Chapitre 6

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Plus tard dans la nuit, Rom et Vincent marchaient paisiblement dans la rue principale du secteur industriel, qui était totalement déserte à cette heure-ci. Le plus petit des deux compagnons jeta un coup d’œil à son portable, puis blasé, il grogna :
- Je ne vois pas pourquoi on aide cette fille. Je sens que ça va nous apporter que des ennuis.
Le géant poussa un soupir et répondit :
- C’est notre côté magnanime. On s'occupe des personnes dans le besoin. Tu sais, la générosité, tout ça.
Rom fronça les sourcils et riposta :
- Mais moi je m’en fiche de soutenir les autres ! En plus, on n’y gagne rien ! Je ne fais pas ça pour l’honneur !! Puis tu ne vas pas me faire croire que toi, tu fais ça gratuitement !
Vincent regarda ses doigts puis rétorqua avec un grand sourire :
- On ne sait jamais… Je pourrais très bien en profiter pour rencontrer quelqu’un… PARCE QUE J’EN AI MARRE D’ÊTRE SEUL EN FAIT !!!
Son cri résonna dans toute la rue. Son ami le fixa, puis commenta froidement :
- Si je ne te connaissais pas depuis si longtemps, je penserais que tu fais pitié.
- Merci de comprendre ma…
- Tu fais pitié.
- Ah…
Pendant que Vincent affichait une mine triste et se consolait en regardant des photos de lapins sur son téléphone, Rom déclara tout en marquant une pause :
- C’est bizarre… J’ai envoyé un message à Max il y a plus d’une heure, et je n’ai aucune réponse. Tu crois que c’est normal ?
- Vu comment il est accro à son portable… Je ne pense pas.

Max et Yann faisaient tous les deux face à mur. Le rouquin tenait son téléphone dans sa main droite, ce dernier indiquant qu’il n’avait plus de réseau. Le sabreur se frotta le visage et déclara :
- Alors, si j’ai bien compris… et je pense avoir compris, tu as réussi à nous perdre dans une ville dans laquelle nous vivons depuis vingt ans… et en plus tu nous as faire atterrir dans un endroit sans réseau…
Max, après quelques secondes d’hésitation, bredouilla une tentative d'explication :
- Au moins, tu ne peux pas dire que j’arrive plus à te sur…
- ESPÈCE D’ABRUTI JE VAIS TE…

- Ils ont surement dû tomber sur le démon, marmonna Vincent. C’est encore eux qui vont en tirer toute la gloire.
Rom s’apprêtait à lui répondre quand un cri l’interrompit. Les deux amis se turent aussitôt, à l'affût d’un nouveau son. Un autre se fit entendre, et il s’agissait clairement d’une voix appelant à l’aide. N’écoutant que leurs instincts, les deux héros foncèrent vers l’origine du son. Plus ce dernier se répétait, plus la détresse de la personne à son origine se faisait oppressante. Après une longue course, nos héros arrivèrent devant le portail rouillé d’une cour. Sans attendre, le géant serra le poing et frappa la ferraille qui leur barrait la route. Cette dernière, sous la force de l’impact, explosa en plusieurs morceaux. Cela leur ouvrit la voie sur une véritable vision d’horreur. Un homme était à terre tandis qu’un démon était en train d’extraire son âme. Rom s’écria alors en le pointant du doigt :
- HEY TOI !! REPOSE CETTE ME TOUT DE SUITE !
Vincent, surpris par la punchline de son ami, commenta :
- Ce n’est pas palpable une âme.
Rom regarda son ami, réfléchit quelques instants puis hurla à nouveau :
- REL CHE CETTE ME TOUT DE SUITE… MÊME SI CE N’EST PAS PALPABLE !
- Mon dieu.
Le monstre se stoppa net dans sa sale besogne, laissant l’âme rejoindre le corps de son hôte qui reprit immédiatement des couleurs. Il se tourna lentement vers nos héros, et afficha un air surpris en les voyant. Il s’agissait d’un homme d’une vingtaine d’années en apparence, il portait un long blouson en cuir et arborait un regard aussi noir que la nuit. Il dit en se passant la main dans les cheveux :
- Je ne m’attendais pas à rencontrer certains des Beubarz si tôt… Vincent Le Destructeur et Rom l’Ombre Écarlate.
