Chapitre dernier : Nouvel an 250
Benjamin se retira pour être seul. Il escalada la falaise ocre qui refermait le Val des Mots en son extrémité la plus étroite et se hissa assez haut pour contempler le défilé dans toute sa longueur. Tout proche, au premier plan, on avait dressé une large estrade en bois sur laquelle étaient installés sept trônes en ébène et un pupitre du même bois tournés vers la foule grouillante assise à même le sol sur une surface incroyable. Du point de vue de Benjamin, c’était un champ humain. Les Hommes ignoraient encore que ce jour serait celui de leur libération : ils attendaient avec impatience le vote du Grand Amendement.
Quant aux conseillers et aux amis de Benjamin, ils se préparaient derrière l’estrade, comme des comédiens dans les coulisses. Et Miranda Vise… Benjamin la chercha des yeux et ne la trouva pas. A part les Escureuils, elle était sans doute la personne qui pouvait passer inaperçue le plus facilement. Soudain, Benjamin la reconnut, qui volait droit dans sa direction.
« Bonjour Benjamin, le salua-t-elle quand elle fut à portée de voix. Vous ne restez pas avec Ernie et les autres ?
— Je crois que j’ai besoin d’un peu de tranquillité pour le moment.
— Je vois. »
Mais la Dragonne ne devait pas vraiment comprendre ce qu’il voulait car elle resta là.
« Vous êtes mélancolique.
— Mmh.
— Tout va finir et vous ne savez pas où vous irez ensuite.
— Les conseillers vont retourner à leurs affaires, les Hommes vont organiser leur Reportation avec Ernie, Strabius va rentrer au Nordaire pour soigner ses malades, vous allez vous remettre à vos activités et Lucie va reprendre le magasin de ses parents et reconstruire sa vie. Moi, je ne veux pas me lancer en politique et je n’ai aucune idée de ce que je peux bien faire de ma vie.
— Quand vous avez accepté de témoigner au Suprême Conseil…
— Je n’ai pas réfléchi parce que je n’avais rien d’autre à accomplir. Je venais de quitter La Vie par don, ma vie était une page vide. Et voilà, finalement, je n’ai pas servi à grand-chose et ma vie est encore plus vide qu’avant.
— Quelle idée ! Vous avez soutenue notre petit Ernie pendant plusieurs mois, vous l’avez admirablement sorti du piège que lui avaient tendu les Gigants et vous avez témoigné devant les conseillers. Que vouliez-vous de plus ?
— Je ne sais pas. »
En réalité, Benjamin savait parfaitement ; seulement, il ne voulait pas s’en ouvrir à cette Dragonne qu’il connaissait si peu. Comprendrait-elle s’il lui disait qu’il aurait bien voulu qu’on dise de son intervention qu’elle avait été décisive comme celle de Telsius ? ou qu’il aurait aimé être à sa place pour dessouder Vergne ? ou qu’il avait désiré être aussi proche d’Ernie que l’étaient Perto et Lucie, chacun à leur manière ? Non, Miranda Vise ne le comprendrait pas ou le comprendrait trop.
« Benjamin, votre histoire n’est pas une page vide mais une page vierge. Bien sûr, vous ignorez totalement où vous allez. Mais rassurez-vous, vous êtes loin d’être le seul. Si aucune profession ne vous fait rêver, essayez-en quelques-unes, choisissez celle que vous aimez le plus et exercez-la. Nul ne vous empêchera d’en changer si vous le voulez. Visitez le pays – le vôtre ou d’autres contrées –, établissez-vous où vous voudrez vivez-y. C’est en vivant qu’on apprend à vivre, c’est en aimant qu’on apprend à aimer. Un jour, vous vous retournerez et vous verrez tout le chemin parcouru. Vous vous apercevrez que vous avez fait du bien et du mal, vous aurez des choses à regretter et d’autres dont vous serez fier. C’est alors que vous saurez ce que vous désirez vraiment. Peut-être que vous détesterez tout ce que vous verrez, alors vous déciderez de continuer l’exact inverse mais au moins vous saurez quoi faire. Mais quoi qu’il en soit, ne vous perdez pas en inquiétudes ni en lamentations. Je l’ai fait pendant des années et je peux vous dire qu’il n’y a rien d’aussi inutiles. »
Benjamin ne répondit pas. A ce genre de tirade, il n’y avait en effet jamais rien à dire. Il n’y avait même à peu près rien à en tirer immédiatement. Car un discours ne donne pas l’envie de vivre. Toutefois, les mots de la Dragonne avaient un mérite immense : ils disaient à Benjamin que quelqu’un s’intéressait à lui, qu’en dehors de lui, d’autres avaient de l’espérance et de la confiance et que, un jour sans doute, Benjamin vivrait ce que la Dragonne lui avait promis, quand bien même à l’instant cela semblait toujours aussi impossible.
