Dieux

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Je me réveille en sursaut, c'est comme si j'avais arrêté de respirer, je pose ma main sur ma poitrine et la traverse, je sens mon cœur battre :

–Ouf ! Je suis toujours en vie.

Cynthia se rapproche de moi et me dit gentiment :

–Surtout prends ton temps, les premières fois sont assez éreintantes.

–D'accord… et Ken ?

–Effacé. En disant "Oh vous pouvez pas m'effacer, je suis un dieu."

Elle a pris une voix ridicule pour imiter Ken, je ne peux m'empêcher de rire, puis je tourne la tête vers les autres qui parlent entre eux, je regarde Cynthia :

–Il s'est passé quelque chose ?

Elle jette un rapide coup d'œil au groupe et me dit :

–Tu as énervé Max.

–Quoi !

Tout le monde se tourne vers moi, j'entends Max :

–Ah, elle s'est enfin réveillée !

Il se met devant moi et me demande en colère :

–Qu'est-ce qui t'a pris ?!

Qu'est-ce qui lui prend de me crier dessus :

–De quoi tu parles ?

–Fais pas l'innocente !

Il commence à m'énerver, David calme le jeu :

–Doucement, elle vient de se réveiller.

Max reprend d'une voix un peu plus calme :

–Qu'est-ce qui t'a pris de partir en plein milieu de ton cours ?

Juste pour ça, je lui rétorque :

–En quoi c'est un problème ? À ce que je sache, j'ai le droit de faire ce que je veux.

–Pas quand James vient personnellement me voir en me menaçant de me tuer !

–Attends quoi ?!

–Bah oui madame ne voit que ses bonnes actions, mais sachent qu'elles ont tous une conséquence, surtout pour nous ! T'imagine qu'il nous surveille h 24 ! T'as pensé au fait que James et son père pouvaient faire une perquisition surprise et nous foutre dans la merde !

–J'avais pas pensé à ça.

Il est à peine à quelque centimètre de moi, me surplombant de toute sa hauteur :

–Il faut absolument que l'on paraisse normal !

Je lui réponds amère :

–Parce qu'on n'a pas le droit d'être différent ? C'est interdit par la loi maintenant !

Il se défend :

–Je n'ai pas dit ça !

Je me lève irritée :

–Je vous ai rejoint ! Uniquement parce que je ne suis personne, excepté… Je le pousse, avec vous, bordel de merde !

Shusendo pose délicatement sa main sur mon épaule :

–On te demande pas de renier ce que t'es, on te demande simplement de ne pas attirer l'attention sur nous, nous n’avons pas terminé notre mission.

Taïba ajoute :

–Et ce n'est pas en faisant l'école buissonnière que tu seras toi-même.

Je me ressaisis :

–Vous avez raison, je suis désolé.

Une voix féminine inconnue nous dit :

–Quel dommage, il n'y a pas eu de baston !

Nous nous tournons tous vers la voix, deux ombres sont côte à côte, l'une clairement féminine et l'autre masculine ; ils ne sont pas exactement comme Gloriam, lui est plus diffus, un peu comme un brouillard, nos deux nouveaux interlocuteurs eux sont nets, nous distinguons très clairement les corps adultes d'un homme et d'une femme ; aux corps noir avec de simples yeux rouges, Gloriam pose la question que tout le monde se demande :

–Qui êtes-vous ?

L'ombre masculine se rapproche :

–Mais enfin Mère, tu ne te souviens pas de tes enfants ?

Nous disons tous en même temps :

–Enfants ?

Max dit nerveusement :

–J'y crois pas que Gloriam soit maman.

Le principal intéressé se gratte la tête et finalement dit :

–Je ne me rappelle pas avoir eu deux enfants.

L'ombre masculine s'arrête tout de suite, l'ombre féminine pose une main sur son épaule en disant :

–Comme Père l'avait dit, elle ne se souvient pas, Eve.

–Oui, tu avais raison Adam, ça n'a servi à rien.

–Rentrons mon frère.

Et les deux ombres disparaissent, Cynthia lâche :

–C'est quoi le délire ?

J'ajoute :

–Putain de bordel de merde.

David essaye de raisonner :

–On vient de rencontrer les Adam et Eve du Somnium et apparemment Gloriam serait leur Mère et il existerait un Père ? Tout ceci n'a ni queue ni tête.

Je demande pas sûre de moi :

–De nouvelles ombres intelligentes mise à part Gloriam, est-ce vraiment possible ?

Contre toute attente, Gloriam me répond :

–Le premier souvenir que j'ai était le mot "incredibili", mais je ne me rappelle pas si j'étais pleinement "conscient", si ça se trouve, ils sont pareils et les premières ombres qu'ils ont vus "consciente" était moi et ce fameux Père.