Pris au dépourvu qu’il connaisse leurs noms, Rom souffla :
- Je ne me souviens pas m’être présenté !
- Oh, mais tu ne l’as pas fait, assura le démon en s’allumant une cigarette. C’est moi qui sais qui vous êtes.
Il se craqua les doigts puis reprit en déclarant :
- J’ai pour ordre de ne pas vous tuer… Cependant, rien ne m’empêche de m’amuser un peu avant de finir mon repas.
À peine eut-il prononcé ces mots qu’ilil posa sa main sur le sol. Celui-ci fut alors traversé par une étrange énergie. Il se mit à trembler, et dès lors, une houle se répandit tout autour de lui. La terre était comme devenue liquide et des vagues s’y propageaient. Vincent et Rom commencèrent à s’enfoncer dans le sol, et gesticulaient dans tous les sens pour se dégager. Le démon esquissa un sourire et souffla en haussant les épaules :
- C’est ça les humains dont nous sommes censés nous méfier ? Je dois avouer que j'espérais beaucoup plus.
Rom répliqua en pointant son ennemi du doigt :
- Attends un peu que je sois sorti de ton espèce de vase, et je vais te botter le derrière.
- Mes pauvres, ironisa leur adversaire. Vous n’avez aucune chance de vous extirper de ma technique. Je transforme toute surface que je touche en liquide… Vous allez finir comme tous les cadavres que j’ai laissés derrière moi ! Triste fin n’est-ce pas ?
Vincent se racla la gorge, serra le poing et dit :
- Si c’est du liquide… Il suffit de le disperser alors !!
Le géant frappa en direction du sol, et dès qu’il l'eut percuté, une forte onde de choc s’échappa de sa main et créa un profond cratère qui libéra nos héros. Le démon chancela et lorsqu’il se remit en équilibre, il vit que le plus petit des Beubarz avait disparu. Rapidement, il scanna les environs, mais aucune trace de lui. Inquiet, il hurla à Vincent :
- Où est ton ami ?! Il s’est envolé c’est ça ?
Le Beubarz fixa froidement son interlocuteur, et finit par répondre sèchement :
- Il est derrière toi.
- Que…
Dès lors, une masse s’extirpa de l’ombre du monstre pour finalement prendre forme humaine. Il s’agissait de Rom, qui tapota sur l’épaule de son adversaire. Ce dernier, sous l’effet de la surprise, fit volte-face et fut accueilli avec un très violent crochet du droit qui lui détruisit une partie de la mâchoire. L’impact de l’attaque fut si puissant que cela décolla du sol l’inconnu et le propulsa en direction de Vincent qui venait juste de sortir du cratère. Le démon savait qu’il se trouvait dans une mauvaise situation, et qu’il était vulnérable, mais malheureusement pour lui, il ne pouvait rien y changer. Le géant éclata de rire, se mit en position de combat, et s’exclama :
- J’ESPÈRE QUE TU ES PRÊT À ENCAISSER ÇA !!!! GIANT …
Le regard du monstre se crispa et il tenta une manœuvre désespérée pour stopper l’offensive que préparait le Beubarz. Il tournoya sur lui-même et essaya d’envoyer un coup de talon sur le visage de Vincent. Ce dernier se décala d’un pas, esquiva, prit appui de tout son poids et s’écria en se ruant sur le démon :
- UPPERCUT !!!
Le bras du géant fendit l’air et percuta le menton de son ennemi à pleine vitesse. Le choc fut si violent que le sol se fissura tout autour d’eux, et plusieurs parcelles de terre se mirent à se soulever. Rom, qui était spectateur, avait bien du mal à se maintenir debout, et proférait des injures à son ami. L’adversaire de nos héros fut ,quant à lui, catapulté plusieurs mètres en arrière, allant s’écraser contre une vieille remise.
Vincent se craqua l’épaule puis déclara tout en prenant un air satisfait :
- Voilà une bonne chose de faite !
