Texte I Les automates de la rédemption

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Article 311-9 du code pénal -

Le vol en bande organisée est puni de quinze ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d'amende.

Il est puni de vingt ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d'amende lorsqu'il est précédé, accompagné ou suivi de violences sur autrui.

Il est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d'amende lorsqu'il est commis soit avec usage ou menace d'une arme, soit par une personne porteuse d'une arme soumise à autorisation ou dont le port est prohibé.

Les deux premiers alinéas de l'article 132-23 relatif à la période de sûreté sont applicables aux infractions prévues par le présent article.

...

 Je marche dans ces coursives que je connais par cœur. Les yeux fermés. Je pourrais, aisément traverser le bâtiment et, à l'aveuglette danser d'une grille palière à l'autre. La détention. Son odeur si particulière de sueur et de drogue, de cigarette froide et d'effluves de pain chaud : la boulangerie a commencé son œuvre au rez de chaussée. Je passe une main derrière mon cou. Je masse ma chair raidie. Nerveusement. Un filet d'eau coule sur le sol. Grand nettoyage de printemps pour la 206.

 Une grille me barre la vue. Le surveillant m'attend devant l'ascenseur. Ses bras sont croisés. Il n'est pas seul. Elle n'est pas très haute même perchée sur ses talons. Sa robe jaune dénote en ces murs gris et monotones. Comme un soleil qui se serait égaré en enfer. Elle a ce sourire tranquille. Toujours le même. Les coursives ne sont pas vides. Quelques détenus s'attardent devant les barreaux alors que je m'en approche. L'un d'eux porte un tee-shirt à l'effigie de Donkey Kong. L'agent m'ouvre. Elle leur répond que ce n'est pas le moment. Pas leur moment. J'imagine que c'est le mien. Elle récupère tout de même quelques lettres qu'elle promet de lire un autre jour. J'enfonce mes poings dans les poches de mon survêtement. Je voudrais que l'étreinte sur mon estomac relâche ses griffes :

 « Bonjour Madame la directrice. Surveillant.

 - Bonjour Monsieur Serdeauv. Comment vous sentez-vous ? C'est le grand jour.

 La grille se referme sur le reste de la coursive. Je hausse les épaules. Un peu maladroitement. Sa voix est trop fleurie pour ne pas dissimuler quelques ronces dangereuses. Les fleurs ne survivent pas ici. Les dernières du potager sont mortes et le mec de la 502 a dissimulé des projections dans la terre qui les avait vues naître.

 - J'ai peur de tout faire foirer.

 - Vous savez que cela ne dépend pas de vous.

 - Ca n'a toujours dépendu que de moi.

 Elle sourit toujours. Elle a un grain de beauté sombre au dessus des lèvres. Elle porte la même odeur que la prison. C'est un parfum familier pour la maîtresse des lieux.

 - Ca va bien se passer. Vous avez tout à y gagner. »

 Ils m'installent sur la machine : un enchevêtrement de fils reliés à un écran qui mouline dans le vide. R.éinsertion V.2, le prototype le plus récent qui rendrait envieuse Madame Soleil elle même. Une projection nette et précise sur ma capacité à me réinsérer dans la société libre. J'ai peur que l'ordinateur s'illumine et affiche en lettres majuscules : Anthony Serdeauv, rat de prison. Ca fait bientôt 10 ans tout de même.

 Les deux hommes en blanc nouent les lanières de la chaise à mes bras dénudés. Je fixe une vitre sans tain en imaginant que la directrice et le reste du cortège commentent mes premières réactions. Les sangles ne tirent pas sur ma peau. Madame la directrice avait indiqué que le réveil pouvait être douloureux. Que les résultats seraient immédiats. Je remonte mon dos sur le siège. Mon sac de linge attend dans le coin de la salle que le verdict tombe. Une aiguille s'enfonce dans mon avant bras. Ca picote. Les yeux gris du laborantin cherchent les miens. A bien y regarder, une pointe dorée se cache à l'ombre de ses pupilles. J'imagine que je m'endors. Ca ne dure qu'un bref instant. Je ne crois pas avoir rêvé. Ce n'était pas douloureux.