Aussi Benjamin retourna-t-il auprès d’Ernie et des autres pour continuer de vivre ce qui était un très grand jour.
***
Ernie connaissait bien le discours de Miranda Vise car elle le lui avait donné à relire et à corriger. Encore trois phrases et elle se tairait jusqu’au couronnement. Trois phrases et les Hommes connaîtraient le nom Allume-Soleil.
« Tout cela devait connaître une fin et c’est l’un des vôtres qui l’a obtenue. »
Ernie tremblait de tous ses membres. Les Hommes l’aimeraient-ils ? Ou seraient-ils déçus en le voyant si glabre, si frêle ?
« Cet Homme a appris à lire et à écrire alors qu’il était encore chez vous et c’est ainsi qu’il a découvert l’illégalité de votre situation. »
Des cris fusèrent alors dans un coin de l’assemblée, sans doute à l’endroit où étaient assis les Hommes de Témor-la-Petite. A cause de l’acoustique particulière du Val des Mots, on ne discernait pas les mots hurlés mais Ernie savait que les siens disaient « Ernie ! » ou « Allume-Soleil ! » Devant cette agitation, les Géants chargés de faire obéir les Hommes firent taire les impertinents et Miranda arriva au terme de son allocution :
« Je suis donc fière de vous présenter Ernald Thiry, dit Ernie, fils de Corine et Raphaël thiry et surnommé selon vos traditions Allume-Soleil. »
Chez les Hommes, on gardait toujours le plus important pour la fin ; c’est la raison pour laquelle Ernie avait lui-même réarrangé la dernière phrase de la Dragonne. D’abord venait son identité administrative, puis le nom qu’il se donnait à lui-même ainsi que celui de ses parents qui lui avaient tout donné. Enfin, le surnom dont la communauté l’avait gratifié. Ainsi, Ernie voulait briser la tradition séculaire des Hommes selon laquelle les rois (qui, suposément, se suffisaient à eux-même) ne possédaient qu’un prénom et un titre. De son sacre jusqu’à son abdication aussitôt que possible, il serait un roi humble. Du moins il l’espérait.
Pendant qu’Ernie se remémorait ses propres décisions, il grimpa les marches qui le séparaient de cette estrade qui ressemblait tant à une scène. Plus il montait, plus la foule le découvrait et plus elle délirait en acclamations tonitruantes. Sous les yeux d’Ernie, une immense marée souleva la foule à mesure que tous essayaient de s’approcher de lui. Heureusement, des Géants les retenaient fermement.
Avant de parvenir au pupitre, Ernie croisa Miranda qui en revenait en voletant.
« Je n’ai jamais connu un tel succès ! lui cria-t-elle dans le creux de l’oreille pour couvrir le vacarme. Profitez-en, cela n’arrive qu’une fois dans une vie ! »
Enfin, Ernie se tint en face de ce qu’il rechignerait bientôt à appeler « son » peuple. Les siens. Comme les voix ne se taisaient pas et qu’un raclement de gorge ne serait pas efficace, Ernie leva une main. Il essaya de le faire le moins autoritairement possible pour ne pas paraître prétentieux. L’effet fut immédiat, un silence de mort embrasa les Hommes. Ernie ne put s’empêcher de regarder sa main avec étonnement. Quel drôle de chose que de commander une telle foule avec quelques doigts seulement.