Rom s’approcha de son partenaire tout en manquant de trébucher et lui dit en l'applaudissant :
- Rien à ajouter! Bravo ! En revanche, la prochaine fois, évite de TOUT DÉTRUIRE AUTOUR DE TOI !
- Oh tout de suite ! Tu devrais être content, je me suis occupé de la menace avec brio !
- Ah parce que tu as la certitude de l’avoir mis KO avec ton attaque ?
- Bien sûr ! J’en suis prêt à mettre ma main à…
- VERMINES ! coupa une voix aigüe.
Nos deux héros se figèrent et virent les débris d’où le démon avait chuté bouger. Une masse s’en extirpa.. Son corps laissait échapper une fumée verdâtre tandis que ses blessures se soignaient lentement. Son visage, couvert de sang, affichait une expression pleine de rage et de haine. Il hurla en pointant du doigt les Beubarz :
- Vous pensiez vraiment m’avoir neutralisé ?! J’avais promis de ne pas vous tuer, mais je n'ai pas plus le choix… Vous m’avez trop énervé !!!!
Rom se pencha vers Vincent puis chuchota à son oreille :
- Tu disais quoi avant qu’il n’arrive ?
- Rien, tais-toi, rétorqua Vincent sans même le regarder.
Une nouvelle fois, la terre trembla, mais pour une raison différente. En effet, le démon qui faisait pâle figure quelques instants auparavant déploya une formidable aura démoniaque qui se mit à l’entourer. Rom fit un pas en arrière et susurra à son compagnon :
- On devrait peut-être intervenir non ?
- Sûrement, répondit Vincent en prenant un air sérieux.
- Stop ! hurla une voix qui résonna dans toute la zone.
Le mauvais ange, qui semblait avoir reconnu la voix, s’arrêta sur-le-champ et posa son regard au-dessus de nos héros, qui se retournèrent pour voir l’objet de son attention. Il s’agissait de l’homme qui cachait son visage derrière un cache-nez. Il était vêtu d’un long manteau en cuir noir et surplombait le lieu de la bataille depuis le toit d’un immeuble. Il ne prêtait aucune considération aux Beubarz et se concentrait seulement sur son partenaire, qui lui tenta immédiatement de se justifier :
- Ils m’ont humilié Vangog ! Je n’avais pas le choix… Je devais…
Son sauveur l’interrompit sèchement en disant :
- Il a été clair avec toi Mickeal… Tu devais te contenter de ramener de la nourriture et de ne pas créer de vagues. Tu n’as pas encore le rang pour agir de la sorte.
L’homme tourna son regard vers nos héros et ajouta :
- Et non seulement tu n’as pas de nourriture… Mais en plus tu as réussi à te faire repérer par eux. Tu lui as juré que tu n’avais laissé aucune trace derrière toi… Il sait déjà tout… Il va être très déçu… J’espère que tu trouveras les bons arguments pour te justifier.
Le démon ne répondit rien. Vincent chuchota à Romain :
- Ils nous ignorent totalement, je crois.
- C’est même certain ! acquiesça son ami. On devrait peut-être intervenir.
Vangog, comme s’il avait entendu la conversation entre les deux Beubarz, répondit à Romain :
- Vous n’en ferez rien ! Nous allons prendre congé. Mais ne vous inquiétez pas, nous nous reverrons très bientôt !
Les Beubarz l’ignorèrent, et bondirent directement vers lui pour en découdre. Vangogn qui n’en avait que faire, se contenta de sortir sa main droite de sa poche, et après avoir fait un clin d’œil à nos héros, claqua des doigts. Un flash bleu suivi, et Vangog, ainsi que Mickael, avaient tous les deux disparu. Vincent et Rom ne purent se stopper dans leur élan, et ils se crashèrent sur le toit d’un des bâtiments entourant la zone de l’affrontement.

Vincent se releva aussitôt, et enleva la poussière de ses vêtements. Il regarda autour de lui, et vit la main de Romain qui dépassait d’un tas de débris. Il lui demanda :
- Tout va bien ?