 Un air frais embrasse mon visage. La porte d'entrée principale s'est refermée derrière moi sans un son. Deux agents en civil s'apprêtent à prendre leur service et l'un d'eux me souhaite bon courage. Mon sac de linge à mes pieds : mes vêtements pliés minutieusement sous la plaque électrique cantinée des mois plus tôt. R.éinsertion V.2 était d'accord pour me laisser quitter le navire. Madame la directrice avait parlé en taux et en pourcentages mais je n'avais rien entendu. Mon cœur battait trop fort la chamade. Je tremblais un peu.

 L'espace autour de moi me donne le tournis. Je suis désorienté. Je tends ma main, un instant, vers le mur de la prison mais retiens mes doigts de se poser sur la façade ébréchée : cette prison ne me portera plus jamais.

 Il me reste 250 euros en poche : mon pécule libérable. J'ai grillé tout le reste en tabac.La cheffe du greffe m'avait demandé si j'avais de quoi contacter quelqu'un. Je n'avais personne à prévenir. Le surveillant du vestiaire m'a tendu mes papiers d'identité. Madame la conseillère d'insertion et de probation m'en avait déjà fait une photocopie pour que je la présente en même temps que mon C.V. Elle avait griffonné l'adresse du centre d'hébergement le plus proche d'ici sur un post-it rose. Sans lever les yeux de mon dossier comme si elle craignait d'oublier un détail.

 J'ai besoin de m'asseoir dans un café. Sur une terrasse, au soleil, comme s'exécutent les repris de justice dans les films américains lorsqu'ils quittent la prison. Un mimétisme idiot vaut mieux que prendre le risque de découvrir trop tôt que R.éinsertion V.2 s'est trompé sur mon compte. Je marche quelques mètres et attends un bus. Le centre de détention est loin de la ville.

 J'ai commandé un diabolo grenadine. Je le sirote avec plaisir. Le soleil est couvert. La place du village n'est traversée que par quelques badauds. Ils ne font pas attention à mon sac de linge et au tatouage sombre qui dépasse de ma manche. Je passe la paille entre mes dents. J'ai les dents du bonheur, l'espace est suffisant. Je peux prendre une chambre à l'étage du café ou rejoindre le centre d'hébergement à une dizaine de kilomètres d'ici. Pour 30 euros la nuit. Je ne tiendrais pas longtemps à ce rythme. Je me masse le cou. J'ai toujours cette raideur dans le dos. Ma nuque est douloureuse.

 « Monsieur ? Pourriez-vous me donner un coup de main sil vous plaît ?

 C'est un vieux monsieur barbu. Tout en os. Des cheveux en broussaille. Avec de petites lunettes rondes sur deux yeux gris aux reflets jaunes. Il porte un pull en grosse laine blanche sur un treillis poussiéreux. Il sent la sciure et le tabac froid.

 - Je dois transporter ces cartons au dernier étage de l'immeuble en face mais l'ascenseur est bloqué. Je n'y arriverais jamais tout seul.

 Il a l'air sérieusement embêté. Il me désigne sa camionnette garée quelques mètres plus loin. Des gros cartons tout en longueur attendent déjà sur le bitume.

 - Je vous dédommagerai la course.

 Je me lève.

 - C'est d'accord. Il y a quoi dans ces cartons ?

 Son visage ridé s'étire dans un sourire lumineux :

 - A ça Monsieur, ce sont mes trésors. »

 Des automates. Les trésors de Monsieur Devis sont ses précieux automates. J'ai manqué de lâcher les deux cartons que je transportais lorsqu'il a ouvert l'appartement 206. La pièce était encombrée d'automates au repos. Ils avaient taille humaine et dans la semi-pénombre ils se confondaient avec une armée d'ombres en sommeil. Monsieur Devis a allumé la lumière. Les visages des automates sont apparus. De l'humanoïde au grand gorille de cirque. De la danseuse de flamenco au chérubin rieur. Cette assemblée somnolente, un peu poussiéreuse, fixait le sol avec application.