« Merci beaucoup mes amis. »
Mes amis : cela plut énormément aux Hommes qui se répandirent en applaudissements. Ernie avait hésité avec « mes frères » mais cela lui aurait donné l’impression d’être prêtre. Les Hommes avaient beau être très religieux, ils ne s’appelaient pas frères en-dehors de ; l’église.
Ernie baissa les yeux sur le pupitre. Son discours était là. Il l’avait écrit seul et n’avait autorisé personne à le relire. D’une part, il trouvait la chose très intime et d’autre part, il savait que ni Perto ni les conseillers ne seraient d’accord au moins avec la deuxième partie.
La première partie en effet était très conventionnelle et servit à Ernie de mise en jambes : il ancra son corps pour ne pas donner l’air d’être un pantin, se tint droit sans paraître guindé, modula son regard pour accompagner ses adresses, veilla à bouger ses bras modérément, ajusta la hauteur de sa voix, se concentra incessamment pour que son ton colle à ses mots et régla sa puissance vocale. (Sur ce dernier point, les parois rocheuses servaient de caisse de résonance et lui évitaient d’avoir à crier.)
Pour la deuxième partie en revanche, Ernie prit garde à bien écouter les réactions de l’auditoire et celles, dans son dos, des conseillers.
« Ainsi, disait-il en transition, je suis très heureux que le Suprême Conseil ait annulé la Déportation.
« Néanmoins, poursuivit-il avec plus de gravité, je crois qu’il est de mon devoir de vous avertir. Je suis en effet le seul de nous tous qui ait eu l’occasion de voir le reste du monde et je suis donc le seul à savoir à quoi ressemble la vie des peuples libres. Cette vie-là, j’en ai fantasmé quand j’étais chez nous et je sais vous en fantasmez, vous aussi. Le fantasme, pourtant, ne suffit pas. Comme dit le proverbe : les courges sont toujours plus tendres dans le jardin du voisin…
« J’ai parcouru les jardins de nos voisins et j’ai mangé de leurs courges. Voilà ma conclusion : elles ne sont pas plus tendres mais elles ont plus de goût. Je m’explique : la vie des peuples libres n’est pas plus facile. Ils n’ont pas de couvre-feu, c’est vrai ; ils voyagent où ils veulent, c’est vrai ; ils sont propriétaires de leurs maisons et de leurs habits, c’est vrai ; ils mangent le fruit de leur travail, c’est encore vrai ! »
Ernie laissa passer un instant. Les Hommes étaient suspendus à ses lèvres, il n’entendait plus la respiration des conseillers derrière lui, et ses amis au premier rang le regardaient avec des yeux grands comme des soucoupes.
« Pour autant tout n’est pas rose. J’ai vu des jeunes gens mendier leur nourriture, j’ai vu des veuves qui cherchaient un toit ou des haillons pour leurs enfants, j’ai vu des vagabonds qui voyageaient pieds nus, j’ai vu des parents qui pleuraient de n’avoir pas su imposer un couvre-feu à leur enfant tué par des brigands. Voilà pourquoi je dis : les courges ne sont pas plus tendres dans le jardin du voisin.
« Mais j’ai aussi dit : elles y sont plus savoureuses. En effet, les Géants ne seront plus là pour pallier nos mauvaises récoltes ou condamner nos criminels, ils ne seront plus là pour donner un toit à chacun et des vêtements pour les nécessiteux. Parce que nous serons libres. Chaque quignon de pain, chaque mur en pierre, chaque décision de justice sera l’œuvre de nous tous mais de nous seuls.
« Vous l’avez donc compris : notre vie de demain sera pleine de biens et de maux, comme notre vie d’hier. Biens et maux seront différents mais pas meilleurs. La seule différence, mais c’est celle pour laquelle je me suis battu, pour laquelle nous nous sommes battus pendant 250 ans, c’est que nos biens auront le goût de nos victoires et que nos maux auront la saveur de nos faiblesses. Et de la sorte, nous serons libres : libres de nous battre contre nos maux et de nous battre pour nos biens.
« Alors voulez-vous, oui ou non, la liberté ? »
Ernie savait que sa harangue, aussi juste qu’elle sonnât à ses oreilles, pouvait tout à fait pousser les siens à répondre un bête « non » ; et si tel était le cas, il n’avait aucune idée de ce qu’il ferait. Mais au fond de lui, il connaissait trop les Hommes pour ne pas savoir à l’avance la clameur qu’il entendrait.