Son ami répondit en faisant un doigt d’honneur. Vincent commenta se mit à rire :
- Ça veut dire oui !
- Mais que s’est-il passé ici ?!
Yann se trouvait dans l’entrée du bâtiment tandis que Max observait les alentours tout en prenant des photos. Il fixa ses compagnons et attendit une explication. Vincent jeta un regard vers Rom qui s’était extirpé des décombres, et finit par déclarer :
- On est tombé sur le démon… Il est plutôt balèze etne travaille pas seul. C’est sûrement un groupe de puissants membres de leur race… Et au moins, on sait comment il a fait pour fusionner les cadavres avec les murs. L’un d’entre eux peut transformer toute surface en une sorte de liquide. Et celui qui être l’un de leurs chefs peut se téléporter !
- Je vois, marmonna Yann.
- D’ailleurs, demanda Rom qui se joignit à la conversation. Vous étiez où vous deux ?
Yann, déglutit et répondit en tournant la tête vers le rouquin qui ramassait de la terre du cratère :
- On s’est perdu.
- Comment avez-vous fait pour vous perdre dans Vannes ? rétorqua Rom, surpris par la justification de son ami.
- Ne pose plus de questions, grogna Yann.
- Mais…
Yann attrapa la poignée de son sabre et commença à le dégainer, ce qui suffit comme avertissement pour Romain qui se tut aussitôt. Max rejoignit le groupe et déclara :
- J’ai ramené des trucs à analyser pour Thomas. Alors ils sont forts ?
- Plutôt oui, acquiesça Rom. Va falloir qu’on soit sérieux sur ce coup-là.
- Problème, coupa Vincent, on ne sait pas où les localiser et ils ne semblent sortir que pour se nourrir. Ça me parait compliqué de nous lancer à leur recherche.
Yann réfléchit quelques instants puis proposa :
- Dans ce cas…On n’a cas les faire venir à nous. Notre fête servira d’appât. Ils surveillent ton amie à ta fac donc ils vont sûrement remarquer qu’elle se rend à Vannes… malgré nos compagnons en couverture. Autant les affronter sur un terrain connu.
- Mais ma sœur a invité des proches à nous qui n’ont rien à voir là-dedans ! déclara Max.
- On trouvera quelque chose le moment venu, dit Yann en essayant de rassurer son pote. Mais maintenant qu’ils savent que nous sommes au courant de leur présence… Ils ne nous sortiront pas de leur cachette ou alors ils seront extrêmement prudents !
- Je suppose qu’on n’a pas le choix, concéda Max.
Cependant, un cri interrompit nos héros qui étaient plongés dans leur conversation. C’était la victime du démon qui avait repris connaissance et qui hurlait à la mort, suppliant qu’on vienne l’aider. Les Beubarz foncèrent à la rescousse du pauvre homme, tandis que Max en profitait pour appeler les secours.
Demetrius débarqua quelques instants plus tard, et emmena toute la bande au poste pour les interroger sur les évènements de la soirée.

Vangog et Mickael marchaient côte à côte dans le hall de l’hôtel où résidait leur groupe. Mickael était gêné par le silence et la froideur apparente de celui qui semblait être son supérieur. Après être entré dans l’ascenseur, il tenta de briser la glace :
- Que va-t-il me dire ?
Son supérieur tourna légèrement la tête, le fixa à peine un instant et répliqua :
- Qui sait ? Tu le connais aussi bien que moi…
L’ascenseur s’ouvrit un long couloir qui donnait sur une grande porte en bois dorée. Vangog fit signe à Mickael de s'y rendre. Celui-ci demanda, étonné :
- Tu ne viens pas ?
- Non, rétorqua-t-il froidement. Tu es seul à partir de maintenant.
- Soit. De toute façon, je n’ai pas peur de ce vieux fou, répondit le démon en sortant de l’ascenseur d’un pas décidé.
