Un souffle de normalité
Je me réveille. La douleur a disparu. Un soulagement immense m’envahit, aussi soudain qu’inattendu. Rose n’est plus là. Il est tard, le soleil disparaît petit à petit.
Elle a dû rentrer chez elle. Étrangement, je ne me sens pas fatigué. La fatigue intense des derniers jours semble s’être évaporée. Pour tuer le temps, je lis, je fais un peu de sport. Le temps passe vite, insidieusement.
Je ne m’en rends compte que lorsque le jour se lève, annonçant l’arrivée d’un nouveau samedi. Aujourd’hui, je dois aller voir un film avec Rose. Un sourire se dessine sur mon visage. Je me lève, prends une douche, et me prépare. Juste au moment où je termine de m’habiller, un coup à la porte retentit.
C’est elle.
Elle me saute dessus en me voyant rétabli, ce qui nous fait tomber à la renverse dans un éclat de rire. Ses bras me serrent fort, un parfum familier de vanille et de jasmin me chatouillant les narines. On papote pendant des heures, rattrapant le temps perdu. Elle me raconte sa journée, ses cours, ses amies… je l’écoute, captivé par sa voix, par sa présence. Il y a une douceur dans son regard, une affection palpable qui me réchauffe. J’oublie presque la présence étrange qui sommeille en moi. Presque.
Le film, une comédie romantique assez niaiseuse, passe comme un flou. Je rigole aux blagues, mais une partie de mon attention reste ailleurs, à la frontière entre la conscience et une obscurité sourde qui gronde au fond de moi. Je sens un léger picotement, une sensation de chaleur inhabituelle derrière ma tempe droite. Rose s’aperçoit de ma distraction. Elle me prend la main, me serrant doucement les doigts. Son contact me ramène à la réalité. Le film se termine. Je suis heureux, presque euphorique. Cette journée, simple et pourtant extraordinaire, m’a redonné un peu de ma légèreté.
En début de soirée, Rose me raccompagne jusqu’à chez moi. Elle insiste pour que je sois prudent, une légère inquiétude se lisant dans ses yeux. Je la remercie, la prends dans mes bras pour un long moment, profitant de sa chaleur, avant de la voir partir.

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