.


Et voilà, le bon vieux capitaine Hook, le grand rempart contre la drogue, venait de se faire saborder par la hiérarchie. Même l'elfyssert Lesgodasses n'en revenait pas, lorsque Xena lui rapporta le fruit de ses investigations. Cependant, avec les douaniers sur la touche, les rangers furent forcés de s'attaquer au problème de la féetamine en priorité, ce qui les empêchait de gérer le reste des problèmes de la forêt enchantée. Il fallut des semaines aux rangers pour enrayer le trafic, et plusieurs arrestations musclés. Et des tartes ! Beaucoup de tartes distribuées par Xena.


Le seul problème restant fut encore les fées. Et celui-là, les rangers ne purent rien y faire. Seulement, sans cela, la drogue continuerait de circuler. C'est alors que Xena eût l'idée du siècle. Il lui fallait un agent infiltré, qui ressemble à une ado, mais qui n'en soit pas une. Avec l'accord de sa hiérarchie, enfin, après les avoir mis dos au mur, elle envoya une dryade sur place. Elle l'avait recruté, gentiment avec une tarte, et celle-ci avait « accepté ». Maintenant, seule la patience pourrait faire le reste. Les rangers, eux, reprirent leurs activités.

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