Tandis que ses portes se fermaient, Vangog murmurait un « Tu devrais » que son collègue ne pu entendre. Plus il progressait dans le couloir, plus il se sentaitécrasé par une présence. C’était comme si cette dernière essayait de le plaquer face contre terre de son poids. Son avancée en était ralentie, ses pas étant devenus de plus en plus lourds. Il marqua une pause devant la porte, reprit son souffle et s’apprêta à empoigner la poignée, mais elle se tourna seule, et l’entrée de la chambre s’entrouvrit légèrement. Cela ne rassura pas le démon, qui comprit qu’il s’agissait d’une invitation et que visiblement, il ne pouvait pas la refuser. Il poussa l’immense porte, et atterrit dans une luxueuse suite. Le baron se trouvait au milieu de la pièce, enfoncé dans un imposant fauteuil cuir tout en savourant un cigare.
Il fit signe à son subordonné de s’asseoir. Ce dernier n’était pas à l’aise, car son maître était insondable. Personne n’arrivait à savoir ce qu’il pensait, et il restait un mystère même pour les gens proches de lui.
Après un long silence pesant, le baron posa son cigare dans un cendrier puis demanda avec sa voix rauque qui prit immédiatement aux tripes le démon assis face à lui :
- Mickael… Tu as toute ma confiance. Tu le sais n’est-ce pas ?
- Oui monsieur… Depuis plus de cent ans.
- Tu es un rookie et tu rêves de rejoindre les Artistes… Tu as toujours souhaité faire tes preuves, je le comprends. C’est pour ça que je t’ai gracieusement offert une partie de mes pouvoirs… Alors, dis-moi, comment ces humains ont réussi à se mettre sur ta piste?
Le démon, sous le poids de la panique, bredouilla une tentative d’explication :
- Je voulais vous rendre hommage maître ! C’était uniquement pour cela que j’ai fait ces peintures… C’était pour laisser votre empreinte sur ces terres tout en chassant pour vous nourrir. Montrer que je suis digne des Artistes !
- Hum… C’est tout à ton honneur… Mais tu n’as pas pensé que cela pourrait directement les relier à nous ?
- Je… J’admets que j’ai commis une erreur… Mais si vous m’aviez donné l’opportunité, j’aurais pu les éliminer !! Ils n’étaient pas si…
- … Si forts que ça ? coupa le baron. Tu crois vraiment qu’ils ont dévoilé la totalité de leur puissance ? Pauvre fou. Ils ont joué avec toi, je connais leur réputation, et toi tu n’aurais pas dû les sous-estimer, au lieu de te complaire dans ton ignorance. Imagine qu’ils t’aient attrapé ?
- Mais ce n’est pas le cas !! rétorqua le jeune démon en se levant de sa chaise.
- Parce que j’ai envoyé Vangog te sauver. Sans lui, tu serais entre leurs mains, à subir un interrogatoire ou même pire. Sans compter qu’ils ont vu ton visage…
- Maître… Je suis prêt à tout pour me racheter.
Le baron resta silencieux. Il regardait son disciple comme un parent fixerait son enfant. Il se leva à son tour, s’approcha de celui qu’il considérait comme un fils, et lui chuchota alors qu’il le prit par l’épaule :
- Je t’ai tout donné… Et tu dis avoir fait cela en mon nom ? Je comprends… Tu es arrogant, ivre de pouvoir… J’étais pareil à ton âge… Je ne t’en veux pas.
- Merci… Maitre… Je
Sans crier gare, le baron transperça la poitrine de son subalterne avec sa main droite. Mickael se mit aussitôt à cracher du sang tout en tenant le bras de son mentor. Le vieil homme dit alors froidement tout en enfonçant encore plus son avant-bras dans la plaie de son subordonné :
- Malheureusement… Je ne peux te laisser tout foutre en l’air juste à cause de tes ambitions personnelles… Je ne peux tolérer tes agissements et cela même si je te considère comme mon fils…
- Argh… AHHHHH !!
Mickael repoussa le baron en utilisant le peu de force qui lui restait tandis que son corps usait de sa régénération pour soigner ses blessures. Le baron se contentait de le fixer tout en s’essuyant le bras avec un mouchoir. Le démon tituba et eudu mal à se maintenir debout, il hurla à son maître :
- ESPÈCE DE VIEUX FOU !!! JE NE T’AI JAMAIS RESPECTÉ, REJOINDRE LES ARTISTES N’ÉTAIT QU’UN PRÉTEXTE ! JE ME SUIS SERVI DE VOUS DEPUIS LE DÉBUT !!! JE N’AI JAMAIS EU BESOIN DE TOI ET JE VAIS TE LE PROUVER DÈS MAINTENANT !