Il ne fut pas détrompé : l’assemblée, toute galvanisée, approuva son héros.
« Maintenant, il faut que je vous pose une seconde question. Pour organiser notre retour chez nous sur notre Terre et pour prendre les décisions les plus importantes et les plus difficiles, voulez-vous, oui ou non, que je sois votre roi ? Vouez-vous, oui ou non, que je vous représente devant les autres peuples ? M’obéirez-vous, oui ou non, jusqu’à ce que nous soyons tous installés chez nous, jusqu’à ce que nous soyons libres ? »
Là encore, les conseillers n’avaient pas du tout prévu qu’on demande au peuple son assentiment à la décision. Mais Ernie savait bien qu’ils n’oseraient rien dire. Et il n’était pas question que d’autres que les siens l’élisent roi.
Le oui l’emporta à nouveau et Ernie fut surpris de constater que les Hommes mettaient plus encore d’ardeur à le choisir lui qu’à choisir la liberté. Sans doute était-ce à cause de la ferveur du moment.
Après le discours, Ernie devait être sacré. Cette partie comme la première ne fut pas religieuse (le Te Deum serait pour plus tard) car l’Église de ce temps très sécularisé avait renoncé au temporel et considérait le spirituel comme son unique occupation. Avec les âmes, disait-elle, il y avait déjà trop à faire pour prétendre en plus s’immiscer dans le matériel.
Ce fut donc un laïc qui couronna Ernie. Un laïc et un Homme pour signifier encore une fois que c’étaient les Hommes qui se donnaient un roi. Un laïc, un Homme et un frère. Celui à qui Ernie avait écrit un billet portant comme inscription : Je ne suis pas mort. Tu peux le dire à maman. Nous nous reverrons le jour de l’Amendement. Un Géant te cherchera et te mettra à part. Et si tout se passe bien, tu me rejoindras sur l’estrade.
Julien s’avança. Ernie l’avait remarqué au premier rang à côté de Lucie depuis qu’il était monté sur l’estrade. Et il avait vu sur son visage les séquelles de l’année écoulée, dures et tristes. Il en aurait peut-être pleuré si son frère n’avait arboré la mine exultante qu’il réservait d’habitude aux filles avec lesquelles il dansait si mal. Enfin, Julien parvint au milieu de la scène. Ernie plia alors un genoux et baissa la tête. Il ne voyait plus la couronne au-dessus de sa tête mais seulement les pieds de Julien. Il respira profondément et leva les yeux. Soudain, sa tête pesa plus lourd et ses oreilles vrillèrent sous les hourras. Il était roi.
Il fallut un bon quart d’heure pour que la foule revienne de ses émotions. Ensuite, une Femme lui remit le sceptre. Il ignorait qui elle était et comment elle avait été choisie mais cela n’importait pas, il était heureux que d’autres que des membres de sa famille lui aient offert le pouvoir. Pour finir, il reçut l’hermine et encore d’autres insignes de pouvoirs avant que Clémence Ténull ne s’avance et lui passe le Collier d’Onyx, qui le rendait membre du Suprême Conseil. A chaque itération, les clameurs de la foule étaient moins longues, c’était heureux.
Miranda Vise qui couronna Ernie et lui remit les insignes du pouvoir. Quant au collier d’onyx qui revenait au représentant des Hommes au Suprême Conseil, ce fut Clémence Ténull qui le lui passa autour du cou. Ernie s’assit alors le trône central et y resta pendant tout le discours de John Volle qui présentait aux Hommes les modalités de la Reportation.
Le bain de foule vint immédiatement après.
Ernie pataugea alors parmi des inconnus pendant un temps infini jusqu’à ce que devant lui, comme par enchantement, il découvre sa mère. Julien l’avait rejointe et il se tenait à côté d’elle ; tous deux rayonnaient comme les étoiles dans la nuit. Mais Ernie remarqua que sa mère avait complètement blanchi. Elle avait pleuré bien des pleurs et prié bien des prières pendant l’année écoulée. Elle avait beau servir des « Oh, Ernie ! » à tout va, il savait qu’il faudrait du temps pour que son cœur guérisse ce chagrin-là. Mais la guérison viendrait maintenant, c’était sûr et il n’y avait pas lieu de s’en inquiéter.
