Chapitre 14

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Maxine et Loïc se dirigèrent vers la zone spa et furent accueillis par une jeune femme qui les conduisit d'abord aux vestiaires pour leur fournir un peignoir et une serviette. Elle leur demanda ensuite de se changer et les attendit à l'extérieur pendant un moment.

« On ne va pas être séparés ? demanda subitement Maxine, inquiète.

— Pas du tout, madame. Vous serez tous les deux dans le même spa. Tout l'équipement et la pièce sont nettoyés en profondeur après chaque client. Je suis sûre que vous allez adorer. En outre, si je puis me permettre, vous et votre mari formez un couple absolument charmant.

— Mon mari ? Loïc n'est pas mon mari, rectifia Maxine.

— Je m'excuse, Madame. Je ne...

— Non, non, ce n'est rien. C'est même flatteur que vous l'ayez pensé. Et en même temps... continua Maxine avant que Loïc ne sorte du vestiaire, vêtu de son peignoir.

— De quoi parliez-vous ? demanda-t-il.

— Du fait que tu n'es pas mon mari. Mais je dirais que tu es mon âme sœur. » déclara Maxine devant la tête médusée de la jeune femme.

En conséquence, celle-ci s'embrouilla un peu pour trouver le bon terme à utiliser pour désigner Maxine.

« Venez nous rejoindre, moi et votre... sœur ? Âme sœur ? balbutia-t-elle.

— Ne vous embrouillez pas. Dites simplement "petite-amie" pour elle et "petit-ami" pour moi. Ce sera plus simple. "Âme sœur" est très joli, mais un peu délicat à utiliser comme ça, affirma Loïc.

— D'accord, en effet. Veuillez me suivre », dit la jeune femme en conduisant le couple vers leur spa.

Pendant qu'ils suivaient leur guide, Maxine sautillait et faisait des petites pirouettes de temps à autre. Loïc considéra sa compagne avec un œil amusé. Son comportement était réellement imprévisible. C’était ce qu’il aimait chez elle, et cela, même s’il ne comprenait pas bien les raisons de ces enthousiasmes soudains. Mais fallait-il nécessairement tout comprendre ? Loïc savait bien que non. Cependant, cette fois-ci, il ne put s’empêcher d’interpeler Maxine :

« Qu’est-ce que tu as ? Tu m’as l’air bien excitée d’un seul coup. »

Maxine se tourna vers lui et le regarda comme si elle le découvrait pour la première fois. Elle ouvrit la bouche et parut chercher ses mots. Puis, semblant ne pas les trouver, elle referma les lèvres et haussa les épaules. Elle fit demi-tour.

« C’est par ici, dit leur guide en ouvrant la porte de bois d’une pièce où l’on voyait le bassin à bulles qui en prenait la plus grande place. N’hésitez pas à m’appeler avec l’interphone juste sur le côté en cas de besoin. Profitez-en bien. »

Maxine fit une sorte de révérence pour la remercier et attrapa la main de son compagnon pour l’entraîner à l’intérieur. Loïc eut à peine le temps de refermer la porte que Max s’était déjà débarrassée de son peignoir et tirait déjà sur la ceinture du sien, pour le lui ôter. Elle se colla contre lui, prenant ses mains dans les siennes et les posant sur ses fesses toutes contractées, car elle s’était mise sur la pointe des pieds pour quémander un baiser.

« Doucement, Max. Tu sais que le spa, c’est fait pour que l’on se détende ? »

Sa rebelle petite-amie lui lança un regard en biais, avec un air narquois.

« C’est bien ce que je compte faire. »

Et en accompagnant le geste à la parole, elle lui murmura à l’oreille :

« Viens ici que je te détende. »

*

Loïc dut céder aux manœuvres de Maxine, un peu contre son gré, les deux premières minutes. Mais comment pouvait-il résister ? Surtout, pour quelles raisons tordues aurait-il eu à le faire ? Rien ne justifiait de ne pas répondre aux envies de sa belle, fussent-elles les plus soudaines, les plus imprévisibles. En sus, c’était ce côté un peu extrême, désinhibé que Loïc cherchait chez Maxine pour dépasser ses propres limites, et rejoindre ce qu’il identifiait comme sa vraie nature : une fois le fantasme transformé en réalité. Loïc repensa à la première fois où Maxime s’était frottée à lui pour chercher et trouver son contentement. Il ne put s’empêcher de faire le parallèle. Lui aussi, quelque part, se servait d’elle pour arriver à ses fins. Était-ce mal ? Était-ce sain ?