Dans un élan désespéré, il généra de l’énergie démoniaque et la lança sous une forme d’orbe en direction du baron. Amusécelui-ciécarta les bras et prit de plein fouet l’attaque, ce qui provoqua une explosion détruisant une bonne moitié de la chambre.
Mickael regardait le nuage de fumée, et certain de sa victoire, il déclara :
- Mon père… Tu n’étais rien pour moi…
Et alors qu’il s’apprêtait à partir, il entendit :
- Je suis bien peiné de l’apprendre… Une tentative de patricide… Je vais devoir sévir.
Le baron dissipa d’un seul mouvement de bras l’écran de fumée, et fit couler un étrange liquide de toutes les couleurs. Très vite, il se répandit dans toute la pièce et recouvrit la totalité des murs. Mickael était paralysé par la peur, ayant conscience que lui et Pikasau ne jouaient pas du tout dans la même catégorie. Le vieil homme leva sa main et pointa du doigt celui qu’il considérait comme son fils. Et alors que des larmes coulaient le long de ses joues, il dit tout en fermant le poing :
- Adieu… Mon enfant.
Le liquide se rua alors sur le jeune démon dont les cris de douleur furent vite étouffés.

- MONSIEUR VOUS ALLEZ BIEN ?!!!
Lorsque le garçon de chambre claqua la porte d’entrée, le baron était assis dans son canapé, et la pièce était intacte. Le vieil homme surprit de voir quelqu’un faire irruption ainsi dans sa suite, demanda :
- Quelque chose ne va pas ?!
- Nous avons entendu un énorme vacarme, bégaya le groom, et comme cela provenait de votre étage, je suis venu vérifier si vous aviez un quelconque problème.
- C’est fort aimable à vous. J’ai sûrement dû mettre le son de la télé un peu trop fort, je deviens sourd avec l’âge, s’amusa le baron. Je ferais attention à l’avenir.
- D’accord… Je vais vous laisser dans ce cas.
Le groom, alors sur le point de quitter la pièce, eut le regard captivé par le tableau se trouvant face au vieux démon. Il représentait une ombre en train de pleurer du sang et ayant un immense trou dans la poitrine. Le baron s’en aperçut et commenta en disant :
- Je viens de l’acquérir. Magnifique n’est-ce pas ?
- Je ne peux qu’approuver, adhéra le jeune garçon. Un romantisme morbide s’en échappe… Comment se nomme-t-il ?
Le baron réfléchit quelques instants, puis il finit par répondre :
- La chute de Mickael.

Les quatre Beubarz quittèrent enfin du poste de police après plusieurs heures d’interrogatoire. Demetrius, qui les accompagna à la sortie, leur dit :
- Ne faites plus ce genre de choses sans me prévenir… Imaginez s’ils y avait eu plus de dégâts ?! Vous avez de la chance d’avoir Bob pour ami…
- On sait, confirma Rom tout en souriant malicieusement.
- Faites les malins, avertit Demetrius. J’espère pour vous que le vent ne va pas tourner. Bonne soirée messieurs.
Le policier s’en retourna et claqua la porte du commissariat. Adrien, le septième membre du groupe, était venu les chercher avec le véhicule attitré de nos héros. Vincent se jeta sur le capot de cette dernière en l’embrassa et en lui disant qu’elle lui avait manqué. Adrian haussa les sourcils puis demanda aux autres :
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Comme votre seule piste s’est fait la malle, on se retrouve sans solution.
Max passa devant son ami, et tout en grimpant à l’arrière de la voiture, il rétorqua :
- Ne t’inquiète pas pour ça, on va les faire venir à nous !
- Comment ça ? s’étonna le Beubarz.
