Chapitre 7 : Les deux apprentis

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Quelques part en Angleterre - Années 1512

-Ouvre les yeux, Hécate.

Cet ordre vient d'un autre monde et semble irréel alors que je me débats une nouvelle fois avec l'ombre puissante au regard saphir. Je me sais prisonnière d'une vision pourtant, je n'arrive toujours pas à en sortir. Je sens une de ses mains sur ma gorge et l'autre au creux de mes reins. Depuis un moment, mes visions de l'homme au regard reptilien ont pris un cours complètement différent et viennent se glisser jusque dans mon sommeil sans pour autant me laisser voir son visage. J'ai conscience qu'une autre réalité se dessine par-delà ma vision, mais bien trop loin pour que j'arrive à me raccrocher à elle. Et cette voix masculine qui m'appelle me rappelant une personne familière. Je sens ses dents sur ma peau et je pousse un cri de peur alors que je tente une nouvelle fois de le repousser. Portée par la panique, je tente de lui envoyer un coup au visage, mais rencontre un obstacle bien plus tangible que ma vision avant.

Je fronce les sourcils en sentant une violente réaction de mon aura. Comme attirée et repoussée en même temps, m'arrachant avec violence à ma vision. Je me redresse dans le lit en criant de nouveau. La sueur recouvre mon corps et j'ouvre de grands yeux alors que je découvre la réalité. Il est là tenant mes poignets avec force, ses prunelles azur me fixant avec perplexité. Je mets plusieurs minutes pour reconnaître le visage de mon apprenti et encore plusieurs autres pour me rappeler où nous nous trouvons. Nous sommes arrivés la veille au manoir St Colin dans un petit village de l'Auvergne mes deux apprentis et moi. Nous avons eu vent d'une femme capable de soigner par simple touché. Si c'est vraiment le cas, il me faut la rencontrer et lui parler du cercle. Lentement, je retrouve une respiration normale et je prends soudainement conscience de la situation.

-Hank...

Le visage du jeune homme penché au-dessus de moi, torse nu et un pantalon enfilé à la va-vite. Je ferme rapidement les yeux essayant de me relever complètement, mais je suis arrêtée par ses doigts crispé sur mes poignets. C'est la première fois qu'il a affaire à l'une de mes visions, je ne l'ai même pas mis au courant, mais j'ai un besoin urgent de mettre de l'espace entre nous avant toute chose. Alors je tire avec force pour me libérer sans croiser son regard. Agacée, je finis par soupirer et relever un regard inexpressif alors que je pris la parole froidement.

-Pourquoi me tenez-vous les mains ?

Il semble encore plus surpris que moi et baisse son regard. La porte de ma chambre s'ouvre une nouvelle fois laissant apparaître un Alan les cheveux en bataille et des cernes sous les yeux. Il fronce les sourcils alors que ses yeux passent lentement de Hank à moi pour se fixer sur nos poignets. Il passe une main nerveuse sur sa nuque avant de me poser une question muette en me fixant. Lentement, je hoche la tête avant de reprendre la parole.

-J'ai fait un cauchemar, mais maintenant, je suis totalement réveillée, vous pouvez retourner vous coucher. Veuillez m'excuser de vous avoir dérangés.

Cette fois-ci, c'est au tour de Hank de nous regarder tour à tour. Il n'est pas convaincu par mon explication. D'ailleurs pourquoi n'avais-je pas mis mon deuxième apprenti au courant de mes visions ? C'est la première fois que je me rends compte qu'il existe une différence entre les deux. Enfin, il me relâche et se relève sans qu'il n'ait dit aucun mot et sort sans se retourner. L'ai-je vexé ? Ai-je fait une erreur ? Pourquoi ne lui avoir jamais parlé de mes visions ? À vrai dire, je ne sais pas vraiment. Peut-être que la réponse est simplement parce qu'il n'a pas passé autant de temps auprès de moi qu'Alan, peut-être parce que j'avais confiance en lui comme j'avais eu confiance en son père et son grand-père avant lui. Pourtant, il va me falloir corriger cette erreur si je ne veux pas le perdre. Alan n'a pas bougé d'un pouce et m'observe avant de parler enfin.

-C'est encore une vision n'est-ce pas ?

Je hoche la tête pour simple réponse. Il n'y a rien de plus à dire de toute manière, c'est toujours la même chose : la destruction de l'Olympe, celle du monde, la petite humaine et l'homme sans visage. Alan est habitué et referme la porte me laissant enfin seule. Je me laisse retomber sur le lit encore déboussolée par ma confrontation avec la vision. Mes yeux scrutant un instant le plafond de ma chambre. Je mets un moment à rassembler mes idées, à me décider aussi. Puis rapidement je rejette les couvertures pour me lever et me téléporte directement dans la chambre de Hank. Je suis contente de constater qu'il ne dort pas, bien qu'il me fixe sévèrement du fond de son lit. Je m'appuie alors contre la porte soutenant son regard puis enfin je me lance.

- C'est la première fois que j'ai.... Une vision en ta présence. Se sont elles qui me guident, car elles sont le futur et ce qui nous attends. Je n'en parle jamais, elles sont retranscrites dans mes carnets et mes apprentis les lisent apprenant ainsi la magie et le combat qui s'y prépare.

Je m'avance et vient déposer sur sa table de chevet un carnet de cuir noir. Il est épais et dessus est gravé les trois faces de la lune. Il n'a pas bougé d'un pouce, le regard qu'il me porte reste indéchiffrable pour moi. Est-ce un sourire qui étire difficilement le coin de sa lèvre ? Enfin il se lève et pose sa main sur la mienne. Mon cœur rate un battement et mon visage se ferme instinctivement avant de me téléporter de nouveau dans la chambre.

[...]

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