 « Le musée est au rez de chaussée, explique t-il.

 - Un musée des automates ?

 - Oui, bien sûr. Ceux là sont bons pour la réparation, ajoute t-il en désignant les poupées silencieuses qui nous entourent.

 - Ils sont cassés ?

 - Un peu abîmés pour la plupart...rien d'irréparable. Clara m'aide de temps à autre, mais elle est prise par ses études.

 Je pose les premiers cartons dans un rare coin libre de la pièce. L'atmosphère des lieux est étrange. Hors du commun. Ces pantins là semblent vivants mais ils ne sont pas hostiles. Le parfum de bois et de métal qui inonde mes narines est agréable. J'ai un goût boisé dans la bouche.

 - Je pense que je peux le faire. Réparer vos automates.

 Avant la prison j'avais débuté une formation de garagiste. J'étais à peine majeur à l'époque. C'est en réparant les belles bagnoles que j'ai repéré mes premières victimes. Celles avec des gosses car elles étaient plus enclines à obtempérer pour protéger leurs progénitures adorées. A la prison, je travaillais à la maintenance. Réparer les machines à laver et les télévisions m'était devenu familier. En échange de quoi je pouvais cantiner mes cigarettes et du coca-cola. La prison n'arrête pas la course du capitalisme.

 - Tu sais, je ne peux pas te payer beaucoup, il se gratte la tête. C'est sûr que ça me serait utile vu la quantité de nos patients.

 - Je sors de taule. Je préfère que vous le sachiez.

 Je lâche ça abruptement. Je veux qu'il le sache. Qu'il prenne sa décision en connaissance de cause. Il ne peut pas lire ma fiche pénale mais c'est mieux que rien. Monsieur Devis lève un sourcil surpris. Il reste une seconde silencieux avant de m'offrir un sourire confiant :

 - Alors vous n'étiez pas irréparable vous non plus.

 Une envolée de copeaux frappent contre mes lunettes de protection. Le nez du pantin s'arrondit. Un mois que je travaille dans l'appartement 206. Je répare les mécanismes rouillés et depuis peu, Monsieur Devis m'apprend à sculpter le bois de leurs sarcophages. J'aime passer le vernis sur la peinture écarlate qui les habillent. La lumière du jour filtre doucement dans la pièce où j'officie. Un peu comme dans mon ancienne cellule. Je trouve ça rassurant. Je loue une chambre de bonne à l'étage en dessous de ce curieux atelier. Je me balade dans les ruelles du village, clope au bec. Je suis monté en ville la semaine dernière. J'étais perdu dans les allées piétonnes bondées. J'ai déposé des C.V dans plusieurs garages.

 Je passe mon doigt sur le nouveau nez de l'automate. Aussi lisse que le crâne chauve d'un bambin. Je pose ce bonhomme de bois à côté de son jumeau qui attend son passage sous le bistouri.

 La porte d'entrée s'ouvre. Elle apparaît sur le seuil. Dans un ciré jaune. Les mêmes cheveux en broussaille que son père. Elle porte un rouge à lèvre abricot. Les automates perdent leur semblant d'humanité face à sa réalité. Vivante. Belle bien sûr. L'étreinte qui m'avait quitté des semaines plus tôt resserre son emprise.

 « Clara, c'est ça ?

 Elle me regarde surprise puis éclate de rire. Elle passe une toute petite main délicate dans sa chevelure dense :

 - Anthony Serdeauv, c'est bien vous ? Papa m'a parlé de vous.

 - En bien j'espère ?

 - Il m'a dit que vous réparez admirablement bien ses petits protégés. Que vous avez un bon coup de pinceau. Et... que vous sortiez de prison.

 - Je ne me serais pas présenté autrement.

 - Bien sûr que si.

 - Vous pensez ?

 Cette manière de parler. Ce ton enjoué, un peu effronté. Elle me fait penser à une autre femme.

 - Anthony Serdeauv, il va falloir faire un effort, dit-elle sans se départir de son sourire.

 Je le lui rends.