Yann le prit par l’épaule et en montant à son tour dans l'auto, il déclara :
- On va tout t’expliquer en chemin pendant que Max rappelle les deux autres.
Et ainsi la camionette quitta les lieux tandis que Max prévenait ses compagnons du plan qu’il avait imaginé.

- Tu te sentais observée ?
No, Gaby et Sandra s’étaient rejointes sur le parking de la fac, et chargeaient leurs affaires dans la voiture de Sandra afin de se rendre à Vannes à la fête d’anniversaire de Max et ses amis. La jeune étudiante, qui finissait de mettre ses sacs dans le coffre répondit :
- Je ne sais pas… Une impression… C’était comme si des personnes observaient mes faits et gestes en permanence… Mais je pense que ça devait n’être qu’une impression… C’est vraiment obligé les costumes ?
- Oh que oui ! confirma Gaby. C’est pour leur montrer à quel point on est cool et qu’on sait faire la fête !
- Si tu le dis, marmonna No. Bon allons-y sinon on va être en retard.
Et ainsi les filles se mirent en route. Alors qu’elles quittaient le parking, une autre voiture noire aux vitres teintées démarra et les suivit, tout en prenant soin de garder ses distances pour ne pas se faire repérer.
Sur le chemin, No demanda :
- C’est quoi comme ville Vannes ?
- Tu ne connais pas ? s’étonna Sandra. En même temps, il est vrai que tu es ici que depuis très peu de temps ! C’est la capitale bretonne, elle compte plus d’un million d’habitants, possède un rayonnement culturel immense et fait partie des villes les plus renommées quand il s’agit de l’éducation et la formation des spéciaux.
- Je vois… Je ne l’imaginais pas grande à ce point-là.
- Ah bah on ne te raconterai pas ça pour rien, commenta Gaby. Mais du coup, de nombreux spéciaux mal intentionnés se rendent aussi dans cette ville. Pour conclure, on va dire que la vie là-bas n’est pas de tout repos.
No n’ajouta rien et se mit à écouter de la musique pendantle reste du voyage tandis que Gaby et Sandra discutaient. Plus d’une demi-heure plus tard, No fut sortie de sa rêverie et admira l’impressionnante métropole d’où était originaire Max. Plusieurs tours de verre caressaient les cieux, dont une qui affichait un gros sigle RL à son sommet.
La jeune femme reçut un SMS de Max qui lui indiqua l’adresse où se tenait la soirée. Alors qu’elles traversaient la ville, No s'extasiait devant la vie qui l’animait. Des gens en train de s’amuser avec leurs pouvoirs ou bien de s’en servir dans leurs tâches quotidiennes. Après un quart d’heure de recherche, les filles finirent par se retrouver en face d’une maison un peu isolée par rapport au reste de la ville. Elle était de plusieurs étages et d’immenses banderoles affichaient un coloré« joyeux anniversaire les gars ». Elles décidèrent d'enfiler leurs tenues avant de rejoindre la soirée, allant jusqu’à mettre des perruques de couleurs ainsi que des robes totalement déjantées.
D’un pas décidé, elles avancèrent vers la porte et ce fut Max qui l’ouvrit. Ce dernier était vêtu d’un veston noir et d’une cravate argentée. En les voyant, il fit un sourire et s’exclama :
- Ah vous voilà !!! On n’attendait plus que vous !
- Comment ça ? questionna Sandra d’un air étonné.
- Bah vous êtes les dernières arrivées ! vous avez plus d’une demi-heure de retard, mais je m’y attendais un peu vu que vous étiez avec No !
- Mais…
- Allez ! Entrez !!
Max fit signe aux filles qui passèrent le pas de la porte. ainsi sonna le début de la soirée que changea la vie de nos héros.

- Monsieur ? La voiture est prête !
Le Baron Pikasau était en train d’enfiler sa veste de costume alors que Vangog vint le chercher. Ce dernier jeta un bref coup d’œil sur le tableau de Mickael, et baissa les yeux d’un air triste. Le vieil homme, une fois habillé, se retourna et dit tout en passant à côté de son subordonné :
- Allons-y… Ils n’attendent plus que nous.

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