Chapitre 22 : Dans la pénombre

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Ils continuent d'avancer et finissent enfin par arriver devant le grand passage scellé. La porte est recouverte d'immenses planches de bois épaisse et d'une couche de pierres. Allan s'approche pour vérifier, fait le tour, puis finit par se tourner vers Anselm.

- Dis moi, comment tu comptes passer ça ? C'est juste impossible à retirer à deux.

Anselm s'approche du mur de pierre qui longe la porte et se baisse.

- Tu croyais quand même pas que la royauté n'avait rien prévue en cas de fuite ?

Il appuie sur le mur et un passage dérobé apparaît, sous les yeux étonnés d'Allan.

- Vu comme ça. Et maintenant ? On s'engouffre dedans avec notre torche, tout simplement ?

Anselm se relève et s'approche du garçon.

- Oui, c'est exactement ça. Mais reste sur tes gardes, d'accord ? J'ai pas envie qu'un de nous deux crève tué par un gobelin ou quoi que ce soit d'autre. Mais ne t'inquiète pas, ça devrait le faire sans trop de problèmes. Tiens d'ailleurs, prends ça.

Il tend une fiole à Allan.

- Qu'est ce que c'est ?

Anselm s'asperge du flacon qu'il a gardé sur lui.

- De la Morturine, une fleur de grotte dont ils détestent l'odeur. Avec ça, non seulement ils ne viendront pas, mais ça devrait aussi éviter d'éveiller leurs soupçons. Met en vite.

Allan, à demi rassuré, se contente de sourire, avant de s'asperger du liquide, dont l'odeur est assez horrible.

- Bon ben, super alors. Mais avant d'y aller, pourquoi j'ai pas d'armure moi ?

- Parce que t'en as jamais porté. Non seulement ça va te fatiguer et nous ralentir, mais en plus tu risques de faire beaucoup de bruit par manque d'habitude.

Allan comprend l'explication et trouve sa question finalement assez bête.

- On y va Allan ?

- Ouais...

Alors que les garçons s'engouffrent dans le trou, des gloussements et des cris retentissent en provenance de celui-ci. Allan ne peut s'empêcher de reculer naturellement. Anselm remarque son mouvement et pose sa main sur son épaule.

- Ne t'inquiète pas je te dis. C'est normal de les entendre ici. Mais même si l'un deux approchait, il ne ferait pas long feu.

Allan choisit de croire en son compagnon et le suit, refermant leur seule issue de sortie derrière lui. Autour d'eux, la pénombre. Seule leur torche les éclaire. La grotte ne sent pas aussi mauvais que ce qu'Allan aurait imaginé, une odeur de pierre mouillée et de moisit englobe chaque recoin, mais ce n'est pas vomitif. Le vrai problème de l'endroit, ce sont ces cris qui glacent le sang du jeune homme.

- Hé, Ans, tu permets que je t'appelle Ans ?

Anselm se retourne vers Allan en lui faisant un signe du pouce.

- Ouais bien sûr !

- Super. Dis moi. Les gobelins...Ils sont vraiment intelligents ? Ou on les surestiment dans mon monde ? On en a pas, après tout.

Anselm reste choqué.

- Quoi ? vous avez pas de gobelins ? Et tu me dis ça une fois dans la grotte ? T'es fou, bien sûr qu'ils sont malins ces enfoirés. Presque autant que nous, voire plus dans certains cas...

Allan frémit à ces mots.

- Super...

Soudain, alors qu'ils arrivent à une intersection, Anselm plaque Allan contre le mur et se met à chuchoter.

- Chut ! Ecoute !

Dans le chemin de gauche, des bruits de pas lents et à peine audibles se font entendre, suivis de grognements. Plus ils approchent, plus le son dévoile des bruits différents.

- Ils doivent être au moins trois, surtout fais pas de bruits, ils ont une ouie très poussée.

Allan tente de se calmer, quand des voix émanent du trou à quelques mètres d'eux.

- Raaarrr ! C'est horrible, ça pue !

- Saleté de Morturine. Je me ferai pas à cette odeur.

- J'ai faiiim ! On pourrait peut-être sortir un instant pour tuer quelques moutons bien juteeeuxxx.

- Ferme- là ! Si le chef sait que t'as dis ça on va se faire buter !

- Me dis pas ce que je dois faire enfoiré !

- Guaaar ! Fermez-là tous les deux ! Toi, suis-moi ! Et toi fais le guès pendant qu'on récupère le crystal. Je veux pas qu'un rat géant m'attaque pendant que je pioche.

Anselm, plaquant toujours Allan contre le mur, lui fais signe de ne surtout pas bouger ou faire de bruit. Il laisse les deux gobelins passer et attend qu'ils soient hors de vue pour relâcher Allan, en lui faisant toujours signe de ne pas faire de bruit. Il s'approche de son oreille.

- Reste là. Je vais m'occuper de celui qui est encore ici. Il nous bloque le passage et on peut pas prendre le risque que les deux autres reviennent, ils nous verront dans ce sens là.

Allan, les yeux pleins de peur, se contente de déglutir, avant de faire un léger signe approbateur de la tête.

Anselm sort son épée doucement et place un léger bout de celle-ci dans l'intersection, afin de voir le reflet du gobelin. Une fois celui-ci tourné, il s'engouffre dans le trou. Allan attend quelques secondes qui lui semblent durer une éternité, avant d'entendre un bruit. Ne voyant pas Anselm revenir, son coeur commence à battre la chamade. Soudain, alors qu'il regarde toujours vers l'intersection, le gobelin apparaît. Allan ne peut s'empêcher de gémir à cette vue. Tout à coup, le corps inanimé de la créature tombe au sol, du sang coulant de sa gorge et Anselm apparaît derrière lui.

- Aide-moi, vite ! Il faut qu'on cache le corps ! Ils vont pas tarder.

- D'accord...

Allan manque de vomir en traînant le cadavre, dont l'odeur pestinentielle de chair pourrie lui pique les narines. Une fois le corps caché, les garçons suivent le chemin que les trois créatures avaient emprunté pour arriver ici. Au bout de quelques pas, ils arrivent à nouveau à une intersection. Mais celle-ci est différente. Un côté est bouché et ne leur laisse d'autre choix que celui d'aller à droite. Alors qu'ils avancent à tatôns, de la lumière apparaît devant eux. Ils s'approchent doucement et se cachent derrière un grand mur de pierre naturel. En regardant ce qu'il se cache derrière, leur stupeur est immense. Un grand hall rempli de gobelins leur fait face. Avec des feus de camp, des constructions en pierre et bois, ainsi que des tonnes d'objets en tout genre, entassés un peu partout. Et tout au fond, de l'autre côté de la pièce, une sortie...La lumière du jour est reconnaissable entre mille. Allan se retourne, déconfit, vers son compagnon.

- Hé, Ans...C'est...

- Anselm, dont une goutte de sueur coule le long de la tempe.

- Ouais...C'est leur repaire...

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