 - Anthony Serdeauv, 31 ans. Presque toutes mes dents. J'aime le football et Stephen King. Je répare les lave-vaisselles, les téléviseurs, les téléphones portables et maintenant les automates de votre père.

 - C'est mieux. »

 Trois mois sont passés depuis ma libération anticipée grâce au diagnostic de R.éinsertion V2. Je marche main dans la main avec Clara. Au cœur d'un jardin fleuri. Elle m'avait dit qu'elle ne supportait plus de me voir uniquement dans le secret de l'atelier. Elle confessait détester rester enfermée entre quatre murs. Que les portes closes l'oppressent. Je l'aime. Je veux le lui dire. Je veux que Monsieur Devis accepte que sa fille fréquente un ancien voyou. Sa main délicieuse rentre parfaitement dans la mienne. Je plane mieux qu'avec de l'héroïne. Carla ma dose de subutex quotidienne. Je suis heureux.

 Six mois. Je l'aime. Elle m'aime. Je ne lui ai pas dit ; Monsieur Devis l'a deviné tout seul. Je sculpte mon dernier pantin avant de regagner la ville. Un garage m'a embauché. Ce soir je mange en compagnie de Monsieur Devis et Clara. Je l'aime. Je suis amoureux. Dix ans d'errance sans éprouver ce sentiment. J'avais oublié. Mon ex-petite amie avait posé une dernière fois ses lèvres contre le plexiglas de l'hygiaphone avant de héler le surveillant pour qu'il la libère. L'empreinte de son rouge à lèvre rose se remarquait à peine. Les baisers de Clara n'avaient aucune barrière.

 Home jacking. C'était le terme que le policier avait employé, puis mon avocat et des dizaines d'autres personnes ensuite. Toujours dans un souffle grave pour faire peser le mot longtemps dans la salle d'audience. Je n'ai jamais nié. Jamais protesté. Lorsque le juge a rendu la sentence je n'ai pas fait appel. J'étais déjà en détention provisoire, je n'ai pas eu à déballer mes affaires. J'ai voulu téléphoner avec l'Iphone caché dans la porte du frigidaire. Il ne restait personne à l'autre bout du fil. Ma mère était morte d'un cancer quelques années plus tôt et mon père n'avait jamais existé. Karim était en prison et le corps de Stéphane finissait de se faire bouffer par les vers.

 Ces deux premières années de prison me reviennent comme dans un songe brumeux. Ma prise d'empreintes. Le sourire hébété sur la photo de ma carte de circulation. Mon numéro de matricule en 5 chiffres qui deviendront une rengaine. Le parcours arrivant et la première fouille dans un silence religieux. Il m'a fallu deux années avant de lâcher prise, de pleurer toutes les larmes de mon corps. Pour frapper ma tête de rage contre le mur poisseux de ma cellule. Deux années de plus et deux dents de moins pour arrêter de faire le con en détention. Arrêter d'en vouloir à la terre entière pour mes erreurs et me battre de colère. Le temps file en prison. Ceux qui disent que le temps y est long mentent ou n'y sont pas restés assez longtemps. Ce temps là emporte dans sa course effrénée la jeunesse et les restes de l'enfance. Le vieux de la 210 s'est vu vieillir dans le reflet des parloirs. Il a peur de quitter la prison. Il veut y mourir. Ces murs graisseux, le son des clefs qui battent, les uniformes bleus, même l'heure de la gamelle sont devenus des choses familières. Sur-adaptés en prison ; totalement inadaptés au-delà des murs : un vrai pilier de prison.

 Je n'ai accepté de parler de Stéphane, Karim, du Home Jacking qu'au début de ma cinquième année. La mi-peine dépassée. Le Home Jacking c'est ce procédé bien dégueulasse selon le gradé du bâtiment central qui consiste à pénétrer chez un type et le menacer jusqu'à ce qu'il cède la monnaie. Les trois premières familles avaient facilement obtempéré. On avait fait la tournée des bars pour fêter ça. Je m'étais payé une belle montre dorée avec les économies de Monsieur tout le monde. Et puis la dernière nuit tout a dérapé. Stéphane a collé son entrejambe sur le derrière rebondi de la bonne femme et son mari a pété un câble. Il s'est arraché de l'étreinte de Karim et s'est jeté sur Stéphane, poings en avant. Je n'ai pas vu le coup. Mais il avait suffit d'un seul pour que la tête de Stéphane explose sur la marche de l'escalier.