Shusendo nous dit :

–On ferait mieux de partir d'ici, avant que d'autres ombres se prenant pour des envoyés de Dieux ne surgissent de nulle part et qu'ils viennent nous dire qu'ils sont les enfants de Gloriam.

Je lui réponds :

–Tu as raison, j'ai vu assez de bizarreries pour toute une vie.

Nous sortons du Somnium, je commence enfin à m'habituer à ses chutes libres, nous retirons nos masques, cela devient un réflexe maintenant, Gloriam qui n'arrête pas de tourner sur lui-même nous demande paniqué :

–Comment on arrête cette machine infernale !?

Je lui réponds :

–Et bien soit t'attends qu'on atterrisse ou sinon tu fais l'étoile comme moi.

Nous nous rendons tous compte que Gloriam est avec nous et qu'il est sous son apparence terrestre :

–Tu nous as suivis ?! Lui demande Max surpris.

Gloriam continue de tourner en disant :

–Oh, je sens que je vais vomir !

David lui dit :

–Retiens-toi, on est bientôt arrivés !

Nous passons le sable, je regarde Gloriam qui est par terre la tête dans le sol, il soulève le haut de son corps et nous dit :

–Je déteste le sable, ça pique et c'est pas bon.

J'étouffe un rire et l'aide à se relever :

–Ça ne se mange pas le sable.

–J'avais remarqué.

Max me demande gentiment :

–Bon Rose, ce que tu vas faire c'est t'expliquer sur ton comportement auprès de tes amis, surtout à James, on est d'accord ?

–Je trouverai une excuse.

–Et je suis désolé pour tout à l'heure.

Je tourne la tête vers lui, surprise par cette excuse, il détourne le regard :

–J'ai perdu mon sang-froid et je déteste ça.

–Euh… Eh bien j'accepte tes excuses.

Taïba met ses mains en porte voix :

–Wouhou ! C'est qui qui va nous faire des bébés !

Max regarde Taïba avec un regard noir et un sourire plus que malsain :

–Tu sais Taïba, c'est pas parce que tu es mon amie, que je ne vais pas essayer de te foutre la raclée de ta vie.

Ils se jaugent tous les deux :

–Oh oh, tu veux m'affronter ? Approche donc.

–Je pourrais te péter la gueule qu'en m'approchant.

–Mais je t'en prie.

–Tu vas voir.

–Max !!!

–Taïba !!!

Ils se jettent l'un sur l'autre, se donnent des coups qui me semblent chorégraphiés, chaque coup de l'un est dévié ou arrêté par l'autre, Gloriam demande aux autres :

–Euh… On ne devrait pas les séparer ?

C'est Aziz qui lui répond :

–Laisse-les se défouler, dans le pire des cas, on fait un petit point de pression.

Je me remémore d'un coup la conversation que j'ai eue avec Émile et Estelle :

–D'ailleurs, tant que j'y pense, vous avez entendu parler des différentes disparitions ?

David me demande :

–Ça dépend, tu parles de quelle disparition ? Des nôtres ?

–Ç'aurait été nous, je n'aurais pas posé la question !

Shusendo me dit moqueur :

–On se pose des questions avec toi, tu sais.

Aziz répond à ma question :

–On en a entendu parler, tout ce qu'on sait nous, c'est que tous les disparus étaient des augmentés.

Je change de sujet :

–Ah oui, si j'invite des amis à l'immeuble, ça gêne ou pas ?

Cynthia me répond :

–Tant qu'ils ne fouinent pas partout, c'est pas dérangeant.

–Comment fais-tu pour changer de conversation aussi vite ? Me demande Shusendo.

–Chais pas, bon, on mange quoi ?

David me répond :

–Ça me dirait bien des pâtes.

–Encore ? On en a mangé, il n'y a pas si longtemps, lui dit Aziz.

Il lui répond sarcastique :

–Mais enfin, que serait une vie étudiante sans pâtes.

–Une vie saine.

–Certes. Bon, il est temps d'arrêter leurs manèges, ils commencent à attirer l'attention.

Des yeux indiscrets regarde la bagarre, aucun ne prend le dessus sur l'autre, Cynthia dit à Aziz :

–Je prends Max, tu prends Taïba.

Ils se dirigent vers la bagarre et se mettent chacun derrière les bagarreurs, puis ils touchent le cou de Max et Taïba qui s'effondre de suite par terre, j'entends Max pester :

–Je te déteste Taïba, y a que toi qui arrives à m'énerver comme ça.

–L'occasion était trop belle. Par contre, vous avez gâché mon plaisir.

–Vous avez attiré l'attention, leur dit Cynthia.

Aziz les porte sur ses épaules en disant :

–On part devant.

Max continue de pester :

–J'te jure que si je pouvais bouger les bras, tu t'en prendrais une.

–J'attends ça avec impatience, lui répond Taïba moqueuse.

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