J'ai oublié le nom de cette fille aux cheveux roux, aux yeux d'un bleu outremer qui semblaient toucher le fond de mon âme cabossée chaque fois qu'ils se posaient sur moi.

Je me souviens de sa présence qui apportait de la légèreté à ma vie, de son aura magnétique et électrisante. Je me souviens des reflets de feu laissés par le soleil dans ses boucles qui m'évoquaient les braises de cheminée par une froide journée hivernale.

Mon coeur bondissait dans ma cage thoracique quand je la voyais, au dessus de papillons qui s'envolaient dans une explosion de sentiments.

Le temps d'un été, nous nous sommes aimés, là-haut sur cette montagne, dans cette bulle au milieu d'enfants dont nous avions la garde, coupés du monde et nous suffisant, nous comblant l'un l'autre.

Je me souviens de cette suspension de temps . Deux mois qui possédaient le parfum d'une éternité où je lui avais fait la promesse de ne jamais l'oublier.

Je me souviens que la vie nous a finalement et logiquement rattrapés. Je me souviens de mes pleurs sur le quai d'une petite gare de nulle part, du son de l'inéluctabilité. Des fois, je la ressens encore à travers une chanson, toujours la même rengaine et mon coeur vacille quand je l'entends par hasard.

Aujourd'hui, elle a disparu dans la foule et je cherche en vain son prénom. Marion ? Marine ? Marianne ? Aujourd'hui, je me sens coupable de ne pas avoir pu tenir la promesse de la graver dans ma mémoire mais je remarque que tous les personnages féminins que je crée dans mes histoires portent son initiale. Coïncidence ?