 On a paniqué. On s'est barré et dans la soirée je dormais pour la première fois en garde à vue. On n'aurait jamais dû passer le mari à tabac avant de se barrer. C'est ce qu'a dit l'avocat commis d'office : c'est ce qui a énormément alourdi la peine. C'est aussi ce qu'a précisé le juge et mon ex-petite amie avant de coller sa bouche à l'hygiaphone.

 A cause de moi, Stéphane est mort et un père de famille pense que c'est lui l'assassin.

 Carla me regarde interdite. Je viens de lui raconter l'histoire. Pour la première fois de ma vie je n'arrive pas à retenir mes larmes. La culpabilité était née et s'était épanouie dans ma cellule. La honte aussi. Mais à présent il y avait autre chose ; un sentiment fragile d'espoir et une terreur sourde qui comprime mes poumons. Je me retiens de respirer. Je veux qu'elle m'aime malgré tout.

 Elle caresse doucement mon épaule. Ses doigts saisissent délicatement mon visage :

 « Tu as changé. Tu n'es plus cet homme là. Je t'aime Anthony Serdeauv. Anthony Serdeauv 32 ans même s'il a perdu une ou deux de ses dents en prison. »

 Je tremble. Sa voix fleurie m'enveloppe et me protège. Le vieux de la 210 devrait essayer cette vie là.

  Un an. Je pose mon genou au sol. Je tiens une bague du bout des doigts. Elle me répond oui dans un rire espiègle.

 Son ventre s'arrondit.

 Je saisis cette petite main qui vient de naître. Je suis un peu fébrile. Le visage fatigué de Clara me rassure d'un regard. Je porte encore le tablier du travail, maculé de cambouis. Je fais attention à ne pas salir la peau toute douce et blanche de notre fille.

 Mélina joue dans un jardin d'enfant sous la surveillance de Monsieur Devis. Elle chevauche le cheval à bascule. Je passe mes mains autour de la taille de Carla. Je l'embrasse. Je glisse l'une de ses mèches désorganisées derrière son oreille. Elle me chuchote un mot tendre. Les mêmes yeux que son père me regardent avec douceur. Elle a un grain de beauté sombre au dessus de la lèvre que je n'avais jamais remarqué.

 Le monde s'assombrit.

...

 Je cligne des yeux. Une migraine terrible me scie le crâne. La pièce autour de moi apparaît peu à peu. Des murs blancs et réguliers me font face. Où est Clara ? Je tangue un peu mais des attaches me retiennent durement au siège où je suis assis. Une alarme dans les tréfonds de mon être hurle. Mélina ? Clara ? Monsieur Devis ? Une vitre sans tain me renvoie mon image, cloué à une machine silencieuse.

 Madame la directrice, dans sa robe jaune, avec son grain de beauté m'adresse un large sourire en s'avançant vers moi :

 « Bravo Monsieur Serdeauv ! Je vous félicite ! R.éinsertion V2 estime vos chances de vous réinsérer au maximum ! Vous pouvez prendre vos affaires on va vous escorter vers la sortie ! »

 Quelqu'un détache les sangles. Je suffoque. L'atelier des automates. Clara. Des larmes roulent de mes yeux exorbités alors que la réalité s'enracine. Les laborantins s’affairent autour de moi. L'air me manque et l'image de Clara me revient de plein fouet. Plus réelle qu'elle ne l'avait jamais été. J'avance en clopinant vers mon sac de linge. Un sanglot m'échappe. Madame la directrice avait dit que cela pouvait être douloureux. Elle n'en avait aucune idée. Elle m'avait assuré que j'avais tout à y gagner. Mes mains se ferment impuissantes dans le vide.

J'ai encore ce parfum de bois et de métal dans les narines.

FIN

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