Métro jungle de la classe moyenne. Théâtre du capitalisme. Paroxysme de la folie. Course à rats. Je hais les rats encore plus lorsqu’ils sont humains. Métro où l’art meurt chaque matin pour laisser place à la routine de la vie mondaine. Où l’art renaît la nuit pour les âmes-phénix illuminées qui te remarquent, mais qui n’ont que cendres à t’offrir. Tout seul dans ton coin. Parfois à manger du pain. Souvent affamé à tendre les mains. Misérable vie de voir dans cette situation tant d’humains. Qui ont autrefois demandé le monde et qui ne finissent avec rien. Ni proches, ni ambitions, ni passions, ni nourriture, ni toit. Le pire c’est que ni toi ni moi ne savons pourquoi.

Mais tu restes un des miens, un des nôtres, alors s’il te plait…

Arrête le temps, peins moi ta vision de la scène. Oh grand peintre de la souffrance d’être déshumanisé. Décris-moi, que vois tu ?

Une foule passant outre, les traits sont flous, inhumains. Les gens sont pressés non pas de t’aider, mais de te fuir. Fuir l’idée qu’eux aussi, dans les mêmes conditions, auraient fini ainsi. Voyant un de leurs camarades dans une mauvaise mine. Chétif. Sal. Abandonné. Ils ne font rien. Allant jusqu’à ne même pas t’adresser un coup d’oeil. Tu n’existes pas pour eux, ils passents si vite que tu ne sais s'ils sont humains. Alors pourquoi les peindre ? Misérable est notre condition à tous. Une société dont l’individualisme est le poison, nous rendant victime d’une profonde pathologie : un manque de compassion. Et moi ? Te voyant. Te remarquant. Je suis le seul qu’on identifie sur ta toile, or pourquoi suis-je le plus moche ? Je te considère comme un humain dans le besoin. Je te considère. Mais je n’ai rien. C’est ce qui fait de moi le pire de tous ? Voir, savoir, mais en retour ne rien avoir. Ni compassion. Ni générosité. Ni argent. Qu’une simple pensée : celle de ne pas t’oublier.