Alors enfin Ernie souffla. Son voyage finissait dans l’étreinte de sa mère et il se sentait chez lui. Ouf, son âme entra dans un grand répit. Une page était tournée, la boucle était bouclée. Dans les bras de sa mère, et de son frère qui prenait aussi part aux retrouvailles, Ernie se sentit redevenir petit garçon pour un moment. Le paradis, songeait-il, devait avoir ce goût-là.
Mais sur terre, le paradis n’était pas éternel et une voix s’immisça, qui n’avait rien d’angélique puisqu’elle appartenait à Benjamin :
« Lucie s’en va. »
Ernie n’aurait pas dû y prêter attention, tout accaparé qu’il était par sa famille. Ernie aurait dû chasser l’Escureuil de son épaule et s’enfoncer davantage encore dans la douceur de l’amour qui l’entourait. Mais son cerveau réagit au quart de tour.
« Où ?
— De l’autre côté de l’estrade, vers l’ouest. »
Un vide abyssal se créa sans tarder et Ernie devint absent pour tous les siens. Un vide et, tout de suite après, un grand désir. Il la voulait, elle. Il voulait la voir, lui parler, la toucher. Mieux, il voulait qu’elle le voie, qu’elle lui parle, qu’elle le prenne par la main… qu’elle l’aime.
Mais pouvait-elle le désirer, lui ? Était-ce possible ? Que pouvait-elle aimer en lui, elle qui avait tout ? Ernie paniquait et jubilait à la fois. Tout-à-coup, son cœur se dilatait et il se sentait aimer cette seule fille mille fois plus que tout ce qu’il avait aimé auparavant.
Il revint à la réalité et sortit de ce câlin qu’il s’était cru incapable de rompre.
« Il faut que j’y aille ! s’exclama-t-il. Désolé !
— Quoi ? Déjà… »
Ernie ôta sa couronne, son collier, son hermine et tout le reste et les mit dans les bras de son frère et de sa mère.
« Je ne serai pas trop long ! » dit-il avant de s’élancer vers l’estrade.
Derrière lui, son frère s’écria :
« Ne me dis pas que tu es amoureux quand même ? »
Tiens, Julien le connaissait donc tellement bien ? Ernie occulta cette pensée et se concentra sur l’urgence : Lucie. Que lui dirait-il ? Que lui dirait-elle ? Elle n’avait jamais rien montré… Elle s’était toujours comportée comme une amie… Pourtant, il fallait qu’il essaie. Il fallait qu’il sache !
« Laissez passer le roi ! Laissez passer le roi ! »
C’était Benjamin qui criait, toujours perché sur l’épaule d’Ernie. Ses avertissements étaient efficaces car la foule se fendait comme la mer Rouge et Ernie pouvait presque courir malgré le monde.
Enfin, il sortit de la foule et la vit. Derrière lui, les Hommes murmuraient, Benjamin avait sauté à terre, et sa peau de roi était bien loin. Il n’y avait plus que lui. Et elle était loin devant, marchant vers l’ouest, noire dans la splendeur du soleil couchant.
Ernie courut jusqu’à être proche et appela :
« Lucie ! Attends, Lucie ! Attends-moi ! »
Elle s’arrêta. Elle allait se retourner. Le cœur d’Ernie vrombissait et alors il sut que son sacre n’avait pas terminé sa vie, bien au contraire.
FIN
Merci du fond du coeur à tous ceux qui arriveront à ce point de l'histoire. N'hésitez vraiment pas à me partager vos impressions.
Aucune suite n'est sérieusement envisagée même si je peux vous dire qu'Ernie et Lucie ne sont pas au bout de leurs difficultés. Un préquel en trois tomes (sur la Dernière Guerre, avec la jeunesse de Miranda, Cassandra et terlin) est à l'état de plan. Je ne pense malheureusement pas avoir le temps de l'écrire. (Rien que celui-là m'a pris presque six ans !)
Encore merci.
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