Chapitre 13

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À partir du dimanche matin, Maxine fut alternativement comme une gamine surexcitée et une gosse capricieuse, incapable de patienter jusqu’au mercredi soir. Il était un peu pénible d’encaisser ses mouvements d’humeur, mais étrangement, Loïc arrivait à les relativiser et même les apprécier. Il ne savait pas mettre le doigt exactement sur quel instinct l’attitude de Maxine jouait. Il était cependant convaincu que sans cela, c’eût été rédhibitoire et suffisant pour générer un motif de dispute ou de rupture. Mais l’important, à cet instant, était qu’ils partent en week-end et profitent à fond de celui-ci.

Ils se montrèrent raisonnables dans leurs activités nocturnes du mercredi au jeudi car ils avaient décidé d’arriver à l’hôtel avant midi et pour cela, il fallait partir dès cinq heures. Loïc savait parfaitement que Maxine n’était pas du matin et il dut jouer d’un peu de ruse en lui proposant une infusion de camomille, la veille au soir après dîner. Il obtint le résultat escompté : une Maxine endormie dans ses bras dès vingt-deux heures trente. Cela lui permit d’avoir une Maxine un peu moins ronchonne quand le réveil sonna à quatre heures du matin. En la téléguidant un peu, il réussit à la glisser sans trop de difficulté sur le siège passager de sa voiture.

Il prit la route à cinq heures pile avec sa compagne qui se rendormit dans les premières minutes du voyage. Ce n’était pas un problème pour Loïc et au contraire, il préférait sur les grands trajets, ne pas avoir un passager qui lui parle en permanence. Il voulait garder sa concentration intacte, surtout pour la période où le soleil n’était pas parfaitement levé.

Vers neuf heures, Maxine émergea, étonnée durant les premiers instants de se retrouver sur le siège passager de la voiture.

« On est bientôt arrivés, demanda-t-elle d’une voix encore pleine de sommeil.

— Non, on n’en a pour encore trois heures minimum.

— C’est long, soupira-t-elle. On a emmené une bouteille d’eau ?

— Sur la banquette arrière, pourquoi ?

— Faut que je prenne mes cachetons.

— T’es malade ? »

Maxine secoua la tête, très fort.

« Non, ce sont juste des vitamines. » dit-elle en défaisant sa ceinture et se retournant pour passer par-dessus le siège et attraper la bouteille qui avait roulé de l’autre côté de la banquette arrière.

Loïc jeta un œil sur le côté pour contrôler la manœuvre qui lui paraissait compliquée de la part de Maxine.

« Max ?

— Quoi ? Attends dix secondes, j’attrape cette fichue bouteille… Voilà.

— Je sais bien que tu n’étais pas bien réveillée mais tu n’aurais pas oublié de mettre quelque chose, ce matin ? »

Maxine prit sa tête de coupable prise en flagrant délit et rougit.

« Non, c’est juste que je n’ai pas trouvée celle que je voulais, alors je me suis dit, tant pis. Pour le trajet en voiture, on s’en fiche, compléta-t-elle en tirant la langue.

— Pour moi, ce n’est pas un problème, c’est même stimulant mais fais juste gaffe dans tes manœuvres quand tu seras en mode grand public.

— Oui, Papa. »

*

Loïc avait réservé un hôtel quatre étoiles dans une suite de belle facture. La chambre donnait directement vue sur la mer.

« Wow, j’ai l’impression d’être une princesse, fit Maxine en entrant dans la chambre derrière le majordome. C’est toujours comme ça quand tu vas à l’hôtel ?

— Oui et non, répondit-il d’un ton un peu gêné. Je ne suis pas un gars qui court d’hôtel en hôtel dans sa vie de tous les jours. Là, c’était surtout pour l’occasion. »

Il réalisa d’un seul coup qu’il n’avait qu’une vague idée sur la perception que Maxine avait de lui. Tous les deux parlaient de milliers de choses plus ou moins intéressantes, mais ce sujet en particulier, sa petite princesse ne l’avait jamais mis sur le tapis, et il se voyait mal introduire le sujet lui-même, sauf à apparaître comme une personne plutôt narcissique.

Le petit malaise fit légèrement sourire le majordome et celui-ci le dissipa tout de suite en faisant faire au couple le tour du propriétaire.

« Vous avez accès au spa, deux heures par jour. En revanche, vous devez réserver.

— Il est sérieux ? demanda Maxine. C’est un spa pour nous deux ?

— C’est un spa privatif, effectivement sur la période réservée, répondit le majordome bien que la question ne lui fût pas adressée.

— C’est comme dit le monsieur. » se contenta de dire Loïc.

Les yeux de Maxine se firent suppliants et Loïc se contenta de lui faire signe de s’exprimer.

— On réserve alors ! s’exclama-t-elle. On peut faire ça vers dix-sept ou dix-huit heures ? »

Le majordome indiqua que les créneaux étaient pris mais que c’était possible entre dix-neuf et vingt heures. S’ils dînaient juste après, il s’agissait de la meilleure planification. Maxine tourna la tête vers Loïc car elle ne comprenait pas la réponse.

« Même le dîner est compris ? fit-elle avec des yeux ronds comme des soucoupes.

— Oui, fit Loïc en hochant la tête. Pour la première soirée, je me suis dit que c’était mieux de faire simple et de ne pas avoir à se stresser pour savoir où aller manger. En plus, on dinera sur la terrasse s’il fait bon.