La lucidité n’était pas ni la première, ni la plus évidente des choses à conserver dans ces circonstances. Surtout que Maxine, elle, n’avait aucunement l’intention de faire dérailler le train. Et maintenant qu’elle l’avait allongée au fond du bassin, qu’ils étaient cernés par les bulles et les remous, elle s’était installée au-dessus de lui pour mieux le dominer comme un vrai chef d’orchestre.

Loïc se laissa faire. Il ne voulait pas contrarier Maxine. Même si elle le forçait à se contracter, il sentait monter en lui une sorte de quiétude complétement contre-intuitive. C’était bon, de tout laisser aller, de regarder la musique se déployer, trouver ses propres notes sans même les chercher. La magie de la partition qu’ils composaient à quatre mains était là, sans même qu’ils aient eu à la convoquer. Et ils montèrent, montèrent, partirent très loin avant de retomber, essoufflés, emmêlées, l’un occupant les espaces de l’autre.

« On peut rester comme ça ? » demanda Max en posant son menton sur l’épaule de son compagnon.

Il ne répondit pas et se contenta de la serrer un peu plus avec ses bras pour la tenir visser à lui, une éternité de plus.

*

Après leur passage au spa, ils retournèrent dans leur chambre pour le dîner qui leur fut servi quasiment dans la foulée.

« J’espère qu’il n’y avait pas de caméra, fit Maxine avant d’avaler un morceau d’une espèce de rouleau de printemps revisité à la sauce du coin.

— J’espère bien. Je pense que ça constituerait un délit de toute façon.

— C’est… commença Max, la bouche pleine. C’est pas ça qui va en arrêter certains pour autant.

— Certes… Mais pourquoi tu penses à cela ?

— Je ne sais pas. C’est peut-être moi, la perverse dans le tas.

— Un petit côté exhib ? fit Loïc en souriant.

— Non. C’est plus pour ce côté danger. Le côté : ça pourrait arriver.

— Et ?

— Et je ne sais pas, moi. Si ça arrive, j’ai envie que ce soit beau, bien fait, quoi ! Je n’ai pas envie que les voyeurs fassent : “Beurk !”, fit Maxine en rougissant et se planquant derrière sa serviette de table.

— C’est ce que je disais, un petit côté exhib mais contre ta volonté…

— Non, non, non… C’est pas possible, tu me fais passer pour une fille avec des fantasmes bizarres.

— Bizarre n’est pas malsain. »

Maxine fusilla gentiment Loïc du regard.

« Et que dire du gars qui dit oui à cette fille…

— On ne dit rien. Lui c’est qu’une victime.

— C’est cela, oui. Et la marmotte… Tu sais ce qu’elle fait la marmotte ? »

Elle et lui se mirent à rire de bon cœur, fiers de leurs pitreries respectives. Puis, ils s’arrêtèrent et le silence tomba pendant deux-trois minutes.

« Max. Je peux te poser une question sérieuse ? » commença Loïc sans aucune transition.

Maxine hocha la tête en attendant la suite.

« Je sais qu’on n’en a pas parlé depuis le début et que ça me convient parfaitement personnellement. J’ai confiance et toi aussi a priori, sinon, nous n’en serions pas là. Mais, on ne s’est pas protégés à aucun moment et j’ai vu que tu avais une boîte de pilules neuve dans tes affaires. Je n’ai pas fouillé, c’est juste qu’elle est tombée avec mon rasoir, mais enfin, bref. Je voulais te poser la question directement car il n’y a pas de bon moment pour le faire. Je voulais savoir si ça te convenait, comme ça ? Ou si tu voulais autre chose et que tu n’oses pas en parler. Voilà. »

Loïc se tut et garda son regard planté dans celui de Maxine qui cligna un peu des yeux. Il aurait voulu lui parler du sang sur la couverture du canapé de leur première nuit, mais à cet instant, il jugea que c’était peut-être un peu trop. Maxine regarda un peu à droite, un peu à gauche.

« Bah ça me va, fit-elle finalement en prenant un air complice. Surtout… »

Elle se redressa et passa sa main sur son ventre :

« Moi j’adore ça, avoir des papillons dans le ventre. »

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