— Si le temps est mauvais, nous pourrons toujours vous accueillir dans la salle de restaurant au rez-de-chaussée avec la verrière. Si manger dans votre chambre n’est pas essentiel et profiter du panorama en même temps qu’être protégés, oui. »

Après cela, le majordome demanda la permission de se retirer et Maxine continua à virevolter partout dans la suite.

« Et on est là pour trois jours ? répéta-t-elle comme si elle ne le croyait pas. Je sais bien que ce n’est pas le top du luxe mais quand même. »

Elle sauta au cou de son petit-ami.

« J’ai faim. Mais je ne sais si c’est de toi ou de la nourriture que j’ai besoin, là tout de suite. »

Elle le poussa sur le lit en lui faisant la plus fourbe des balayettes.

« Je crois que je vais commencer par le dessert ! » fit-elle avec son regard de défi.

*

Le dessert consommé, le couple descendit au niveau du restaurant pour commander un déjeuner rapide à base d’omelette et de salade composée.

« Tu crois que je pourrais me baigner ? demanda Maxine avant d’avaler la tomate cerise qu’elle avait saisie entre ses doigts, faute d’arriver à l’attraper avec sa fourchette.

— Tu peux. Après c’est la température qui n’est pas celle d’été.

— Il fait frais certes mais il fait bon si vous voulez faire quelques brasses. C’est ce que font les autochtones. En revanche, si vous voulez juste faire la planche et prendre le soleil, je crains que vous ne teniez pas plus de deux minutes. Sans vouloir vous offenser. » fit le serveur qui débarrassait la table voisine.

Maxine attendit qu’il s’en aille avant de reprendre la parole.

« C’est bien les domestiques-là, mais ils sont obligés d’écouter tout ce qu’on dit, et de donner leur avis ? »

Loïc éclata de rire.

« Tu n’as pas tort. En même temps, ce qu’il t’a dit, n’était pas déconnant.

— Ce n’est pas ce que j’ai dit. C’est juste que j’ai l’impression d’être en résidence surveillée. Heureusement qu’ils nous ont laissé tranquilles tout à l’heure. T’imagines ? Excusez-moi messieurs-dames, mais je vous conseille la posture du roseau car ce sera bien meilleur pour votre dos et le confort de madame. Le délire ! »

Loïc faillit s’étouffer de rire en imaginant la scène. Mais dans un second temps, il fronça les sourcils.

« La posture du roseau… Tu m’as l’air d’être bien renseignée, toi ? Le Kâmasûtra est ton livre de chevet ?

— Hey ! Qui t’a dit que c’était un truc du Kâmasûtra ! »

Et ils continuèrent ainsi à gentiment se chamailler jusqu’au moment où ils décidèrent de sortir. Ils partirent se balader sur le bord de mer en passant d’abord par les quais et le port de plaisance.

*

Durant leur escapade, Maxine ne put se retenir d’aller piquer une tête dans les vagues sur le chemin du retour. Et bien entendu, lorsqu’elle sortit de l’eau, c’est là qu’elle fut frigorifiée. Loïc dut courir jusqu’à un magasin sur le bord de la plage, pour acheter un pull marin taille XL où il put emmitoufler le petit animal complétement gelé qui ne s’arrêtait pas de grelotter.

« On va rentrer et se mettre au chaud. On en a fait pas mal aujourd’hui. En plus, il y a le spa à dix-neuf heures, ça va te requinquer. »

Une fois arrivés à l’hôtel et remontés dans leur chambre, Loïc déshabilla Maxine pour la coller sous trois ou quatre couvertures dans le lit et lui mit la télévision. Il passa un coup de fil à la réception pour savoir s’il y avait un service de blanchisserie pour faire nettoyer le linge de Maxine et le sien par la même occasion.

« Je demanderai qu’ils nettoient notre linge demain pour dimanche. » fit-il.

Il passa ensuite dans la salle de bain pour se rafraîchir un peu et se raser. Il sortit la mousse pour l’étaler sur ses joues et au moment d’attraper le rasoir, celui-ci lui échappa, tapa dans la vanity de Maxine qui manqua de se renverser complètement. Heureusement, il réussit à rattraper l’essentiel et seules quelques boites de médicaments s’échappèrent pour terminer sous le lavabo. Il tendit le bras, attrapa les deux boîtes. Il allait les remettre dans la vanity mais ne put s’empêcher de lire les noms.

Le premier, il connaissait vaguement car c’était une marque de pilule contraceptive. Rien de particulier, si ce n’est que la boîte n'était pas entamée. En revanche, le nom du second médicament ne lui évoquait rien. Était-ce les fameuses vitamines ? Le nom ne sonnait pas comme un produit de parapharmacie. En principe, les trucs à base de vitamines, c’était principalement en « ine » lui semblait-il. Là, le nom se terminait en « ithe ». Ce n’était pas courant. En plus, un encart indiquait que le médicament n'était disponible que sur ordonnance. Quel genre de vitamines n'était disponible que sur ordonnance ? En même temps, Loïc n’était pas pharmacien et ses connaissances étaient très restreintes. Il se contenta de retenir le nom et de remettre les deux boites là où elles étaient rangées.

Il finit son rasage pour aller rejoindre Maxine dans le lit en attendant l’heure du spa.

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